Netanyahu célèbre sa victoire sur le COVID-19 et aussi son triomphe politique
Annonçant la reprise de l'activité d'Israël, le Premier ministre a souligné les données qui montrent son efficacité contre le virus. Cela renforce également sa position de leader
David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).
Moins de huit semaines après avoir averti que la pandémie de coronavirus pourrait tuer des dizaines de milliers d’Israéliens et estimé que des dizaines de millions de personnes pourraient mourir dans le monde, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré à la nation, lundi soir, qu’Israël avait maîtrisé le virus, au moins pour l’instant, avec un bilan de 235 morts. (Le bilan est passé à 237 au moment où ces lignes sont écrites.)
« Chaque mort est une grande perte… c’est déchirant », a-t-il déclaré. Mais dans l’ensemble, a-t-il ajouté, la bataille d’Israël contre le COVID-19 a été « une grande réussite ».
Au cours des huit dernières semaines, Netanyahu est fréquemment apparu à la télévision en prime-time : pour informer les citoyens des dernières restrictions imposées à leur vie dans les premières semaines de la crise et, plus récemment, pour leur annoncer l’assouplissement progressif de ces mêmes restrictions. Lundi soir, au cours d’une intervention d’une durée sans précédent, résumée par les commentateurs de la télévision comme une sorte de « cri de victoire sur le coronavirus », Netanyahu a annoncé que l’État d’Israël allait maintenant se rouvrir progressivement – pour les activités commerciales et pour quelque chose qui s’apparente à la vie normale.
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Répondant aux questions, partageant la tribune avec des ministres et des experts, un Netanyahu remarquablement optimiste a annoncé que les citoyens sont désormais libres de se déplacer aussi loin qu’ils le souhaitent depuis leur domicile ; les familles peuvent rendre visite à leurs parents âgés ; des rassemblements jusqu’à 100 personnes seront autorisés à la fin du mois, et des rassemblements illimités à la mi-juin ; l’ensemble du système scolaire sera ouvert à la fin du mois ; les sports et les loisirs seront illimités à la mi-juin ; et Israël cherche à relancer le trafic aérien international sans risquer de nouvelles vagues d’infection en provenance de pays qui ont géré la pandémie de manière moins efficace. « Nous voulons nous reconnecter au monde », a-t-il déclaré, mais sans importer une nouvelle vague de contagion.
Tous les efforts seront désormais déployés pour remettre l’économie sur les rails, a-t-il dit, et pour que les indemnités soient distribuées plus efficacement que jusqu’à présent aux entreprises, aux indépendants et aux propriétaires de petites entreprises. « Nous avons aussi fait des erreurs », a-t-il admis. « Tout n’est pas parfait ».
Avec tout le respect que je dois au cliché sur les mensonges, les gros mensonges et les statistiques, Netanyahu a pu présenter des statistiques qui confirment avec force son affirmation selon laquelle une combinaison de trois facteurs – les premières mesures préventives qu’il a introduites (fermer les frontières, ordonner aux gens de rester « chez eux » et instituer le suivi numérique des porteurs du virus), la performance du système de santé et le respect général des restrictions par les Israéliens – ont placé Israël en tête des pays développé face au COVID-19.
Israël ne compte plus que quelques dizaines de nouveaux cas de contamination par jour, contre un maximum de plus de 700, a-t-il noté ; il compte moins de 100 cas graves ; il y a beaucoup plus de guérisons que de nouveaux cas par jour.
Ce bilan de moins de 250 morts, a-t-il souligné, est à comparer aux 29 000 morts en Italie, aux plus de 28 000 au Royaume-Uni, aux 25 000 en Espagne et en France. Dans la ville de New York, qu’il a qualifiée d’à peu près de taille d’Israël, le bilan est de 18 000 morts. En Suède et en Belgique, pays dont la population n’est pas très différente de celle d’Israël, le nombre de victimes s’élève respectivement à près de 3 000 et 8 000.
