L’Institut du monde arabe expose des vestiges de l’histoire plurimillénaire de Gaza
L'exposition présente des pièces exhumées depuis 1995 et des trésors sauvés de la collection du magnat de l'immobilier gazaoui, Jawdat Khoudary
- Détail d'une mosaïque byzantine provenant d'un site archéologique de Jabaliyah (bande de Gaza). L'artefact est exposé dans le cadre de l'exposition « Rescued Treasures of Gaza : 5000 Years of History » à l'Institut du Monde Arabe à Paris, du 3 avril au 2 novembre 2025. (Crédit : J.B. Humbert)
- TOPSHOT - Cette photographie montre des antiquités exposées lors de l'installation de l'exposition archéologique « Trésors sauvés de Gaza - 5000 ans d'histoire » à l'Institut du Monde Arabe, à Paris, le 31 mars 2025. L'exposition se tiendra du 3 avril au 2 novembre 2025. (Crédit JULIEN DE ROSA / AFP)
- Ensemble de lampes en céramique et fragments de lampes de gladiateur datant des 1er et 2e siècles de notre ère découverts dans le cimetière byzantin de Blakhiya, dans la bande de Gaza. Ces objets sont exposés dans le cadre de l'exposition « Trésors sauvés de Gaza : 5000 ans d'histoire » à l'Institut du Monde Arabe à Paris (3 avril - 2 novembre 2025). (Crédit : Ph. Maillard)
- Des objets sont exposés dans le premier musée national d'archéologie de Gaza, ouvert par Jawdat Khoudary, un homme d'affaires et collectionneur palestinien, le 28 juillet 2008. (Crédit : Mohammed Abed/AFP)
- Un homme regarde une carte exposée lors de l'installation de l'exposition archéologique « Trésors sauvés de Gaza - 5000 ans d'histoire » à l'Institut du Monde Arabe, à Paris, le 31 mars 2025. L'exposition se tiendra du 3 avril au 2 novembre 2025. (Crédit JULIEN DE ROSA / AFP)
- Jack Lang, directeur de l'Institut du monde arabe, à l'Institut du monde arabe à Paris, le 25 septembre 2017. (Crédit : Kamil Zihnioglu/AP)
- Cette photographie montre une affiche annonçant l'exposition sur le patrimoine archéologique « Trésors sauvés de Gaza - 5000 ans d'histoire » à l'Institut du Monde Arabe, à Paris, le 31 mars 2025. L'exposition se tiendra du 3 avril au 2 novembre 2025. (Crédit : JULIEN DE ROSA / AFP)
« Redonner à Gaza toute son histoire » : l’Institut du monde arabe (IMA) expose à Paris des pièces archéologiques témoignant du passé glorieux de la cité plurimillénaire de Gaza, ancien carrefour commercial entre Asie et Afrique.
Intitulée Trésors sauvés de Gaza : 5 000 ans d’histoire, l’exposition a été le fruit d’un partenariat avec le Musée d’art et d’histoire de Genève (MAH) et l’Autorité palestinienne.
Jusqu’au 2 novembre 2025, l’IMA présente ce qu’il décrit comme « une collection exceptionnelle de 130 chefs-d’œuvre archéologiques, chacun témoignant de l’histoire vibrante et millénaire de cette enclave palestinienne », selon un communiqué transmis au Times of Israel. L’IMA n’a pas donné suite aux demandes répétées d’entretien.
Un bol vieux de 4 000 ans, une mosaïque du VIe siècle ornant une église byzantine, une statue d’Aphrodite d’inspiration helléniste… A travers une centaine de pièces, l’exposition lève, à partir de vendredi, un coin de voile sur ce patrimoine méconnu.
Les pièces exposées proviennent notamment des fouilles archéologiques franco-palestiniennes entamées à Gaza en 1995, ainsi que de la collection privée du magnat de l’immobilier gazaoui Jawdat Khoudary. L’IMA a en effet puisé dans les 529 pièces stockées depuis 2006 dans des caisses au port franc de Genève et qui sont aujourd’hui propriété de l’Autorité palestinienne.
Ce patrimoine avait commencé à être redécouvert dans le sillage des accords d’Oslo de 1993. En 1995, naissait ainsi le service des antiquités de Gaza qui ouvrait ses premiers chantiers archéologiques avec le concours de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem (Ebaf).

