Chloe Valdary, une ambassadrice haute en couleurs
A 21 ans, cette étoile montante du lobbying bleu et blanc se revendique fièrement du mouvement des droits civiques

Elle a grandi à la Nouvelle-Orléans, elle mange casher, elle a étudié la Bible, célébré les fêtes juives et participé à des repas de fête. Au cours des dernières années, Chloé Valdary est devenue une militante pro-israélienne sur son campus, contribuant régulièrement à la presse juive, et s’attardant en long et en large sur les mérites de l’Etat juif sur les réseaux sociaux.
Cette étudiante à l’Université de la Nouvelle-Orléans n’est pourtant pas juive. Elle est chrétienne – et membre de l’Église intercontinentale de Dieu, dont les adeptes vénèrent la Bible hébraïque et suivent le calendrier juif. Chrétienne et noire.
En juillet, Chloe Valdary, 21 ans, a récemment suscité un intérêt important pour un papier qu’elle a écrit pour le site juif américain Tablet dans lequel elle accusait les militants pro-palestiniens de détourner la rhétorique du mouvement pour les droits civiques des Noirs. Ce papier était intitulé « Lettre d’une femme noire en colère » et Valdary l’a diffusé largement sur son campus.
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« Vous n’avez pas le droit d’invoquer la lutte de mon peuple pour vos objectifs médiocres, et surtout ne feignez pas de jouer les victimes en notre nom» a-t-elle écrit.
Valdary, qui a blogué pour le Times of Israel au cours des deux dernières années, a également énuméré d’éminentes figures sionistes de l’époque de la lutte pour les droits civiques : «Vous n’allez pas faire comme si vous et Rosa Parks avaient été copains dans les années 1960. Rosa Parks était une vraie combattante de la liberté. Rosa Parks était une sioniste »
[Rosa Parks, figure emblématique de la lutte contre la ségrégation raciale aux Etats-Unis, a signé une lettre en 1975 soutenant le droit d’Israël à exister].
Son franc soutien à Israël au nom des droits civils vient couper l’herbe sous le pied des étudiants qui soutiennent le mouvement « Justice in Palestine » mais aussi à une certaine dérive dans la rhétorique des droits civiques au cours des dernières décennies.
Bien que les premiers leaders des droits civiques, y compris le révérend Martin Luther King, étaient en faveur d’Israël, les leaders noirs, par la suite, ont souvent été très critiques envers l’Etat juif, une évolution qui a commencé avec le mouvement
« Black Power » dans les années 1960.
C’est ainsi que Stokely Carmichael a pu décrire Israël comme une «colonie de peuplement» tandis que, plus récemment, le professeur et activiste Cornel West a approuvé le mouvement BDS [Boycott, Désinvestissement, Sanctions] et qualifié Benjamin Netanyahu de «criminel de guerre».
Dans ce contexte, la position et l’identité de Valdary font d’elle une voix assez unique dans le monde des défenseurs d’Israël.
« Parce que beaucoup de leaders noirs importants sont hostiles à Israël, cela est encore bien plus puissant d’avoir quelqu’un qui est noir et qui soutienne Israël » a déclaré Morton Klein, président de l’Organisation sioniste des Etats-Unis.
En effet, un certain nombre d’organisations pro-israéliennes, y compris l’AIPAC et les Chrétiens unis pour Israël, ont fait des efforts concertés au cours des dernières années afin de développer des liens avec des supporters afro-américains.
De récents sondages d’opinion publiés par le Pew Research Center, centrés sur le conflit avec Gaza, ont mis l’accent sur le fait que les Noirs américains ont tendance à avoir un peu moins de sympathie envers Israël (64 % exprimant «beaucoup» ou «un peu» de sympathie pour Israël, contre 70 % pour les Blancs) et être un peu plus critiques de sa réponse face au Hamas, avec 36 % estimant qu’Israël a eu une réponse disproportionnée, par rapport à 22 % des Américains blancs.
Valdary admet n’avoir eu pas d’attachement particulier avec les Juifs qu’elle a connus à l’école. Cela a changé en première année au lycée quand la jeune femme de Louisiane a vu le film Freedom Writers (2007) dans lequel un professeur de lycée enseigne l’Holocauste à ses étudiants. Inspirée par ce film, Valdary a commencé à lire sur la Shoah et sur l’histoire juive, ainsi que des romans de Léon Uris et d’Elie Wiesel.
