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Mort d’Andrea Pancur, chanteuse qui a rapproché la chanson allemande et yiddish

La célèbre musicienne klezmer a inspiré des femmes et exploré la relation entre la musique juive et celle d'autres pays européens

La musicienne klezmer allemande Andrea Pancur. (Capture d'écran/YouTube ; utilisé conformément à l'article 27a de la loi sur les droits d'auteur)
La musicienne klezmer allemande Andrea Pancur. (Capture d'écran/YouTube ; utilisé conformément à l'article 27a de la loi sur les droits d'auteur)

Andrea Pancur, chanteuse, enseignante et militante munichoise qui a oeuvré au rapprochement des cultures musicales allemande et yiddish et grandement inspiré les femmes du monde de la musique klezmer est décédée la semaine dernière à son domicile à l’âge de 54 ans.

Selon un de ses proches, son décès serait lié à un anévrisme cérébral. Sa mort attriste le monde très uni des musiciens klezmer, nombreux à avoir travaillé avec elle sur des enregistrements et festivals en Europe et Amérique du Nord.

« J’ai peine à y croire : nous avons perdu un des éléments les plus vibrants de la communauté musicale yiddish, et une amie avec laquelle j’avais renoué avec bonheur », a écrit sur Facebook Abigail Wood, auteure d’un ouvrage sur la chanson yiddish contemporaine.

Élevée dans la religion catholique, Pancur (prononcé PAN-chur) se sentait proche de la culture musicale yiddish, qui a prospéré durant des siècles en Europe avant d’être anéantie par la Shoah. En 2014, elle a remporté le prix le plus important du festival de musique TFF Rudolstadt pour « Alpen Klezmer », oeuvre de fusion des traditions musicales yiddish et bavaroise. Avec son collaborateur Ilya Shneyveys, elle a travaillé le thème des convergences linguistiques et musicales des deux traditions, trouvant des points de contact insoupçonnables après le génocide.

Ainsi dans la chanson « Rhaynlender », Pancur – accompagnée de Lorin Sklamberg, le leader des Klezmatics – mêlait paroles de polka juive et folklore bavarois.

Le quotidien allemand Der Neue Tag l’avait qualifiée de « principale représentante de la culture yiddish en Allemagne ».

Alan Bern, directeur artistique et fondateur de Yiddish Summer Weimar, est d’avis que ses racines slovènes et son enfance dans le sud de l’Allemagne expliquent son intérêt pour ce qu’il qualifie de « transculturalisme ».

« La culture yiddish est par essence transculturelle sur le continent européen », explique Bern. « On entre par une porte dans la culture yiddish et on voit rapidement que des centaines d’autres la relient aux autres cultures européennes. Ce qui fait que le yiddish se connecte à ceux qui sont en quête d’identité culturelle. »

Le Yiddish Summer Weimar, festival annuel fait de concerts et master class dans la ville allemande de Weimar, est un haut-lieu de pèlerinage pour toutes ces personnes. C’est là que Pancur, qui a étudié à Berne, et Shneyveys, musicien d’origine lettone aujourd’hui installé à Brooklyn, se sont rencontrés en 2011, à l’époque où la ville était le haut lieu de la culture juive allemande, plus connue sous le nom d’ashkénaze.

Cela faisait déjà 25 ans que Pancur chantait en yiddish, inspirée au milieu des années 1980 par un enregistrement de Chava Alberstein, chanteuse israélo-polonaise. Mais, comme elle s’en était expliquée dans une vidéo, « Je sentais qu’il me manquait quelque chose. Je sentais que je voulais m’exprimer avec mon propre folklore. »

Shneyveys et elle ont travaillé ensemble sur trois albums, dont deux volumes « Alpen Klezmer », et de nombreux concerts.

« C’était une interprète très charismatique, une activiste, une grande chanteuse et une grande interprète de la musique yiddish », a déclaré Shneyveys.

Jusqu’en 2017, Pancur a siégé au conseil d’administration d’Other Music E.V., l’ONG à l’origine du Yiddish Summer Weimar. Elle a également organisé le festival bisannuel Kunstdünger klezmer de Munich. Depuis janvier 2018, elle était la directrice artistique du projet Musik.vor.Ort, qui offre la possibilité à des musiciens munichois de jouer avec et pour les bénéficiaires d’une banque alimentaire locale.

Les concerts et master class données par Pancur l’ont conduite en Autriche, Belgique, Bulgarie, France, Grande-Bretagne, Liechtenstein, Pays-Bas, Israël, Italie, Suisse et aux États-Unis. Selon Shneyveys, elle a découvert New York à l’occasion d’une tournée.

Pancur s’est produite avec son quatuor de klezmer moderne comme avec le trio A Tickle in the Heart. En solo, dans « Federmenth », elle a exploré la musique yiddish d’après 1945. Son album « Weihnukka », sorti en 2019, mêle musique de Noël bavaroise et mélodies de Hanoukka.

En juillet 2022, elle a écrit et interprété la partition d’une pièce de théâtre, « The Troglauer: Robber, Horse Thief, Revolutionary », au Festival du château de Vilseck en Bavière. Elle a travaillé avec le DJ d’origine ukrainienne Yuriy Gurzhy sur « Pumpkin Machine », oeuvre de métissage entre folk et électro.

Au-delà de la musique, Pancur était très impliquée dans les questions de justice sociale, d’égalité des sexes et d’aide aux réfugiés.

Selon Bern, elle a dirigé une chorale communautaire pour personnes à faible revenu. Durant la pandémie, elle a offert des cours de chant en groupe par téléphone, pour maintenir le lien entre des personnes confinées.

Pancur a également beaucoup oeuvré en faveur de l’émancipation des femmes dans le milieu de la musique. Avec « Alpen Klezmer », rappelle Bern, elle a dirigé un projet éminemment masculin. Elle a géré sa carrière en toute indépendance et fondé son propre label. En 2020, elle a organisé la première réunion du réseau international de femmes et personnes non binaires de culture yiddish à Nuremberg.

Dans une interview accordée en 2013 au Jüdische Allgemeine, Pancur confiait que sa recherche de convergences entre l’Allemand et le Yiddish n’avait pas pour but d’effacer la mémoire de la Shoah, mais de « faire triompher la joie de vivre et s’éloigner des musiques tristes… Parce que les gens ne sont pas que des victimes ».

Le site Internet de Pancur explique que la musique folklorique allemande et yiddish est « si ancienne que les musiciens bavarois et klezmers ignoraient qu’ils interprétaient les mêmes morceaux ».

Pancur se plaisait à imaginer ces deux peuples en train de danser ensemble, « tournoyant jusqu’à n’en plus pouvoir, jusqu’à ce que les Alpes se remplissent des sonorités klezmer ».

Pancur était divorcée.

Aucune information sur ses proches n’est pour l’heure disponible.

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