Israël en guerre - Jour 396

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Martin Indyk, ex-ambassadeur des États-Unis en Israël, meurt à l’âge de 73 ans

Dirigeants israéliens et américains ont rendu hommage au diplomate qui a consacré sa vie à la politique au Moyen-Orient, été la cheville ourvière des accords d'Oslo et de la politique d'Obama pour relancer le processus de paix

L'ex-ambassadeur des États-Unis en Israël, Martin Indyk, le 16 juin 2009 (Ariel Jerozolimski)
L'ex-ambassadeur des États-Unis en Israël, Martin Indyk, le 16 juin 2009 (Ariel Jerozolimski)

Diplomate et historien réputé, l’ex-ambassadeur des États-Unis en Israël, Martin Indyk, est décédé jeudi, à l’âge de 73 ans, à son domicile dans le Connecticut.

Directeur exécutif et fondateur du Washington Institute for Near East Policy, Indyk avait été ambassadeur des États-Unis en Israël à deux moments, entre 1995 et 1997 puis entre 2000 et 2001.

Selon son épouse, Gahl Hodges Burt, citée par le Washington, il aurait succombé à un cancer de l’œsophage.

Selon une publication sur les réseaux sociaux de Dennis Ross, diplomate spécialisé dans le Moyen-Orient, Indyk se serait battu contre le cancer « comme il avait vécu, avec une grande détermination ».

« Martin a vécu une vie pleine de sens ; il a fait en sorte de ramener la paix entre Israël et ses voisins avec passion, compétence et beaucoup de dignité. »

Né à Londres au sein d’une famille juive venue de Pologne, il avait grandi à Sydney, en Australie. Il était venu en Israël pour étudier et avait fait du bénévolat dans un kibboutz du sud du pays au moment de la guerre du Kippour en 1973.

Le chef de l’Autorité palestinienne de l’époque, Yasser Arafat (à gauche), s’adresse aux journalistes avec le Secrétaire d’État adjoint américain Martin Indyk après leur rencontre dans la ville de Gaza, le 13 décembre 1997. (Crédit : Zakaria Talmas/AFP)

En 1982, il était parti s’installer aux États-Unis et avait travaillé pour le groupe d’intérêt pro-israélien AIPAC (American Israel Public Affairs Committee) avant de fonder le think tank The Washington Institute en 1985. Il avait obtenu la nationalité américaine en 1993 et avait rejoint le Conseil de sécurité nationale des États-Unis peu de temps après.

Il avait ensuite siégé au conseil d’administration du New Israel Fund, groupe de coordination qui finance des dizaines d’organisations progressistes de la société civile intervenant en Israël et en Cisjordanie.

Du temps où il était ambassadeur des États-Unis en Israël sous le président américain Bill Clinton, Indyk a aidé à négocier les accords d’Oslo, qui se sont effondrés avec les horreurs de la deuxième Intifada au début des années 2000.

Indyk en avait rejeté la responsabilité sur le chef de l’Autorité palestinienne de l’époque, Yasser Arafat, tout en critiquant vivement les implantations israélienne et en appelant à un contrôle partagé sur Jérusalem.

Il avait ensuite été l’envoyé spécial de l’administration Obama pour le Moyen-Orient et avait joué un rôle clé pour relancer le processus de paix en 2013-2014, sans succès.

Le Secrétaire d’État américain de l’époque, John Kerry, deuxième à gauche, est assis avec la ministre israélienne de la Justice et négociatrice en chef de l’époque, Tzipi Livni, deuxième à droite, le négociateur en chef de l’Autorité palestinienne, Saeb Erekat, à droite, et Yitzhak Molcho, conseiller du Premier ministre Benjamin Netanyahu, et l’ex-ambassadeur des États-Unis en Israël, Martin Indyk, à gauche, lors d’un dîner d’Iftar, qui célèbre le Ramadan au Département d’État à Washington, à l’occasion de la reprise des pourparlers de paix israélo-palestiniens, le 29 juillet 2013. (Crédit : AP Photo/Charles Dharapak)

Indyk s’était récemment montré très critique, sur les réseaux sociaux, envers l’actuel gouvernement Netanyahu et sa gestion de la guerre à Gaza, déclenchée par l’attaque du Hamas du 7 octobre.