Les thèmes soulevés dans ses lectures, combinés aux nouvelles d’incidents antisémites dans le monde entier, ont suscité la passion de Valdary pour le sionisme. Exodus de Léon Uris a été particulièrement influent.
« L’importance de la fierté juive comme thème du livre m’a vraiment inspirée pour prendre des mesures et faire quelque chose à propos de la montée de l’antisémitisme » a déclaré Valdary au JTA.
Une fois arrivée à l’Université de la Nouvelle-Orléans (UNO), Valdary s’est jetée dans l’activité du campus, à la fois sur place et à proximité, à Tulane University, qui, contrairement à UNO, renferme une population juive importante. Son travail a attiré l’attention du Comité pour l’exactitude des rapports au Moyen-Orient, CAMERA, qui a financé Valdary pour qu’elle monte sa propre organisation de soutien à Israël, au sein de l’université. Celle-ci s’appelle Allies for Israel.
Un des rassemblements organisés par la jeune femme a également été remarqué par un coordinateur de l’AIPAC, qui l’a ensuite parrainée pour participer à une conférence politique de l’AIPAC puis lui a financé un voyage de 10 jours en Israël – un voyage qui, pour Valdary, a « changé sa vie».
Depuis lors, la jeune femme de 21 ans a travaillé avec un certain nombre de groupes pro-israéliens. Elle a passé cet été à Boston, employée comme consultante rémunérée pour CAMERA, qui continue de financer Allies for Israel.
Son mentor, Dumisani Washington, est un pasteur noir qui sert de coordonnateur au sein des Christians United for Israel, un groupe pro-israélien évangélique dirigé par le pasteur John Hagee.
Mais Valdary a également trouvé un public réceptif dans des groupes beaucoup moins marqués idéologiquement. Tous ses supporters ne sont pas des néoconservateurs, loin s’en faut.
«Sur le campus, c’est une championne d’un sionisme qui ne s’excuse pas et qui vient aussi du plus profond de l’humanisme» a déclaré le rabbin Menachem Creditor de la congrégation Netivot Shalom à Berkeley, en Californie. Lui se décrit comme un «progressiste sioniste ». Il apprécie que « son rejet de la diabolisation d’Israël ne repose pas sur le fait d’être de droite ou de gauche ».
Bien que ses opinions sur Israël aient tendance à être alignées avec des groupes plutôt orientés à droite, Valdary soutient que ses opinions sont fondées sur des idéaux libéraux. Elle estime que « la société israélienne, comme toute autre société, a des problèmes de discrimination », mais que « la discrimination systématique, comme l’apartheid en Afrique du Sud n’existe pas dans la société israélienne ».
Elle affirme qu’elle s’oppose à une solution à deux Etats, privilégiant une « solution à un Etat juif » dans lequel tous les citoyens en Israël et dans les territoires pourraient voter, mais « la culture et la personnalité » d’Israël doivent rester juives.
Les opinions politiques de Valdary, et son invocation de l’histoire des droits civiques dans la cause du sionisme, font de celle-ci un personnage controversé et une sorte de paratonnerre contre les critiques. Certaines des critiques sont tout bonnement des injures raciales, comme le blogueur Richard Silverstein qui a publié un article de Valdary sur Facebook avec la note suivante : « Ils l’ont finalement fait : trouver un nègre sioniste : l’Oncle Tom danse de joie ».
D’autres critiques ont davantage porté sur ses attaques agressives envers les critiques d’Israël. Dans un discours prononcé à l’Université Brandeis, l’écrivain et cinéaste Max Blumenthal, un critique acerbe d’Israël a déclaré : « Ceci est un exemple parfait de l’endroit où va le lobby pro-israélien, où va le sionisme, une Evangéliste de droite est recrutée pour attaquer les intellectuels juifs et leur dire qu’ils sont de mauvais Juifs ».
[Valdary ne se considère ni comme une Evangéliste ni comme une militante de droite.]
Blumenthal a ajouté : «Je trouve étrange que quelqu’un sans qualifications et sans références soit si franc et si fortement mis en avant sur cette question ».
Après avoir obtenu son diplôme de l’Université de la Nouvelle-Orléans, Chloe Valdary espère effectuer un stage au Wall Street Journal, en particulier dans la section « Opinions », et souhaite s’inscrire aux « Tikvah Advanced Institutes », une série de séminaires politiques et économiques. Elle veut aussi passer une année en Israël… À son retour, Valdary espère lancer un «mouvement sioniste», même si ses plans sont encore un peu flous…
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