Malgré les tensions au mont du Temple, 1 600 Juifs en visite pour Tisha BeAv
Des Palestiniens ont affronté la police, pas de blessés ou d'arrestations rapportés ; Le Hamas décrit les visiteurs juifs sur le site comme des "troupeaux errants de colons"
Plus d’un millier de Juifs ont visité le mont du Temple dimanche matin afin de marquer le jour solennel de jeûne de Tisha BeAv, qui commémore la destruction des deux temples juifs qui s’y trouvaient, quelques heures après que des Palestiniens ont affronté la police sur le lieu saint.
À la suite des affrontements, le Premier ministre Naftali Bennett a tenu une réunion sécuritaire avec le ministre de la Sécurité intérieure Omer Barlev et le chef de la police Kobi Shabtai. Selon un communiqué du bureau du Premier ministre, celui-ci a « ordonné que l’ascension structurée et sûre des Juifs sur le mont du Temple se poursuive, tandis que l’ordre sera maintenu sur le site ».
Le communiqué indique que le Premier ministre recevra des mises à jour régulières et procédera à des évaluations de situation supplémentaires tout au long de la journée de dimanche.
Le mont du Temple est le lieu le plus saint du judaïsme, site des deux temples bibliques. C’est également le site du troisième sanctuaire le plus saint de l’islam, la mosquée Al-Aqsa. Le lieu est depuis longtemps un vif point de tensions entre Israéliens et Palestiniens.
Selon Kan, des dizaines de fidèles musulmans se sont barricadés sur le mont du Temple aux premières heures de dimanche, avant l’arrivée des fidèles juifs.
Selon la Douzième chaîne, certains d’entre eux ont brièvement scandé : « Avec l’esprit, avec le sang, nous libèrerons Al-Aqsa. »
עשרות מוסלמים התבצרו הלילה במסגד אל אקצא במענה לקריאות להגיע למקום ולמנוע עליית יהודים להר הבית בתשעה באב. עימותים התקיימו במקום עם המשטרה, שירתה כדורי ספוג ואמצעים לפיזור הפגנות. לא נמסר על נפגעים@SuleimanMas1 pic.twitter.com/xc7ru9tGsg
— כאן חדשות (@kann_news) July 18, 2021
La police israélienne est entrée sur le site, ayant recours à des tirs de flashball et à des « méthodes de dispersion de la foule » pour vider le lieu. Certains Palestiniens ont répondu par des pierres.
Aucun blessé ou arrestation n’ont été rapportés.
À Ramallah, Mahmoud Abbas, dirigeant de l’Autorité palestinienne, a condamné ce qu’il a appelé une « escalade israélienne dangereuse et continue ».
« La présidence palestinienne […] considère cela comme une grave menace pour la sécurité et la stabilité, et comme une provocation aux sentiments des Palestiniens. Elle tient le gouvernement israélien pour responsable de cette escalade », a déclaré le bureau d’Abbas dans un communiqué.
La mission de l’Union européenne auprès des Palestiniens a déclaré être « préoccupée par [les] tensions en cours ». « Les autorités israéliennes et les dirigeants religieux et communautaires de tous bords doivent agir de toute urgence afin de calmer cette situation explosive », a écrit l’organisation dans un tweet.
Le Hamas, groupe terroriste palestinien qui dirige l’enclave de Gaza, s’est moqué des « troupeaux égarés de colons » qui visitent le mont du Temple.
« Le fait que l’occupation laisse libre cours à ces troupeaux de colons errants ne reflète pas en un contrôle ou une souveraineté, mais constitue plutôt une tentative de couvrir son impuissance et sa faiblesse », a estimé Mohammad Hamadah, un porte-parole du Hamas, dans un communiqué.
Le groupe terroriste du Jihad islamique palestinien a qualifié les affrontements de « terrorisme et agression qui affectent tous les musulmans du monde ».
Un haut responsable de l’Autorité palestinienne, Hussein al-Sheikh – l’un des plus proches conseillers du dirigeant de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas – a condamné les actions de la police israélienne sur le site.
« L’assaut sur la mosquée Al-Aqsa est une décision politique israélienne destinée à mener des actes sur le terrain, au mépris de la volonté de la communauté internationale. Elle est de mauvais augure pour l’orientation du nouveau gouvernement en Israël », a tweeté al-Sheikh.
Les responsables musulmans de Jérusalem-Est ont appelé les fidèles à venir sur le site, car cette semaine marque le début de l’Aïd al-Adha, fête islamique commémorant la fin du pèlerinage annuel du hajj à La Mecque.
Un grand nombre de fidèles juifs visitent le site chaque jour de jeûne de Tisha BeAv, et la police a renforcé sa présence dans la zone en prévision de potentielles tensions.
Parmi ceux qui ont visité le mont du Temple dimanche matin : Amichai Chikli, député dissident de Yamina, qui a déclaré à Arutz Sheva que le site était « le symbole national le plus important du peuple d’Israël ».
Chikli a été refoulé du mont du Temple le mois dernier après avoir échoué à coordonner sa visite avec la Garde de la Knesset et le Shin Bet.
Les affrontements de ce dimanche ont eu lieu après la publication d’une information selon laquelle Israël avait discrètement commencé à autoriser les prières juives sur le mont du Temple ces derniers mois – ce qui constituerait un changement majeur au statu quo qui existe sur le lieu saint depuis que l’État juif a capturé la Vieille Ville de Jérusalem de la Jordanie pendant la guerre des Six Jours en 1967.
Soucieux de réduire les tensions avec le monde musulman, et alors que les responsables juifs orthodoxes déconseillent généralement de visiter le mont du Temple de peur de fouler le sol sacré où se tenait le Saint des Saints, au cœur du Temple, Israël permet depuis 1967 au Waqf jordanien de maintenir une autorité religieuse sur le lieu.
Les Juifs ont été autorisés à visiter le lieu en suivant de nombreuses restrictions, mais pas à y prier.
Ces derniers jours, un journaliste de la Douzième chaine a cependant filmé des prières sur le site, alors que des policiers – qui par le passé expulsaient toute personne soupçonnée de prière, et même parfois des personnes qui avaient simplement cité un verset biblique dans une conversation – observaient passivement.
La chaine a indiqué qu’en plus des prières, de longs cours de Torah ont été organisés sur le mont, là encore avec l’approbation tacite de la police.
Les groupes terroristes palestiniens ont lié leurs tirs de roquettes depuis Gaza en mai dernier – qui ont déclenché 11 jours de conflit avec Israël – aux troubles dans la capitale : des affrontements avaient eu lieu sur le mont du Temple pendant le mois sacré du Ramadan, et un certain nombre de familles palestiniennes du quartier de Cheikh Jarrah étaient menacées d’expulsion.