L’UNESCO annule une exposition sur les liens des Juifs à la terre d’Israël
Quelques jours avant le vernissage de l’exposition à Paris, l’UNESCO cède à la pression des pays arabes
Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël
A trois jours de la date d’inauguration, l’UNESCO annule l’exposition intitulée « Le peuple, le livre, la terre : une relation de 3 500 ans entre le peuple juif et la terre d’Israël ».
Prévue depuis 2011 – date à laquelle la Palestine est devenu un Etat membre de l’UNESCO – l’exposition avait été conçue par le centre Simon Wiesenthal et parrainée par l’Etat Israël, le Canada et le Monténégro. Elle devait se dérouler dans les locaux onusiens situés avenue Suffren, à Paris, du 21 au 30 janvier.
Irina Bokova, ancienne diplomate bulgare et actuelle présidente de l’UNESCO, a annulé l’événement suite à la protestation des pays arabes. Ces derniers estiment qu’une telle exposition pourrait entraver les négociations de paix entre Israéliens et Palestiniens.
En s’exprimant sur les ondes de Israel Radio, Nimrod Barkan, l’actuel ambassadeur israélien à l’UNESCO, estime que cette décision est tout simplement « mauvaise et stupide ».
Pour le rabbin Marvin Hier, doyen et fondateur du centre Simon Wiesenthal, cette décision est un « affront. Les Arabes n’ont pas envie que le monde sache que les Juifs ont une histoire de 3 500 ans avec la terre d’Israël », a-t-il déclaré dans une interview diffusée sur le site Algemeiner.
Dans une lettre adressée à Irina Bokova, le président du groupe arabe de l’UNESCO, Abdulla al Neaimi, écrit que « le thème de l’exposition est très politique même si son intitulé paraît banal. Ce thème est l’un des arguments clés du camp des opposants à la paix en Israël. »
Il poursuit plus loin : « Les conséquences engendrées par cette exposition ne peuvent que heurter le processus de paix et les efforts acharnés du secrétaire d’Etat américain John Kerry, ainsi que la neutralité et l’objectivité de l’UNESCO. Pour toutes ces raisons, et dans le but de préserver la mission de paix de l’UNESCO, le groupe arabe de l’UNESCO vous demande d’annuler cette exposition », a-t-il conclu, d’après le site Algemeiner.
Mais ce n’est pas la première fois qu’une décision de l’UNESCO contrarie les demandes de l’Etat d’Israël ou de celles de ses alliés. En 2012, l’organisme a créé une chaire d’Astronomie, Astrophysique et de Sciences de l’Espace à l’Université islamique de Gaza, connue pour ses liens étroits avec le Hamas. Par ailleurs, en octobre dernier, l’UNESCO a voté en faveur de six résolutions condamnant l’Etat hébreu lors de sa 192ème session à Paris.
Depuis que l’UNESCO a accepté la Palestine en tant qu’Etat-membre, les Etats-Unis et Israël ont cessé de payer des cotisations et ont par conséquent perdu leur droit de vote en novembre 2013.
La suspension des contributions américaines – à hauteur de 80 millions de dollars par an, soit 22 % du budget total de l’UNESCO – a failli précipiter l’organisme au bord du gouffre. Ces deux dernières années, l’UNESCO a dû suspendre ou supprimer plusieurs programmes financés par les Etats-Unis, tels que l’enseignement de la Shoah ou la recherche scientifique sur les tsunamis.
La mission principale de l’UNESCO – telle qu’elle avait été envisagée par les Etats-Unis, cofondateurs de l’organisme en 1946 – est de lutter contre l’extrémisme politique.
Désormais, l’UNESCO a élargi ses compétences et se charge aussi de dossiers de politique étrangère
Désormais, l’UNESCO a élargi ses compétences et se charge également de dossiers de politique étrangère,tels que l’accès à l’eau potable, l’éducation des petites filles dans les pays en développement, l’éradication de la pauvreté et la promotion de la liberté d’expression.
Marvin Hier a également rédigé une lettre adressée à Irina Bokova,(dont une copie a été rendue disponible pour le Times of Israel) : « Nous insistons pour que vous assumiez vos responsabilités ainsi que vos engagements envers les organisateurs de l’événement. Votre geste « politique » n’a pas sa place dans une institution dont le mandat doit se consacrer à des domaines qui visent l’éducation, la science et la culture — certainement pas du domaine relevant de la politique. »
« Soyons clairs », poursuit Marvin Hier, « la contestation du groupe arabe à l’UNESCO ne vise pas un élément particulier relatif à l’exposition en elle-même, mais concerne l’idée principale de cet événement culturel – à savoir que le peuple juif n’est pas uniquement venu en Terre Sainte après la Shoah, mais qu’il entretient des racines historiques et culturelles dans ce pays depuis 3 500 ans. »
« Si quelque chose devait entraver les espoirs de paix et de réconciliation entre les peuples du Moyen-Orient, ce serait par l’annulation même de cette exposition qu’il faudrait commencer. Le faire reviendrait à confirmer au monde entier que l’UNESCO est en réalité l’adresse officielle pour raconter l’histoire du Moyen-Orient », conclut-il.
« Les Etats-Unis sont extrêmement déçus de cette décision et s’engagent activement à ce que l’exposition se déroule comme prévu et ce dans les plus brefs délais, » affirme un responsable du département d’Etat américain.