Lutter contre les « sectes nuisibles » qui attirent 20 000 Israéliens. Oui, mais ce n’est pas si simple
Des prédateurs sexuels polygames aux 'talibans juives' les sectes attirent en grand nombre des adhérents potentiels. La nouvelle législation rompera-t-elle le charme ? Ou va-t-elle trop loin, menaçant la liberté religieuse ?
Il y a dix ans, lorsque L., une mère juive de quatre enfants du nord d’Israël, a commencé à étudier la conscience de Krishna chez elle avec un groupe deux fois par mois, elle a trouvé certains comportements de l’enseignant un peu « bizarres », mais les enseignements étaient passionnants.
Attirée par la philosophie, la femme autrefois orthodoxe – qui dit avoir quitté la religion organisée, mais jamais Dieu – n’a pas beaucoup réflechi lorsque les familles concernées ont commencé à déménager dans la localité où vivait l’enseignant.
En quatre ans, L., maintenant dans la quarantaine, et sa famille se sont installés dans la communauté Hare Krishna à Harish, une petite ville au sud de Haïfa, où, selon elle, l’enseignant contrôlait les décisions quotidiennes de la communauté forte de 40 âmes.
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Les membres – y compris son mari – se trouvaient convaincus que leurs parents avaient sexuellement abusé d’eux. La plupart d’entre eux ont coupé tôt les liens avec leurs familles, et le professeur insistait que leurs proches étaient de connivence avec le groupe anti-sectes israélien Yad Lachim.
Une femme a cessé de voir sa fillette de 6 ans sur les instructions du chef. Ceux qui semblaient jeter un doute sur les enseignements, ou les actions du chef – y compris L. elle-même – ont été rejetés par les membres de la communauté. Et pendant longtemps, se sentant quelque peu redevable, et prise dans le cadre social très uni, elle a eu trop peur, s’est sentie trop déchirée pour partir.
« Quel est le problème avec les sectes ? Qu’il n’est pas clair ce qui se passe là-bas. Au moment où vous réalisez à quel point c’est fou, vous êtes déjà à l’intérieur. Chaque fois il y avait des petites choses, un nouveau signe avant coureur, et encore un autre signe avant coureur, mais jusqu’à ce que les pièces du puzzle se mettent en place, il faut du temps, et alors vous êtes déjà profondément à l’intérieur », confie-t-elle au Times of Israel sous couvert d’anonymat. Elle précise qu’elle s’oppose au groupe de Harish mais pas au mouvement Hare Krishna dans son ensemble, qu’elle apprécie toujours.
Tout au long de son expérience, L. savait que quelque chose allait mal, et elle en avait parlé à son mari. Mais, dit-elle, « il y a toujours cette dissonance entre la connaissance spirituelle de haut niveau et la conduite au jour le jour. » Ensuite, il y a quatre ans, la famille s’est reprise et a quitté la communauté et Harish – et quatre autres familles en ont fait de même.
Après avoir quitté, elle n’a pas envisagé d’aller à la police.
« L’un des principaux problèmes avec les sectes nuisibles est que, parfois, il n’y a aucun élément criminel, ou il est difficile de prouver l’activité criminelle, et alors c’est comme s’il n’y a rien à faire », dit-elle.
‘Au moment où vous réalisez à quel point c’est fou, vous êtes déjà à l’intérieur’
Une nouvelle proposition de loi de la deputée de la Knesset Orly Levy-Abekasis du parti Yisrael Beytenu, qui a le soutien de la coalition a été récemment adoptée en première lecture au Parlement.
Pour la première fois dans l’histoire d’Israël, le texte inscrit dans la loi la définition d’une « secte nuisible », et permet aux tribunaux d’infliger aux gourous une peine de prison jusqu’à 10 ans et de saisir leurs biens.
Mais, dans sa formulation actuelle, qui sera toujours susceptible d’être révisée avant qu’il ne passe les trois votes nécessaires pour devenir une loi, il y a une mise en garde : il ne s’appliquerait qu’aux dirigeants de sectes qui ont commis d’autres crimes, aggravant ainsi leur peine.
Cette disposition garantit que les chefs religieux ne seront pas passibles de poursuites uniquement sur des allégations d’activités ressemblant à des sectes. Il n’aidera pas non plus les gens comme L., qui a eu besoin d’une thérapie après avoir quitté sa communauté.
Alors que la proposition de loi franchit ses premiers obstacles à la Knesset, certains chercheurs soutiennent que la définition des « sectes » est problématique en soi, et pourrait être appliquée à un large éventail de groupes.
