Israël en guerre - Jour 566

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Analyse

Netanyahu le politicien est aussi soulagé que les réservistes qu’il renvoie à la maison

Le Premier ministre, qui n’a pas "fini le boulot", sort de la guerre de Gaza plus centriste et plus stable politiquement, avec ses rivaux à droite affaiblis

Haviv Rettig Gur est l'analyste du Times of Israël

Le-Premier-ministre-israélien-Benjamin-Netanyahu-Crédit-Flash-90-965x543
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Le Premier ministre Benjamin Netanyahu vient juste de combattre sa première vraie guerre. En plein dans son troisième mandat, ayant mené le pays pour huit ans et demi (non consécutifs) de calme relatif et de prospérité, il apparaît maintenant comme une figure unificatrice en temps de guerre.

Cela peut constituer une bonne nouvelle pour les futures perspectives électorales de l’homme perçu à une époque comme une des personnalités les plus clivantes dans la politique israélienne et une mauvaise nouvelle pour ceux qui ne sont pas d’accord avec ses positions sur la cause palestinienne.

Netanyahu a peut-être, en effet, démontré dans cette guerre plus clairement qu’à n’importe quel moment dans la mémoire récente à quel point l’opinion politique israélienne, qui peut apparaître divisée et amère dans les débats télévisés nocturnes, est relativement unie sur les aspects clés de la question palestinienne.

Le dirigeant travailliste Isaac Herzog était un soutien direct de l’opération à Gaza, comme l’étaient des nombreux électeurs de Meretz très à gauche, selon les sondages. En fin de compte, rien, expliquent-ils, ne met plus en danger l’espoir de la gauche d’un futur retrait israélien d’une bonne partie de la Cisjordanie que la violence provenant de Gaza.

Cette simple réalité a été la corde soudeuse dans la politique isrélienne pour une quinzaine d’années. Avant le retrait de l’armée en 2000 d’une « zone de sécurité » vieille de 20 ans qu’elle avait formée dans le Sud Liban, le ministre des Affaires étrangères de l’époque, David Levy, qui soutenait ce retrait, avait promis que l’agression de groupes terroristes libanais comme le Hezbollah entraînerait une réponse israélienne sévère.

« Si Kiryat Shmona brûle, la terre du Liban brûlera », a-t-il crié à la Knesset. Israël a ensuite montré très clairement qu’il pouvait répondre aux attaques en provenance du Liban.

La même situation se retrouve avec la promesse stridente d’Ariel Sharon aux Israéliens, dont bon nombre d’entre eux étaient sceptiques au sujet du retrait de Gaza en 2005. « Israël va initier une action défensive et unilatérale de séparation des Palestiniens. L’objectif du plan de désengagement est de minimiser la terreur autant que possible et de donner aux Israéliens le plus haut niveau de sécurité », a-t-il déclaré dans son discours à la Conférence d’Herzliya pour annoncer l’initiative.

Si des attaques terroristes sont lancées depuis Gaza, il avait promis lors d’une rencontre du cabinet en août, peu après que le retrait avait été effectué, « nos réponses seront différentes [par rapport à avant] et avec des mesures sévères s’il y a des opérations terroristes après que nous ayons quitté la bande de Gaza ».

Et ces « mesures » ont, en effet, inclu la fermeture de la plupart des points de passage de Gaza après l’arrivée au pouvoir du Hamas et ses efforts de grande ampleur de faire entrer des armes dans la bande, ainsi que des réponses de plus en plus fermes de l’armée aux tirs de roquettes et aux attaques transfrontalières depuis 2006.

Cette promesse – que les attaques sur Israël entraîneraient des réponses fortes – a conduit aux prises de décision du Premier ministre Ehud Olmert lors de la seconde guerre du Liban en 2006 après l’attaque transfrontalière du Hezbollah lors de cet été, et sa décision de détruire en grande partie les infrastructures du pays. C’était un message envoyé aussi bien aux Israéliens qu’au Liban et au Hezbollah.

Comme Olmert l’avait lui-même déclaré quand il avait expliqué à la télévision nationale que la guerre du Liban ouvrirait une fenêtre politique pour tenir sa promesse de campagne de l’élection de cette année-là : un retrait dans le style de Gaza d’une grande partie de la Cisjordanie.

Le retrait de la Cisjordanie n’a bien sûr jamais eu lieu, mais la logique de la politique n’a pas changé.

La conduite par Netanyahu de l’opération Bordure protectrice d’un mois était une continuité explicite de cette politique vieille d’une génération, une politique adoptée par les politiciens de droite et de gauche. Il s’agit d’une sorte de compromis entre l’optimisme de la gauche qu’un retrait territorial pourrait apporter la stabilité et même la paix, et de la croyance de la droite que seul la puissance militaire a du poids dans les cultures et les calculs politiques de cette région sans pitié.

La continuité de cette politique au delà des divergences politiques n’est pas un accident. Cette politique est tout simplement populaire. L’approche prudente de Netanyahu à s’engager dans un conflit, attendant deux longues semaines à partir de la fin juin alors que les tirs de roquettes de Gaza gagnaient en intensité, a conduit à une critique dure à sa droite et au véritable coup politique de la séparation de l’alliance entre le Likoud et Israël Beytenu à la Knesset.

A la fin de cette opération, les fanfaronnades de la droite sont étouffées, la politique vieille de 15 ans et basée sur la disuasion de centre droit et de centre gauche a été réaffirmée, et le niveau d’approbation public du Premier ministre augmente fortement, jusqu’à 65 % dans la dernière semaine de l’opération, menée avec une large majorité et un très fort niveau de satisfaction (91% des Juifs israéliens) quant à sa gestion de l’opération dans Gaza, selon un sondage de l’Université de Haïfa.

En d’autres termes, cette guerre se finit sans la moindre colère de l’opinion publique ou répercussion politique qui ont caractérisé la fin de la seconde guerre du Liban de 2006, tout aussi longue, où l’échec d’écraser définitivement le Hezbollah avait été largement perçu par l’opinion publique israélienne comme une profonde erreur de la part des dirigeants d’Israël.

Dans les annnées qui se sont écoulés, peut-être à cause du simple fait que le Hezbollah est globalement resté tranquille à la frontière nord depuis ce conflit, la plupart des Israéliens ont conclu que cette politique imparfaite, avec tout ce qu’elle implique en terme de coûts humanitaires des deux côtés et en terme de dommages politiques à Israël dans l’arène internationale, est le moins mauvais des choix qui leur sont disponibles.

La pause d’été à la Knesset a commencé la semaine dernière. Elle va donner à Netanyahu après la guerre une période de repos de trois mois au cours de laquelle ses rivaux politiques auront relativement peu d’opportunités de le critiquer et de se faire remarquer.

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