L’Iran a augmenté son stock d’uranium enrichi à un niveau proche de celui des armes de guerre
Selon l'AEIA, la quantité détenue par l'Iran est plus de 32 fois supérieure à la limite fixée dans l'accord conclu en 2015 pour limiter son programme nucléaire
L’Iran a encore augmenté son stock d’uranium enrichi à un niveau proche de celui de l’armement, au mépris des exigences internationales, selon un rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) consulté mardi par l’AFP.
Au cours de la visite de son chef Rafael Grossi la semaine dernière, « l’agence a vérifié » sur les sites nucléaires de Natanz et Fordo « que l’Iran avait commencé à mettre en œuvre des préparatifs visant à stopper l’augmentation de son stock d’uranium enrichi à 60 % », écrit l’instance onusienne.
Ce seuil est proche des 90 % nécessaires pour élaborer une bombe atomique. Téhéran conteste avoir de telles ambitions sur le plan militaire et défend un droit au nucléaire à des fins civiles, notamment pour l’énergie.
Ce rapport est publié à la veille de l’ouverture à Vienne d’une réunion du Conseil des gouverneurs de l’instance onusienne, qui s’annonce tendue.
Les pays européens rejoints par Washington prévoient de soumettre une résolution condamnant le manque de coopération de Téhéran, selon des sources diplomatiques interrogées par l’AFP.
Si ce texte à portée symbolique est voté, l’Iran a d’ores et déjà averti qu’il prendrait des « contre-mesures immédiates » qui « ne plairont certainement pas » aux pays occidentaux.
« L’expérience nous a appris que l’engagement de l’Iran » sur l’arrêt de l’enrichissement d’uranium « ne tiendra probablement pas, car l’Iran réagit toujours » aux résolutions, a souligné un diplomate.
Grossi a par ailleurs salué la décision de l’Iran « d’envisager de désigner quatre inspecteurs expérimentés supplémentaires », après le retrait décrié de l’accréditation de plusieurs experts.
Dans son rapport trimestriel, l’AIEA a estimé qu’au 26 octobre, le stock global d’uranium enrichi de l’Iran s’élevait à 6 604,4 kilogrammes, ce qui représente une augmentation de 852,6 kilogrammes depuis le dernier rapport du mois d’août. Selon la définition de l’AIEA, environ 42 kilogrammes d’uranium enrichi à 60 % correspondent à la quantité à partir de laquelle il est théoriquement possible de créer une arme atomique – si le matériau est enrichi davantage, à 90 %.
En représailles au retrait des Etats-Unis d’un accord en 2018, la République islamique s’est nettement affranchie de ses engagements.
Au-delà des réserves accumulées, elle enrichit à des taux bien supérieurs au plafond fixé à 3,65 %.
Les réserves de matière enrichie à 60 % se situent désormais à 182,3 kg (contre 164,7 kilos trois mois auparavant). Soit suffisamment pour produire plus de trois bombes d’après la définition de l’instance onusienne.
Les stocks enrichis à 20 % ont aussi progressé, passant à 839,2 kg (contre 813,9 kg précédemment).
La quantité détenue par l’Iran est plus de 32 fois supérieure à la limite fixée dans l’accord conclu en 2015 entre l’Iran et les puissances mondiales pour limiter son programme nucléaire – connu sous le nom de JCPOA.