Netanyahu : Le chef du Shin Bet savait l’attaque du 7 octobre probable, mais ne m’a pas alerté
Le bureau du Premier ministre accuse Ronen Bar d’avoir su à 4h30 du matin que l'attaque du Hamas était possible, mais ne l'a pas alerté une semaine après une déclaration anonyme similaire

Après l’avoir suggéré sous couvert d’anonymat, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a publiquement affirmé jeudi que le chef du Shin Bet, Ronen Bar, savait plusieurs heures avant le pogrom du 7 octobre 2023 que le Hamas préparait probablement une invasion, mais qu’il ne l’avait pas alerté.
« C’est un fait, pas une théorie du complot », affirme un communiqué publié par le bureau du Premier ministre. Selon ce texte, « à 4h30 du matin ce jour-là, il était déjà clair pour le chef sortant du Shin Bet qu’une invasion de l’État d’Israël était probable ».
Le communiqué poursuit demandant, « pourquoi n’a-t-il pas réveillé le Premier ministre à ce moment-là ? Pourquoi n’a-t-il pas alerté les chefs des communautés de la périphérie de Gaza ? Pourquoi le secrétaire militaire du Premier ministre n’a-t-il été informé que quelques minutes avant le début de l’assaut ? ».
Ces accusations reprennent les allégations relayées la semaine dernière par un « responsable israélien » – identifié par la chaîne N12 comme étant Netanyahu lui-même – à l’approche d’un vote du cabinet visant à limoger Ronen Bar.
Le Premier ministre a publiquement déclaré qu’il avait perdu confiance dans le chef du Shin Bet après que plus de 1 200 personnes, en grande majorité des civils, ont été massacrées et 251 otages capturés, lorsque des milliers de terroristes du Hamas se sont déchaînés dans les communautés du sud du pays le 7 octobre 2023. Les services de sécurité ont été pris au dépourvu et leur lente réaction a permis à de nombreux assaillants de pénétrer dans les localités sans rencontrer de résistance pendant plusieurs heures.
Les critiques accusent Netanyahu de vouloir évincer Bar en raison d’une enquête en cours du Shin Bet sur les liens présumés entre certains de ses proches collaborateurs et le Qatar, qui soutient le Hamas. Dans une lettre adressée au cabinet la semaine dernière, Ronen Bar a affirmé avoir émis « d’innombrables avertissements à l’échelon politique » avant les massacres, qualifiant les raisons invoquées pour son limogeage « d’allégations infondées, destinées à masquer des motivations totalement différentes et inappropriées ».

Le communiqué publié jeudi intervient après que Netanyahu a reconnu au début du mois que l’un de ses officiers de renseignement avait reçu, trois heures avant l’attaque, un mémo de Tsahal faisant état d’activités suspectes du Hamas, mais qu’il ne l’avait pas transmis. Le bureau du Premier ministre avait alors justifié cette décision en affirmant que le mémo n’avait pas été jugé urgent.
Depuis, Netanyahu tente de faire porter la responsabilité de l’échec du 7 octobre sur les services de sécurité, en soutenant qu’il n’a pas été réveillé à temps alors que les signaux d’une attaque imminente s’accumulaient. Il a également nié avoir adhéré à « l’idée préconçue » selon lequel le Hamas privilégiait la gouvernance à Gaza plutôt qu’une confrontation armée avec Israël.
Pendant des années, Netanyahu a autorisé le transfert de fonds qataris vers Gaza, délivré des permis de travail à des Gazaouis, et ordonné des réponses militaires limitées aux attaques, dans une tentative d’apaisement envers le Hamas.
Dans leurs enquêtes respectives sur le pogrom meurtrier du 7 octobre, Tsahal et le Shin Bet ont tous deux reconnu de graves dysfonctionnements. L’enquête de Tsahal a révélé que plusieurs signes d’activité inhabituelle avaient été observés la nuit précédant l’attaque, mais que l’évaluation avait conclu à une faible probabilité d’offensive immédiate.
L’enquête du Shin Bet, dont un résumé a été publié, a reconnu des lacunes dans le « traitement de l’information et l’intégration des renseignements » comme l’un des facteurs ayant contribué à l’absence d’alerte de l’agence dans les heures précédant l’invasion.
« Si le Shin Bet avait agi différemment, dans les années qui ont précédé l’invasion et durant la nuit – tant sur le plan professionnel qu’organisationnel – le pogrom aurait été évité. Cela ne correspond ni aux standards attendus de l’agence, ni à ceux attendus par la population », avait écrit Bar lors de la publication de la synthèse.
L’idée infondée selon laquelle l’armée et/ou les agences de sécurité israéliennes auraient eu connaissance de l’attaque à l’avance et l’auraient volontairement ignore, facilitant ainsi le massacre du Hamas, a été propagée sur les réseaux sociaux dès les premiers jours après l’attaque, notamment par des partisans de Netanyahu, mais n’avait pas été directement avancée par le Premier ministre jusqu’à présent.
Lazar Berman a contribué à cet article.