Mandelblit : Jérusalem n’aurait pas dû faire retirer une campagne anti-LGBT
Le procureur général a statué que la campagne de promotion des familles "normales" avant la Gay Pride relevait de la liberté d'expression ; la ville se pliera à sa position
Le procureur général Avichai Mandelblit a déclaré que la mairie de Jérusalem avait outrepassé ses compétences en demandant que des affiches contre le mariage homosexuel soient retirées des rues de la ville, avant la dernière Gay Pride, a rapporté Haaretz lundi.
Au regard de cette prise de position, la municipalité a déclaré qu’elle ne limiterait désormais plus de telles campagnes à l’avenir, tout en précisant que cette décision avait été prise « le cœur lourd ».
Quelques jours avant le défilé de juin 2019, la municipalité avait retiré des affiches appelant à la « normalité » des familles. Les affiches, placardées par le groupe conservateur de droite Hazon (Vision), dénonçaient le mariage homosexuel, rappelaient la cause des valeurs traditionnelles et contraient le mouvement LGBT avec le slogan : « Père et mère = Famille. Le courage de la normalité ».
La rabbin Noa Sattath, directrice du Centre d’action religieuse israélien, a déclaré que les affiches de Hazon constituaient des « incitations à la
haine », dénonçant devant les caméras de la Douzième chaîne que le groupe conservateur était « contre tous ceux qui ne partagent pas sa vision du monde obscure et violente ».
Après avoir reçu des plaintes au sujet des affiches, la municipalité avait ordonné leur retrait, affirmant que « le contenu des affiches pourrait offenser une partie de la population hiérosolymitaine ».
Hazon avait répliqué à l’époque que c’était la Gay Pride qui était offensante pour la population de Jérusalem.
Le groupe avait alors déposé une requête auprès du tribunal du district de Jérusalem, pour statuer sur le sujet, et le parquet a sollicité l’avis du procureur général.
Selon Haaretz, Mandelblit a statué que les affiches étaient légitimes en vertu de la loi sur la liberté d’expression.
« Le pouvoir de la municipalité de limiter les publicités en cas de délit public devrait être réservé à des cas très exceptionnels, concernant des dommages graves et sérieux qui dépassent ce qui peut être toléré dans une société démocratique », a ainsi jugé Mandelblit. Les circonstances de l’affaire « ne justifient pas » la décision, a-t-il conclu.
La municipalité a fait savoir qu’elle se conformerait à la décision du procureur général et qu’elle n’empêcherait plus, à l’avenir, de telles publicités. Elle a souligné avoir pris cette décision « avec des sentiments mitigés et le cœur lourd ». La mairie a également indiqué qu’elle se réservait le droit d’examiner de telles questions au cas par cas.
La Gay Pride de Jérusalem fait partie de dizaines d’événements organisés dans tout Israël pendant le mois des fiertés. Elle se déroule sous intense protection policière, après des violences qui avaient endeuillé le défilé en 2015 lorsqu’un ultra-orthodoxe qui venait de sortir de prison après dix années d’incarcération pour une attaque au couteau lors de la Gay Pride, en 2005, avait poignardé à mort une adolescente et blessé plusieurs autres personnes.