New York : Un registre funéraire juif du 19e retiré d’une vente aux enchères
La communauté juive roumaine a affirmé que le registre, qui couvrait l'histoire de la communauté orthodoxe à Cluj, avait disparu pendant la Seconde Guerre mondiale
Une maison de vente aux enchères de New York a suspendu la vente d’un document qui, selon la communauté juive de Roumanie, aurait été volé.
Kestenbaum & Company, une firme de Brooklyn spécialisée depuis 25 ans dans les objets rares issus de la culture juive, a retiré mercredi de son catalogue ce qui serait, selon les Juifs de la ville de Cluj, un registre funéraire de cette localité roumaine, datant du 19e siècle.
« Ce registre écrit à la main a une grande valeur en tant que document historique, et il couvre 50 années d’histoire de la communauté juive orthodoxe – depuis l’année de sa fondation, en 1836. Mais il est également un objet d’art précieux en raison de sa présentation esthétique exceptionnelle », a écrit la communauté dans un communiqué qui a été diffusé la semaine dernière.
Le registre avait disparu pendant la Shoah et il est donc un « bien volé », a ajouté la lettre.
L’Organisation chargée dans le monde de la restitution des biens juifs saisis pendant la Shoah a aussi dit qu’elle avait demandé que la vente aux enchères – qui devait avoir lieu jeudi – soit suspendue.
« Tout objet qui passe entre nos mains est soumis à une enquête détaillée », a noté un porte-parole de Kestenbaum à JTA dans un courriel. « En conséquence, au vu des informations qui viennent de nous être transmises, le Lot 33 a été retiré de notre vente aux enchères qui était prévue en date du jeudi 18 février ».
Il avait été estimé qu’il aurait pu être vendu entre 5 000 et 7 000 dollars, a précisé vendredi le New York Times.
Daniel Kestenbaum, président fondateur de la maison de vente aux enchères, a écrit au journal, via courriel, que le vendeur avait accepté de suspendre la vente dans l’attente de discussions plus approfondies avec l’organisation de restitution.
Le président de la communauté juive de Cluj, Robert Schwartz, a expliqué l’importance du registre.
« La communauté n’a conservé que très peu de choses au lendemain de la Seconde guerre mondiale », a déclaré Schwartz au Times. « Il est surprenant que le livre ait réapparu dans une maison de vente aux enchères parce que personne ne connaissait l’existence de ce registre. Nous avons peu de documents, peu de livres, et ce manuscrit est donc une source d’information vitale sur la communauté au 19è siècle », a-t-il continué.
Seule une synagogue sur trois, dans la ville, est utilisée pour le culte juif et le registre « pourrait être très précieux à exposer là-bas », a poursuivi Schwarz, survivant de la Shoah. Il était né dans un cellier après la fuite réussie de sa mère enceinte du ghetto de la ville, selon le journal.
Il dirige depuis 2010 cette communauté qui tente de se reconstruire.
Après l’occupation de Cluj par les nazis, en 1944, plus de 16 000 Juifs – presque la communauté toute entière – avait été envoyée au camp de concentration d’Auschwitz. Presque tous y étaient morts.