Au fil des ans ont notamment été mis au jour les vestiges du monastère de Saint Hilarion, de l’antique port grec d’Anthédon ou d’une nécropole romaine ; un patrimoine qui porte la trace de différentes civilisations depuis l’âge du bronze jusqu’aux influences turques à la fin du XIXe siècle.
« Entre l’Egypte, les puissances de Mésopotamie et les Asmonéens, la ville de Gaza a connu un cycle régulier de convoitises et de destructions à travers son histoire », rappelle la commissaire de l’exposition Elodie Bouffard. Au IVe siècle avant notre ère, l’empereur Alexandre le Grand avait ainsi assiégé la ville pendant deux mois, perpétrant massacres et dévastation.
Les fouilles à Gaza connaissent un coup d’arrêt avec l’arrivée au pouvoir du groupe terroriste palestinien Hamas en 2007, ayant férocement chassé sa rivale de l’Autorité palestinienne et l’instauration de restrictions sécuritaires israéliennes. La pression foncière dans un des territoires les plus densément peuplés au monde va également compliquer tout travail archéologique.
Après un an et demi d’une guerre dévastatrice menée par Israël contre le Hamas et ses alliés après le pire massacre de Juifs depuis la Shoah, la reprise des fouilles est aujourd’hui très incertaines.
La guerre à Gaza a commencé le 7 octobre 2023, avec le pogrom perpétré par quelque 5 600 terroristes du Hamas qui ont déferlé sur Israël, pour y assassiner plus de 1 200 personnes et kidnapper 251 otages qu’ils ont ensuite emmenés dans la bande de Gaza. Selon le ministère de la Santé de Gaza, contrôlé par le Hamas, plus de 50 000 personnes auraient été tuées ou seraient portées disparues depuis le début des hostilités. Ce chiffre ne peut être vérifié de manière indépendante et ne distingue pas les civils des combattants.
Il faudra auparavant déminer les « 10 à 20 % » de bombes non explosées et évacuer les débris, note Elodie Bouffard, qui redoute qu’un patrimoine précieux ait à jamais disparu.
La guerre en cours dans la bande de Gaza fait par ailleurs l’objet d’une
« section spéciale » de l’exposition, qui s’intéresse également aux « défis urgents de la préservation du patrimoine en temps de guerre, alors que plus des deux tiers de l’environnement bâti de Gaza ont été détruits ces derniers mois », indique le communiqué.
« Cette section présentera une évaluation actualisée du patrimoine de Gaza, réalisée par divers groupes de recherche, ainsi qu’un aperçu des découvertes archéologiques récentes et des photographies inédites du début du 20ᵉ siècle, issues de la collection de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem », ajoute l’institut.
En mars 2025, l’UNESCO a indiqué que 94 sites culturels et archéologiques avaient été endommagés à Gaza, dont 12 sites religieux, 62 édifices historiques ou artistiques incluant le palais du Pacha érigé au XIIIe siècle, trois dépôts de biens culturels mobiliers, neuf monuments, un musée et sept sites archéologiques.
Parmi les pièces maîtresses figure une mosaïque byzantine provenant d’une église d’Abu Baraqeh, à Deir el-Balah, au centre de la bande de Gaza. L’exposition comprend également d’anciennes lampes à huile, des amphores, une stèle funéraire du 12ᵉ siècle et des éléments décoratifs architecturaux.

« Plus que jamais aujourd’hui, en particulier depuis le 7 octobre et les destructions ultérieures, Gaza mérite que l’on raconte son Histoire », a déclaré Jack Lang, président de l’Institut et ancien ministre français de la Culture, dans un communiqué publié sur le site de l’IMA.
« Parce que la guerre qui fait rage abîme, parfois efface des pans entiers de l’identité de cette terre jadis florissante et véritable carrefour des civilisations entre l’Asie, l’Arabie, l’Afrique et la Méditerranée. »
« La priorité, c’est bien évidemment l’humain, pas le patrimoine », explique Elodie Bouffard. « Mais on a voulu aussi montrer que Gaza a, pendant des millénaires, été l’aboutissement de la route des caravanes, un port qui frappait sa monnaie et qui s’était développé parce qu’il était à la rencontre de l’eau et du sable ».

La plupart des fouilles archéologiques à Gaza ont été menées dans les années 1990, à la suite des accords d’Oslo.
Jawdat Khoudary, collectionneur passionné, a joué un rôle actif dans ces travaux et s’est lié d’amitié avec des archéologues de l’École biblique de Jérusalem, acteur central de ces fouilles.
Il a réuni des centaines de pièces dans sa collection personnelle, qu’il a exposées dans un musée privé.
« Je voulais montrer nos racines, la preuve de notre présence sur cette
terre », a-t-il déclaré au Monde, depuis Le Caire, où lui et sa famille se sont réfugiés en décembre 2023.
Fin 2006, près de 260 objets de la collection Khoudary ont quitté Gaza pour être exposés au MAH de Genève. L’année suivante, le Hamas prenait le pouvoir à Gaza. Malgré plusieurs tentatives, en coordination avec l’Autorité palestinienne (AP), pour rapatrier les œuvres, les conditions n’ont jamais permis leur retour.
S’adressant au quotidien Le Monde, Khoudary a souligné que c’est grâce à cela qu’au moins une partie de sa collection a pu être sauvée — son musée à Gaza ayant été détruit pendant la guerre.
« C’est un miracle », a-t-il déclaré.
L’AFP a contribué à cet article.
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