Tweeteur habituellement prolixe, il n’avait rien publié depuis le 20 juin dernier, lorsqu’il avait accusé Netanyahu de « jouer au martyr dans une crise qu’il avait susciteée ».

Indyk avait déclaré à Foreign Affairs, le 7 octobre dernier, que l’attaque sans précédent du Hamas était « un échec total des autorités israéliennes », causé en partie par « l’orgueil – cette croyance israélienne que la force pure pouvait dissuader le Hamas, et qu’Israël n’avait pas à s’attaquer aux problèmes à long terme ».

Il était un fervent partisan de la solution à deux États et a publié trois livres sur la diplomatie au Moyen-Orient.

Le Secrétaire d’État adjoint américain de l’époque, Martin Indyk (à droite), écoute un traducteur alors que le Premier ministre Benjamin Netanyahu répond en hébreu à la question d’un journaliste après leur rencontre à Jérusalem, le 11 avril 1999. (Crédit : Sven Nackstrand/AFP)

L’actuel directeur exécutif du Washington Institute, Robert Satloff, a déclaré qu’Indyk était « un véritable succès à l’américaine », « venu à Washington pour travailler à l’élaboration de la politique américaine au Moyen-Orient – ce qu’il a fait – en tant qu’universitaire pionnier, analyste perspicace et entrepreneur politique d’une redoutable efficacité. »

« C’était un visionnaire qui avait non seulement fondé une organisation fondée sur l’idée d’une politique publique judicieuse enracinée dans une recherche solide, et qui l’avait incarnée. Ses contributions à la croissance et au développement du Washington Institute – et à la définition et à l’exécution de la politique américaine au Moyen-Orient, plus généralement – sont incommensurables et entrées dans la postérité. »

Le président Isaac Herzog a rendu hommage à Indyk, « vrai gentleman et érudit de grand renom ».

« Son dévouement inlassable au renforcement des relations entre Israël et les États-Unis, son amour profond pour la terre et le peuple d’Israël et ses contributions importantes au processus de paix dans notre région ne seront jamais oubliés. Nos pensées vont à sa famille. Que sa mémoire soit une bénédiction », a déclaré Herzog jeudi.

L’ex-ambassadeur d’Israël aux États-Unis, Michael Oren, a également rendu hommage à Indyk sur X en écrivant : « Je suis très triste d’apprendre le décès de l’ambassadeur Martin Indyk, un homme d’État exceptionnel, un auteur et un grand artisan de la paix avec lequel j’ai eu l’honneur de travailler pendant de nombreuses années. Que sa mémoire soit bénie pour l’éternité. »

La Secrétaire d’État américaine de l’époque, Hillary Clinton (2e à gauche) et le président Shimon Peres (à droite) participent à une discussion sous le regard de Martin Indyk (à gauche), vice-président et directeur de la politique étrangère de la Brookings Institution, à l’hôtel Hay Adams, le 12 juin 2012 à Washington, DC. La discussion Clinton-Peres s’inscrivait dans le cadre de la célébration du 10e anniversaire du Centre Saban pour la politique au Moyen-Orient de la Brookings Institution. (Crédit : Alex Wong/Getty Images/AFP)

En décembre 2022, le diplomate réputé avait senti pressenti des « heures sombres » avant que les Israéliens et les Palestiniens ne flirtent à nouveau avec la paix, néanmoins certain que le moment viendrait.

« Au final, je me suis fait à l’idée que je ne verrai pas la paix de mon vivant », avait déclaré Indyk lors d’un événement organisé en son honneur à New York. Le forum est une organisation juive américaine spécialisée dans la recherche d’une solution à deux États.

« Il y aura un jour la paix en Israël. Mais le chemin pour y parvenir sera semé de violence et de conflits », avait-il déclaré. « L’arc du conflit israélo-arabe est long, mais je sais par expérience qu’il tend vers la paix. »

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