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Liberman exhorte Gantz et Lapid à quitter les négociations sur la réforme judiciaire

L'ancien ministre des Finances a déclaré que ces pourparlers, qui "offrent une légitimité à quelque chose d'illégitime" et aident Netanyahu dans son adoption du budget de l'État

Le chef du parti Yisrael Beytenu, le député Avigdor Liberman, lors d’un débat à la Knesset à Jérusalem, le 1er mai 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
Le chef du parti Yisrael Beytenu, le député Avigdor Liberman, lors d’un débat à la Knesset à Jérusalem, le 1er mai 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Le président du parti Ysrael Beytenu Avigdor Liberman a appelé lundi Yair Lapid et Benny Gantz, dont les formations respectives siègent aussi dans l’opposition, à quitter les négociations sur le projet de refonte du système judiciaire israélien dans les meilleurs délais. Il a affirmé que ces pourparlers en cours étaient des efforts de façade de la part du Premier ministre Benjamin Netanyahu – une façade qui permet par ailleurs au chef de gouvernement de faire avancer ses autres intérêts politiques.

L’ancien responsable du Trésor a dit à Ynet que les discussions offraient à Netanyahu le calme politique nécessaire pour faire adopter le budget national. Il a ajouté avec conviction que dès le début, « il a été clairement établi que ce ne sont pas des négociations, ce sont des pourparlers qui consistent à se renvoyer la balle et la participation de Gantz et de Lapid ne fait qu’accorder une légitimité à quelque chose de totalement illégitime ».

« Tous ceux qui ont pu voir les interviews accordées par Netanyahu à l’étranger ont pu remarquer combien il est important pour lui de souligner que nous sommes une démocratie. C’est une erreur de lui offrir une telle légitimation », a poursuivi Liberman. « Son objectif est de prendre le contrôle de la Cour suprême ».

Les négociations entre délégués de la coalition et de l’opposition, dans le but de trouver un large consensus dans le plan de réforme du système de la justice israélien avancé par le gouvernement, avaient commencé à la résidence du président dans le sillage de la mise en pause du projet de refonte, au mois de mars.

Les législations proposées – qui accorderaient à la coalition au pouvoir la capacité de nommer tous les juges du pays tout en limitant drastiquement la possibilité, pour la Haute-cour, de procéder au réexamen judiciaire des lois et des décisions gouvernementales – avaient été suspendues face à une vague de protestation publique, avec des manifestations massives, des grèves, des appels lancés par le président Isaac Herzog et dans un contexte d’opposition de personnalités du milieu des affaires et des réservistes de Tsahal, dont le rôle est crucial pour la sécurité du pays.

Dans ses propos tenus lundi, Liberman a aussi évoqué les récents sondages qui ont révélé que le public israélien soutenait ces pourparlers en disant que s’il comprenait ce positionnement, il revenait aux politiciens de diriger.

Jeudi, le bureau du président Isaac Herzog avait indiqué que la première série de négociations sur le plan de réforme du système judiciaire était terminée suite à une rencontre entre les représentants de la coalition, le parti Yesh Atid de Lapid et la formation HaMahane HaMamlahti de Gantz.

Des manifestants protestent contre le projet de refonte judiciaire du gouvernement à Tel Aviv, le 6 mai 2023. (Crédit : JACK GUEZ / AFP)

Samedi, 100 000 à 180 000 opposants au plan de refonte du système de la justice en Israël sont descendus dans les rues pour la 18e semaine d’affilée. Environ 7 000 se sont retrouvés aux abords de la résidence du président, à Jérusalem.

Prenant la parole à Rehovot, Lepid a indiqué que « nous remuerons ciel et terre pour voir s’il y a réellement une chance de conclure un accord historique qui nous accompagnera tout au long du prochain centenaire à venir, mais nous ne laisserons pas la coalition simplement tenter de gagner du temps uniquement pour sauver son gouvernement ».

« Ce gouvernement ne peut pas négocier à la résidence du président tout en diffamant en même temps la Haute-cour et tout en envoyant des voyous dans les rues », a ajouté le leader de l’opposition. « Ce gouvernement doit enlever tous les projets de loi concernés de la table de la Knesset et il doit le comprendre : Jamais la coalition ne choisira elle-même les juges. Jamais cela ne se produira tant que nous sommes là ».

Le député du parti Yesh Atid, Yair Lapid, prend la parole lors d’un débat à la Knesset, le 1er mai 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Gantz, dont le parti d’opposition a fait une impressionnante percée dans les sondages, a déclaré aux manifestants réunis à Netanya qu’il espérait qu’il y aurait des progrès enregistrés dans les négociations mais qu’il serait amener à « réévaluer » ces dernières s’il devait n’y en avoir aucun.

« Je ne souhaite pas me satisfaire du dialogue pour le dialogue – même si j’ai été le premier à l’appeler de mes vœux. Je veux constater qu’il y a des progrès permettant d’envisager une solution mais s’il n’y en a pas, alors nous réévaluerons le bien-fondé des discussions », a indiqué l’ancien ministre de la Défense.

Avant les manifestations, les organisateurs du mouvement de protestation ont appelé Gantz et Lapid à ne plus prendre part aux pourparlers, disant que les discussions avec la coalition résultent « d’une ruse de Netanyahu qui veut perdre du temps pour favoriser l’adoption de son budget ».

Ils ont ajouté que si une résolution du problème n’était pas trouvée dans les prochains jours, l’opposition devrait quitter les négociations.

Le député et chef du parti HaMahane HaMamlahti Benny Gantz fait une déclaration à la presse à Sderot, dans le sud d’Israël, le 3 mai 2023. (Crédit : Flash90)

Les manifestations, samedi soir, ont suivi des actes de désobéissance civile de la part des opposants aux réformes du système judiciaire israélien, jeudi. Ils ont notamment bloqué des artères de circulation majeures de tout le pays. Les activistes se sont aussi rassemblés autour des habitations des ministres du cabinet et devant les bureaux des institutions religieuses de l’État.

Même si le programme législatif du plan de refonte du système de la justice israélien est actuellement mis en pause, les organisateurs cherchent à conserver intacte la mobilisation des manifestants, craignant que la coalition ne relance l’avancée des projets de loi devant la Knesset à n’importe quel moment.

Ce plan de réforme envisagé a entraîné une opposition forte au sein de l’État juif. Des spécialistes du droit, de la sécurité et de l’économie ont affirmé que cette initiative porterait atteinte à la démocratie en supprimant le système d’équilibre entre les pouvoirs, nuisant à la sécurité et à l’économie du pays. Les partisans du projet déclarent, pour leur part, défendre la démocratie en s’efforçant de brider une Cour qui, selon eux, est outrageusement activiste.

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