Le succès d’Israël, a-t-il souligné, n’est pas lié au climat, ni au jeune âge relatif de sa population, ni à sa situation géographique. « Si nous n’avions pas pris les mesures que nous avons prises, c’est ce que nous aurions obtenu », a-t-il déclaré en réponse à une question sur le fait de savoir s’il avait exagéré le danger, et en montrant un graphique montrant les nations les plus touchées. « Nous n’avons pas effrayé les gens, nous les avons sauvés… Les résultats d’Israël sont un modèle pour beaucoup d’autres pays ».
Netanyahu a donné un aperçu intéressant des raisons pour lesquelles il a réagi si rapidement à l’avènement de la pandémie et a conseillé aux autres dirigeants du monde – notamment à l’Autrichien Sebastian Kurz – de la traiter avec le plus grand sérieux. Il se souvient que, lorsqu’il était étudiant au Massachusetts Institute of Technology dans les années 1970, la première leçon d’un cours de statistiques qu’il a suivi portait sur la propagation exponentielle des virus. Ce cours « est gravé dans ma mémoire », a-t-il déclaré. Lorsqu’il a entendu parler pour la première fois du COVID-19, « je me suis souvenu de ce cours » – un cours, a-t-il dit, qui a maintenant sauvé un grand nombre de vies.
Mais il a également souligné qu’on ignorait encore beaucoup de choses sur le virus, qu’il pourrait encore revenir, plus fort et plus mortel, et qu’Israël devrait à nouveau faire preuve de fermeté si les taux de contagion commencent à monter en flèche ou si le nombre de cas graves dépasse 250. « Personne ne sait ce qui se passera ensuite », a-t-il dit – ni ses collègues dirigeants mondiaux, ni les experts mondiaux qu’il consulte également. Comme pour un pilote qui vérifie les jauges vitales, il a déclaré : « si un voyant rouge s’allume, nous devrons modifier la politique ».
Vers la fin de son intervention, M. Netanyahu, comme il l’a fait tout au long de ces dernières semaines, a brièvement évoqué la nécessité d’un « gouvernement d’unité » et a déclaré qu’il s’efforçait de le mettre en place dans les prochains jours. Mais la Cour suprême d’Israël a instruit des recours contre son accord de coalition avec le leader de Kakhol lavan, Benny Gantz, et lundi, les juges ont laissé entendre que certaines de ses clauses semblaient problématiques.
Interrogé sur l’intervention potentielle de la Cour, M. Netanyahu a fait valoir que son projet de nouveau gouvernement reflète clairement la volonté du peuple, soutenue par une majorité de l’électorat et une majorité de la Knesset. « C’est ce que le peuple veut, c’est ce dont le peuple a besoin », a-t-il déclaré. Une intervention de la Cour, a-t-il dit, « ne serait pas appropriée » et risquerait de déboucher sur les quatrièmes élections israéliennes en un an et demi. « L’accord de coalition a été formulé avec beaucoup de prudence et de responsabilité… J’espère que la cour n’interviendra pas », a-t-il dit. « Elle ne devrait pas intervenir ».
La vérité est que Netanyahu, qui a failli perdre le pouvoir au cours de ces trois batailles électorales très serrées contre Gantz, n’a aujourd’hui aucune crainte particulière des juges de la Cour Suprême, et aucune crainte particulière d’un retour aux urnes, même s’il veut épargner à Israël une nouvelle campagne.
Son accord avec Gantz lui permet de rester Premier ministre pendant les 18 mois à venir. Sa popularité est grande, et Gantz, en s’associant avec lui, a décimé l’opposition. Ainsi, Netanyahu pourrait s’attendre à obtenir des résultats exceptionnels aux urnes, si nécessaire, avec une campagne au moins partiellement axée sur des promesses de limitation des pouvoirs de la Cour suprême.
Et pour l’instant, plus efficacement que dans la plupart des pays développés, il a également réussi à gérer le COVID-19.
« Nous allons nous retrousser les manches et remettre l’économie sur les rails », a-t-il promis dans son discours préparé à l’avance. « Et nous continuerons à prendre soin de vous, le peuple d’Israël – pour le bien de notre pays, de notre économie, de notre santé, de nos vies. »
Pour la plupart des Israéliens qui ont regardé Netanyahu et pris en compte les statistiques, son assurance a acquis une crédibilité supplémentaire significative au cours des dernières semaines.
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David Horovitz, rédacteur en chef et fondateur du Times of Israel