Tsahal était concentré sur un drone provenant d’Irak quand celui du Yémen a explosé
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.

Le drone de fabrication iranienne lancé par les Houthis du Yémen sur Tel Aviv dans la nuit de jeudi à vendredi a parcouru plus de 2 600 kilomètres pour atteindre Israël, selon une enquête de l’armée de l’air israélienne.
Le Samad-3 modifié de fabrication iranienne a utilisé une trajectoire de vol non directe, ce qui peut avoir contribué à ce qu’il ne soit pas identifié comme une menace, et donc à ce qu’il ne soit pas intercepté. Le drone a frappé un immeuble résidentiel à Tel Aviv, tuant un Israélien.
Selon l’enquête de l’armée de l’air, le drone chargé d’explosifs a vraisemblablement volé à l’ouest du Yémen, au-dessus de la mer Rouge, atteignant l’Érythrée, avant de voler vers le nord, au-dessus du Soudan et de l’Égypte, et d’atteindre la mer Méditerranée. Le drone s’est ensuite approché de Tel Aviv par l’ouest.
Ce n’est qu’à ce moment-là que le drone est apparu sur les radars israéliens comme une cible non identifiée. Selon l’enquête, le drone a été suivi pendant six minutes consécutives alors qu’il s’approchait de Tel Aviv depuis la mer, avant d’entrer et de sortir du radar pendant plusieurs minutes.
Selon l’enquête, l’avion a volé pendant environ 16 heures, à une vitesse comprise entre 80 et 100 nœuds, soit 148-185 kilomètres à l’heure.
Tsahal savait que les Houthis disposaient de telles capacités, mais n’avait pas d’informations préalables sur l’attaque elle-même.
L’enquête a révélé que si la cible avait été classée comme un drone suspect au moment où elle a été identifiée, l’armée de l’air aurait eu suffisamment de temps pour l’attaquer à l’aide d’avions de chasse ou de systèmes de défense aérienne au sol ou en mer. Mais la cible n’a pas été considérée comme une menace, en raison d’une erreur humaine commise par les opérateurs de contrôle du trafic aérien, et elle a frappé Tel Aviv.
Les opérateurs humains qui analysent les radars de l’armée de l’air étaient alors en train de suivre un drone lancé par un autre groupe terroriste soutenu par l’Iran, à partir de l’Irak. Ce drone a été abattu par des avions de chasse. Tsahal a expliqué que les opérateurs de contrôle du trafic aérien voient aussi fréquemment des cibles entrer et sortir du radar, qui dans certains cas sont des oiseaux ou des distorsions causées par les nuages. En outre, l’armée de l’air s’est concentrée sur les cibles s’approchant d’Israël par le nord, l’est et le sud, et moins par l’ouest.
L’armée de l’air a doublé le nombre d’opérateurs chargés d’analyser les systèmes radar afin de ne pas manquer les cibles et de les classer correctement. Elle a également augmenté le nombre de patrouilles aériennes, en particulier en Méditerranée, afin de mieux détecter les menaces imminentes.