Ils soutiennent que les accusations de « lavage de cerveau » et que les membres de la secte perdant leur libre arbitre sont scientifiquement invalides, que la loi est « vague » et pourrait compromettre la liberté religieuse. Si Israël adoptait la législation, il ferait les mêmes erreurs que d’autres pays ont faites dans les années 1980, a prévenu un expert.
Définir ce qu’est une « secte »
C’était probablement l’un des moments les plus dramatiques du procès qui a duré cinq ans d’un polygame notoire qui a géré un harem au sud de Tel-Aviv avec plus de 30 femmes et filles, et a eu plus de 60 enfants, y compris avec ses propres filles.
Le tribunal avait condamné le soi-disant gourou spirituel Goel Ratzon à 30 ans de prison en octobre 2014 pour une série de crimes sexuels, y compris le viol et la sodomie, mais l’a trouvé non coupable d’esclavage. Et debout à l’extérieur de la salle d’audience, l’une des anciennes « épouses » de Ratzon, identifiée comme Maayan, sanglotait de façon incontrôlable.
« Il semble que dans l’Etat d’Israël, les proxénètes, les gens qui vendent le corps et l’âme des autres personnes, peuvent continuer à le faire », a-t-elle à un groupe de journalistes. « Ils ont le droit – parce qu’il n’y a pas de loi et qu’il n’y a pas de justice. »
Comme les propos de l’ex-victime l’ont souligné, Israël – qui a une legislation sur le trafic et l’abus des personnes, et peut engager des poursuites pour lésions corporelles – n’a pas de législation explicite qui reconnaîsse ou criminalise les sectes, ou les atteintes à l’ « âme » qui viennent à la suite de l’appartenance à l’une d’elles.
Ratzon était peut-être le cas le plus célèbre de ces dernières années, une période qui a également vu la montée de la secte en cavale Lev Tahor, fondée au Canada et actuellement au Guatemala, et les accusations contre le séminaire du rabbin Aharon Ramati à Jérusalem selon lesquelles il s’agirait d’une secte. (Ramati a été brièvement arrêté puis plus tard assigné à residence. Le tribunal lui a interdit de diriger une école pendant 70 jours.)
L’absence de législation en Israël sur cette question a créé « une pépinière de sectes nuisibles », a déclaré Levy-Abekasis mercredi à la Knesset, montrant plusieurs tentatives infructueuses du gouvernement pour sévir contre le phénomène au cours des 30 dernières années.
Mis à part les peines de prison et le gel des avoirs, la proposition de loi demande également au ministère des Affaires sociales de construire une base de données en ligne des sectes israéliennes, comprenant les noms de leurs dirigeants (les dirigeants présumés des sectes seront contactés à l’avance pour avoir une chance de se défendre, stipule-t-elle), et toutes les victimes de sectes disposeront d’un tuteur légal nommé pour les représenter.
La proposition de loi définit une secte comme un groupe « rassemblant autour d’une personne ou d’une idée, d’une manière qu’il y ait exploitation, dépendance, autorité ou détresse émotionnelle ressentie par un ou plusieurs membres, utilise les méthodes de contrôle des processus mentaux ou des modèles de comportement, et fonctionne de manière organisée, systématique et soutenue, tout en commettant des crimes en vertu de la loi israélienne qui sont des crimes ou délits sexuels ou de violence grave ».
Selon Rachel Lichtenstein, la directrice du Centre israélien pour les victimes des sectes, il y a environ 100 sectes actives en Israël, avec de 15 000 à 20 000 adultes et 3 000 enfants dans leurs rangs.
Lichtenstein dit ce qui fait d’un groupe une secte n’est jamais l’idéologie, mais plutôt les techniques de contrôle exercées par son chef. Les critères qu’elle énumère comprennent le fait d’avoir un chef au centre, l’exploitation affective, psychologique, et parfois économique, les sanctions sociales et de l’humiliation, l’isolement des membres de leur famille, la surveillance, etc.
Son centre rassemble les témoignages et, une fois qu’il reçoit un certain nombre de comptes-rendus fiables (elle souligne que l’organisation ne se base jamais sur un seul compte-rendu), il classera certains groupes comme des sectes. (L’organisation identifie le groupe de Harish comme une secte, sur la base des témoignages de 15 familles qui l’ont quitté).
« Il n’y a eu aucune initiative des autorités pour prendre position», dit-elle. Quand les gens quittent les sectes, « ils n’ont pas la possibilité de les poursuivre. Ils vont à la police et on leur dit : ‘Vous l’avez fait de plein gré' ».
