« Nazi »: Erdogan continuera tant qu’on l’appellera « dictateur »
Ces déclarations surviennent alors que les rapports entre Ankara et Bruxelles se sont fortement tendus ces dernières semaines
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé jeudi qu’il continuerait d’employer les termes « fasciste » et « nazi » contre des dirigeants européens tant qu’il serait qualifié de « dictateur » par ces derniers.
« Alors quoi, vous avez le droit d’appeler Erdogan ‘dictateur’, mais Erdogan n’a pas le droit de vous dire ‘fasciste’ ou ‘nazi’ ? » a-t-il lancé jeudi soir lors d’un entretien avec les chaînes CNN-Türk et Kanal D.
« Qu’ils m’excusent, tant qu’ils qualifieront Erdogan de ‘dictateur’, alors, moi, je continuerai de m’adresser à eux en ces termes », a poursuivi le président turc.
Ces déclarations surviennent alors que les rapports entre Ankara et Bruxelles se sont fortement tendus ces dernières semaines après l’annulation dans plusieurs pays européens de meetings de campagne pro-Erdogan, notamment en Allemagne et aux Pays-Bas.
Erdogan a de nouveau dénoncé l’annulation de ces rassemblements visant à promouvoir le « oui » au référendum du 16 avril sur une révision constitutionnelle élargissant les pouvoirs présidentiels, accusant les pays européens d’oeuvrer à la victoire du « non ».
Le chef de l’Etat turc avait accusé la chancelière allemande d’avoir recours à des « pratiques nazies », suscitant l’indignation en Allemagne, dont le nouveau président, Frank-Walter Steinmeier, a exhorté M. Erdogan à arrêter ces « comparaisons effroyables ».
« Alors que nous sommes de bons amis, le président Steinmeier a fait une déclaration, une déclaration me visant, en me nommant », s’est désolé jeudi M. Erdogan. « Je déplore ses propos. Si seulement il n’avait pas dit une telle chose », a-t-il ajouté.
Le président turc a ajouté qu’il n’avait pas prévu de déplacement en Allemagne avant le 16 avril.
M. Erdogan a en outre évoqué jeudi un possible « passage en revue » des relations avec l’Union européenne, soulignant toutefois l’importance des rapports économiques avec le Bloc, premier partenaire commercial de la Turquie.
Interrogé sur d’éventuelles « mesures radicales » au sujet du pacte sur les migrants ayant permis de réduire le flux de passages vers l’Europe, M. Erdogan a répondu qu’il allait « passer tout cela en revue avec (son) gouvernement, de A à Z », après le 16 avril.