L’ex-chef de la police maintient que le Bédouin tué était un terroriste
Contrairement à Netanyahu, Roni Alsheich affirme que l’incident de 2017, pour lequel les forces de l’ordre ont été accusées de supprimer des preuves, était "une attaque terroriste"
Jeudi, l’ancien chef de la police Roni Alsheich a réitéré sa position : selon lui, le Bédouin abattu en 2017 était sur le point de commettre une attaque terroriste au moment de sa mort.
Ses affirmations interviennent quelques jours après qu’un reportage télévisé ait allégué que la police avait, dans le but de protéger l’image des forces de l’ordre, dissimulé le fait que Yaqoub Abou al-Qia’an n’était pas un terroriste.
Abou al-Qia’an a été abattu par la police en janvier 2017 après que sa voiture a percuté des policiers venus démolir des constructions illégales de son village, tuant l’officier Erez Levi.
La semaine dernière, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a présenté ses excuses à la famille d’Abou al-Qia’an, affirmant que bien que la police ait insisté sur le fait que c’était un terroriste, « il s’est avéré que ce n’était pas le cas ».
Alsheich a déclaré jeudi à la Treizième chaîne : « Cet incident ne peut en aucun cas être interprété comme un malentendu. Les policiers étaient à courte distance du véhicule en stationnement d’une personne qui refusait d’obéir à leurs instructions, puis qui est parti en voiture. »
« Je m’en tiens à ma position parce que c’était une attaque délibérée à la voiture bélier. Je ne connais personne qui commette une attaque délibérée qui ne soit pas une attaque terroriste. Je ne connais pas son milieu d’origine, ni s’il est un nationaliste [palestinien], mais c’est certainement une attaque terroriste », a-t-il ajouté.
L’incident s’est produit lorsque des agents sont arrivés pour superviser la démolition de maisons à Umm al-Hiran, un village bédouin non-reconnu que l’État détruisait pour permettre la construction d’une nouvelle ville juive.
Alors que les officiers convergeaient vers le village, Abou al-Qia’an, un enseignant de 47 ans et père de 12 enfants, a rassemblé des affaires et a quitté sa maison dans son SUV, affirmant qu’il ne pouvait pas supporter d’assister à sa démolition.
La police a tiré sur Abou al-Qia’an peu de temps après. Il a perdu le contrôle de son véhicule, qui a accéléré dans la descente et percuté un groupe d’officiers, tuant l’un d’entre eux. Il a ensuite été abattu par la police, qui a supposé qu’il avait percuté les policiers intentionnellement. Il est ensuite décédé de ses blessures.
Netanyahu s’est excusé publiquement la semaine dernière après que le gouvernement israélien ait affirmé qu’Abou al-Qia’an était un terroriste.
Ces excuses étaient le premier élément de reconnaissance d’un responsable du gouvernement que la qualification était erronée, malgré une multitude de preuves indiquant dès le début qu’Abou al-Qia’an n’était pas un terroriste et n’avait pas attaqué la police.
Cette déclaration est intervenue à la suite d’un reportage de la Douzième chaîne, qui a accusé la police et les procureurs de plusieurs cas de dissimulation, dont celui-ci, pour éviter de ternir l’image des forces de l’ordre pendant leurs enquêtes sur Netanyahu. Cela en a conduit plus d’un à s’interroger sur les motivations de Netanyahu pour présenter des excuses, d’autant plus qu’il a accusé la police et les procureurs d’avoir qualifié Abou al-Qia’an de terroriste dans le but de lui « nuire ».
Les proches d’Abou al-Qia’an ont déclaré que les excuses de Netanyahu étaient insuffisantes, qu’elles étaient arrivées trop tard, et ont exigé des poursuites judiciaires contre d’anciens hauts responsables du maintien de l’ordre, dont Alsheich.
« Il [Netanyahu] doit venir ici et demander pardon à la mère et aux enfants de Yaqoub », a déclaré son frère Ahmad Abou al-Qia’an au site d’information Walla.
« Alsheich s’est comporté de manière agressive. Sa décision [de qualifier Abou al-Qia’an de terroriste] a été rapide et hâtive », a ajouté Ahmad Abou al-Qia’an.
Alsheich, qui était le commissaire de police chargé d’enquêter sur Netanyahu dans ses affaires de corruption, a déclaré jeudi : « Netanyahu aurait dû s’excuser auprès de la famille du policier » plutôt que de celle d’Abou al-Qia’an.
Après que Netanyahu a présenté ses excuses, la police israélienne a pour la première fois exprimé ses regrets pour la mort d’Abou al-Qia’an, sans s’excuser ni retirer complètement l’affirmation qu’il était un terroriste.
« Nous participons au chagrin des familles pour leur perte », a déclaré un porte-parole de la police dans un bref communiqué, faisant référence à Abou al-Qia’an et Levi, qualifiant leur mort d’« incident regrettable ».
Shai Nitzan, le procureur de l’État à l’époque, a déclaré dans une série d’apparitions dans les médias cette semaine qu’il n’avait jamais qualifié Abou Al-Qia’an de terroriste et qu’il n’avait certainement pas soutenu l’affirmation de la police. Il a également déclaré que Netanyahu était « dans le mensonge » quand il a insinué que la police avait tenté de dissimuler leur erreur dans l’affaire Abou al-Qia’an dans le but de lui nuire.
Jeudi dernier, le ministre de l’Économie Amir Peretz a rendu visite aux proches d’Abou al-Qia’an pour s’excuser au nom du gouvernement de l’avoir qualifié de terroriste, et a promis de former une équipe qui décidera de l’indemnisation de la famille.