30 années de tentatives infructueuses
La proposition de loi marque la première fois que les efforts anti-sectes atteignent le Parlement d’Israël (des pays comme la France et la Belgique ont des lois anti-sectes).
A la fin des années 1980, un comité interministériel de la Knesset a compilé un rapport sur ces groupes, mais les recommandations formulées dans le rapport de plusieurs centaines de pages – qui ont été approuvées par la Knesset en 1995 – n’ont jamais été appliquées.
‘Il y a environ 100 sectes actives en Israël, avec 15 000 à 20 000 adultes et 3 000 enfants dans leurs rangs’
En 2011, un rapport déposé auprès du ministère des Affaires sociales a exhorté le gouvernement à prendre des mesures contre ce qu’il a estimé à environ 80 groupes – mais a mentionné qu’il y avait peu d’études sur la question (les chiffres du rapport étaient fondées sur les données le Centre israélien pour les victimes de sectes). Le phénomène était « marginal » dans la société israélienne, a-t-il noté, mais les informations sur les groupes étaient également limitées.
Le rapport cite également une recherche etablissant le profil moyen du membre d’une secte en Israël : environ 25 ans lors de son adhésion, la plupart étant d’origine israélienne (86 %), de classe moyenne à supérieure, avec 12 ans de scolarité ou plus.
Environ 44 % ont mentionné une crise personnelle avant de rejoindre le groupe, 60 % avaient recherché un certain conseil psychologique au cours de leur vie, 11 % avaient déjà été hospitalisés pour une maladie mentale, et 15 % avaient été exemptés de l’armée en raison d’une maladie mentale.
Pouvez-vous perdre votre libre arbitre ?
Bien ancré dans la secte, vous « ne fonctionnez pas avec un libre arbitre, » maintient L. Après avoir reçu des plaintes, le groupe de coordination ISKCON pour Hare Krishna est intervenu à un moment donné et des représentants lui ont concédé qu’il y avait un problème.
L’organisation a envoyé d’autres enseignants, a adressé un avertissement au leader, et gardé un œil sur le groupe, mais L. maintient que leur réaction – qui a renforcé sa détermination à quitter – était insuffisante. « Je pense qu’ils auraient dû dire à tout le monde là-bas, ‘Ecoutez, il y a un problème ici’. Ils ne l’ont pas fait ».
Alors qu’elle était dans le groupe, L. a dit, qu’il y avait un certain contrôle sur ses facultés mentales. « Il y a des gens qui vont dire que cela n’existe pas, mais bien sûr, c’est le cas. »
Dr. Adam Klin-Oron, un anthropologue de la religion, chercheur à l’Institut Van Leer, et professeur à l’Université Ben Gourion, est l’une de ces personnes.
« Il y a consensus académique que ce terme [lavage de cerveau, ou le contrôle des processus mentaux] n’est pas adapté. Que le terme de contrôle mental est impropre », dit-il.
« Dans les années 1980 il y avait une vague de plaintes sur « des lavages de cerveau », puis des Parlements du monde entier ont examiné la question, des tribunaux du monde entier ont examiné la question, et sont parvenus à une décision claire : Qu’il n’y a pas de sectes … que les gens faisant ces allégations ne sont souvent pas des experts sur la question. Et finalement les tribunaux, y compris en Israël, ont rejeté les témoins experts qui affirmaient, qu’il y a « lavage de cerveau ».
« C’est comme si Israël répète les erreurs des autres pays, et n’apprenait pas d’elles », ajoute-t-il.
Selon Klin-Oron, la proposition de loi est problématique sur diverses aspects : La formulation est trop vague et sujette à interprétation, permettant au gouvernement de sévir contre tout groupe, qu’il n’approuve pas, fait-il valoir.
« Si maintenant, en Israël, ils n’aiment pas, par exemple, les juifs réformés, ils pourraient décider de les définir comme une secte. Je ne vois pas une situation dans laquelle cela se produirait, mais il y a des précédents… Si un autre gouvernement arrivait au pouvoir qui n’aimerait pas les ultra-orthodoxes, ils pourraient décider que Satmar est une secte », dit-il.
« Qui a dit qu’un hassid de Gur choisit à chaque moment donné, de manière autonome, comment se comporter ? Qui a dit que quelqu’un dans l’armée choisit comment se comporter, et a le contrôle mental de son comportement ? Chaque groupe qui a une sorte de surveillance peut être définie de cette manière ».
