L’Iran exige des actions contre Israël après l’explosion à Natanz
Le porte-parole du gouvernement appelle à "limiter les actions dangereuses du régime sioniste" ; un officiel du Moyen-Orient qualifie l'explosion de "signal d'alarme" pour Téhéran
Mardi, l’Iran a appelé à une action contre Israël, à la suite de l’explosion récente dans l’installation nucléaire de Natanz qui a été imputée à l’État juif.
« Cette méthode utilisée par Israël est dangereuse et pourrait s’étendre à n’importe quel endroit du monde », a déclaré le porte-parole du gouvernement Ali Rabiei lors d’une conférence de presse, selon une traduction de ses propos par la Douzième chaîne d’information israélienne.
Et d’ajouter : « La communauté internationale doit réagir et fixer des limites à ces actions dangereuses du régime sioniste ».
Ses commentaires sont survenus alors que l’Iran semblait reconnaître publiquement, mardi, que l’incendie de la semaine dernière à Natanz, qui a sérieusement endommagé un bâtiment utilisé pour la production de centrifugeuses, n’était pas un accident. Des reportages de la télévision israélienne, sans citer de sources, ont indiqué que l’explosion avait détruit le laboratoire dans lequel l’Iran avait développé des centrifugeuses plus rapides et fait reculer le programme nucléaire iranien d’un ou deux ans.
Nour News, considéré comme un porte-parole du Conseil suprême de sécurité nationale iranien, a affirmé que l’explosion, qui s’est produite au milieu d’une série de mystérieuses catastrophes qui ont frappé des sites iraniens sensibles ces derniers jours, présentait des similitudes avec d’autres frappes menées contre l’infrastructure de sécurité du pays.
Tout en affirmant qu' »une frappe aérienne sur l’usine de Natanz est presque impossible » en raison de ses fortes défenses aériennes, un article sur le site soutient que « la combinaison du renseignement, de la logistique, de l’action et du volume de destruction » prouvent que l’incident était délibéré.
Le Washington Post et le New York Times ont cité de hauts responsables du Moyen-Orient au début de la semaine qui ont affirmé que l’explosion à Natanz avait été causée par une grosse bombe placée par des agents israéliens.
« Il y avait une opportunité, et quelqu’un en Israël a calculé le risque et l’a saisie », a commenté l’un d’eux au Post.
Celui-ci a également qualifié l’explosion de « coup de semonce » destiné à dissuader l’Iran de progresser dans son programme nucléaire, affirmant que ceux qui ont placé les explosifs avaient une connaissance approfondie du programme nucléaire du pays.
« Faire une telle chose demande une préparation sérieuse et du temps », a-t-il souligné.
L’Iran avait admis dimanche que Natanz avait subi des dommages « considérables » des suites de l’incendie, les images satellite semblant montrer une dévastation généralisée de l’installation sensible. L’Iran avait auparavant cherché à minimiser les dommages causés par l’incendie, qui, selon les analystes, avait probablement détruit un laboratoire en surface utilisé pour préparer des centrifugeuses avancées avant qu’elles ne soient installées sous terre.
Un membre des Gardiens de la Révolution a confirmé au Times dimanche qu’un explosif avait été utilisé, sans préciser qui en était à l’origine.
Selon un reportage de la télévision israélienne vendredi, Israël se préparait à d’éventuelles représailles de la part de l’Iran s’il déterminait que Jérusalem était derrière l’explosion.
Le bâtiment de Natanz a été construit en 2013 pour le développement de centrifugeuses avancées, bien que les travaux y aient été interrompus en 2015 dans le cadre de l’accord nucléaire avec les puissances mondiales, a indiqué le porte-parole de l’Agence atomique iranienne Behrouz Kamalvandi en début de semaine. Lorsque les États-Unis se sont retirés de l’accord, les travaux ont repris, a-t-il ajouté.
Il a affirmé que le feu avait endommagé « les instruments de précision et de mesure » et que le centre n’avait pas fonctionné à pleine capacité en raison des restrictions imposées par l’accord nucléaire. L’Iran a commencé à expérimenter des modèles de centrifugeuses avancées à la suite du retrait unilatéral de Washington de l’accord il y a deux ans.
Selon Nour News, le site abrite les « centrifugeuses modernes » des générations IR-4 et IR-6 de l’Iran.
L’Iran a longtemps nié avoir cherché à se doter d’armes nucléaires, bien que l’Agence internationale de l’énergie atomique ait précédemment rapporté que l’Iran avait effectué des travaux en vue de « soutenir une éventuelle dimension militaire de son programme nucléaire » qui se sont largement arrêtés fin 2003.
Les préoccupations occidentales concernant le programme atomique iranien ont conduit à des sanctions et finalement à la conclusion de l’accord nucléaire. Le retrait unilatéral des États-Unis, sous la direction du président Donald Trump, de l’accord en mai 2018 a conduit à une série d’attaques de plus en plus nombreuses entre les deux pays, et à l’abandon par Téhéran des limites de production prévues par l’accord.