Il a fait également valoir que les dirigeants de ces groupes qui ont commis des crimes – tels que Goel Ratzon – sont punis pour ces crimes « très sévèrement par l’État, alors pourquoi avez-vous besoin de la loi » pour ajouter d’autres accusations ?
Enfin, il maintient que de nombreuses personnes interrogées lorsqu’elles sont à l’intérieur d’un groupe, y compris certaines des ex-épouses de Ratzon, déclarent être satisfaites. « Vous êtes censé décider pour les adultes majeurs que leurs choix sont inacceptables à vos yeux ? Il n’y a presque pas de précédents à ce sujet dans les pays occidentaux pour les adultes majeurs », dit-il.
Les nouveaux mouvements religieux (NMR, un terme qu’il utilise à la place de celui de « sectes ») ont aussi un taux remarquable de renouvellement, dit-il. « Les gens arrivent et partent, sant arrêt, affirme-t-il. « Donc, si à partir du moment où vous êtes entré dans le groupe, ils commencent à contrôler vos processus mentaux, comment se fait-il que des gens partent ? »
‘Qui a dit qu’un hassid de Gur choisit à chaque moment donné, de manière autonome, comment se comporter? Qui a dit que quelqu’un dans l’armée choisit comment se comporter’
Le Professeur Benjamin Beit-Hallahmi, un psychologue clinique de la religion et professeur à l’Université de Haïfa, avait participé à la fin des années 1980 à la commission de la Knesset d’origine sur les sectes, mais il l’a quittée après un an, parce que « cela n’a rien donné. » Tant l’accusation que la défense dans l’affaire Ratzon lui ont demandé de témoigner en leur faveur. Il a refusé. Beit-Hallahmi ne reconnaît pas le terme de « secte » et dit qu’il s’agit d’une classification « vulgaire ».
« Manifestement, il y a une exploitation de personnes d’une manière terrible, mais cette exploitation existe dans de nombreux autres cadres », dit-il, citant à titre d’exemple les fans de l’équipe de football Beitar Jerusalem, souvent accusés de violence raciste.
Beit-Hallahmi note que lorsque des mineurs sont impliqués, les autorités devraient certainement intervenir. Mais les adultes qui choisissent, par exemple les hassidim de Belz, à donner de l’argent à leurs dirigeants le font de bonne foi.
Il pense aussi que la proposition de loi ne changera pas la situation sur le terrain.
« Il y avait une loi dans les années 1970 [contre les prosélytes qui offrent de l’argent]. Et rien ne s’est passé après. Personne n’a été poursuivi… Personne n’est allé en prison », a-t-il dit. « Du point de vue de la liberté de religion en Israël, je ne pense pas que quelque chose va changer. La même liberté qui existait avant se poursuivra après », dit-il.
L., pour sa part, reconnaît que la proposition de loi est « un peu problématique », mais « elle est importante, parce que si cela ne se produit pas », alors tout leader fou avec une certaine connaissance et un certain charisme peut jouer avec l’esprit des gens. C’est fou. « Dans le même temps, il doit être équilibré pour » qu’il ne nuise pas aux libertés individuelles, parce que vous ne pouvez pas dire aux gens ce qu’il faut « faire ou croire ».
L. fait valoir que l’affaire est comme une « influence indue » où les personnes âgées sont convaincues de signer des baux, et l’intimidation peut être assimilée à de la violence familiale ou à du harcèlement sexuel où les victimes gardent le silence.
« Pourquoi ne parlent-ils à personne ? Parce qu’ils ont peur. Parce que leurs gourous les influencent, psychologiquement, d’une manière qui les fait craindre de parler. Ils ne savent pas ce qui peut se passer par la suite. Et pourquoi une femme battue ne dit pas ‘mon mari m’a battue aidez-moi’ ? Parce qu’elle a peur de lui. C’est la même réaction psychologique qui fait peur aux gens. Le chef leur fait peur, les menace, les amène à être anxieux tout le temps et tout simplement à lui faire confiance ».
La proposition de loi découragera les « leaders de sectes d’agir de façon éhontée, avec un tel contrôle, » dit-elle.
Lichtenstein, du Centre israélien pour les victimes des sectes, concède que la question est « complexe » et « pas noir ou blanc. » Mais elle dit que même si la loi n’arrêtera pas ces groupes « demain », elle est néanmoins « si importante. »
Avec cette question difficile, vous « devez être très prudent », dit-elle, mais le gouvernement « doit aussi ne pas avoir peur de prendre l’initiative. »
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