Israël en guerre - Jour 584

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« Nous ne menacerons pas Israël », répond Damas aux exigences de Washington pour lever les sanctions

Dans sa lettre, la Syrie promet aussi de sévir contre les groupes terroristes palestiniens opérant en Syrie et s'engage à s'attaquer aux stocks d'armes chimiques

Une Syrienne s'adressant à une employée d'un bureau de change, à Damas, le 16 avril 2025 (Crédit : Louai Beshara/AFP)
Une Syrienne s'adressant à une employée d'un bureau de change, à Damas, le 16 avril 2025 (Crédit : Louai Beshara/AFP)

La Syrie a répondu par écrit à une liste de conditions posées par les États-Unis pour un éventuel allègement partiel des sanctions, affirmant avoir donné suite à la plupart d’entre elles, mais que d’autres nécessitent une « compréhension mutuelle » avec Washington, selon une copie de la lettre consultée par Reuters. Elle s’est également engagée à ne pas menacer Israël.

Le mois dernier, les États-Unis avaient remis à la Syrie une liste de huit conditions que Damas doit remplir, notamment la destruction de tous les stocks d’armes chimiques restants et la garantie qu’aucun étranger ne se verra attribuer de poste à responsabilité au sein du gouvernement.

La Syrie a désespérément besoin d’un allègement des sanctions pour relancer une économie effondrée par plus de quatorze années de guerre, pendant lesquelles les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Europe ont imposé des sanctions sévères afin de faire pression sur l’ancien dictateur syrien Bashar el-Assad.

En janvier, les États-Unis avaient accordé une exemption de six mois pour certaines sanctions afin d’encourager l’aide, mais cette mesure n’a eu qu’un effet limité.

En échange de la satisfaction de toutes les exigences américaines, Washington prolongerait cette suspension de deux ans et pourrait accorder une nouvelle exemption, avaient déclaré des sources à Reuters en mars.

Reuters a été le premier à rapporter que la secrétaire d’État adjointe américaine pour le Levant et la Syrie, Natasha Franceschi, avait remis la liste des conditions au ministre syrien des Affaires étrangères Assaad al-Shaibani lors d’une rencontre en marge d’une conférence des donateurs pour la Syrie à Bruxelles, le 18 mars.

Le ministre syrien des Affaires étrangères, Assaad al-Shaibani, devant le siège des Nations unies avant de hisser le nouveau drapeau syrien lors d’une cérémonie de lever du drapeau, à New York, le 25 avril 2025. (Crédit : Angela Weiss/AFP)

Shaibani a cherché à montrer, dans son premier discours devant le Conseil de sécurité des Nations unies vendredi, que la Syrie répondait déjà aux exigences, notamment en matière d’armes chimiques et de recherche des Américains disparus en Syrie.

Ses déclarations publiques concordaient avec le contenu de la lettre que la Syrie a adressée aux États-Unis et dont Reuters a pu obtenir une copie non datée. Son contenu n’avait pas été divulgué jusqu’à présent.

Deux responsables occidentaux et un responsable syrien ayant eu connaissance de son contenu ont déclaré qu’elle correspondait à la copie consultée par Reuters.

Dans ce document de quatre pages, la Syrie s’engage à mettre en place un bureau de liaison au sein du ministère des Affaires étrangères afin de retrouver Austin Tice, le journaliste américain disparu en Syrie il y a plus de dix ans, et détaille les mesures prises pour lutter contre les stocks d’armes chimiques, notamment le renforcement des liens avec un organisme international de veille en matière d’armement.

Toutefois, la lettre ne mentionne que peu d’autres conditions importantes, telles que le renvoi des combattants étrangers et l’autorisation donnée aux États-Unis de mener des frappes antiterroristes.

Un porte-parole du Département d’État a confirmé que Washington avait reçu une réponse des autorités syriennes à la demande américaine de prendre « des mesures spécifiques et détaillées visant à instaurer la confiance ».

« Nous évaluons actuellement la réponse et n’avons rien à communiquer pour le moment », a déclaré le porte-parole, ajoutant que les États-Unis « ne reconnaissent aucune entité comme gouvernement de la Syrie et que toute normalisation future des relations sera déterminée par les actions des autorités intérimaires ».

Le ministère syrien des Affaires étrangères n’a pas encore répondu à une demande de commentaire.

Des combattants islamistes de l’opposition syrienne célébrant la chute du gouvernement du dictateur syrien Bashar el-Assad, à Damas, en Syrie, le 8 décembre 2024. (Crédit : Omar Sanadiki/AP)

Le document indique que les responsables syriens avaient discuté de la question des combattants étrangers avec l’ancien envoyé américain Daniel Rubinstein, mais que cette question « nécessitait une consultation plus large ».

« Ce qui peut être confirmé pour l’instant, c’est que l’attribution des grades militaires a été suspendue à la suite de l’annonce précédente concernant la promotion de six personnes », indique la lettre, faisant manifestement référence à la nomination en décembre de combattants étrangers, dont des Ouïghours, un Jordanien et un Turc, à des postes dans les forces armées du pays.

Le document ne précise pas si les grades attribués avaient été retirés aux combattants étrangers, ni quelles mesures seraient prises à l’avenir.

Une source informée de l’approche du gouvernement syrien sur cette question a déclaré que Damas retarderait autant que possible le traitement de cette question, estimant que les rebelles islamistes non syriens qui ont contribué à renverser Assad devaient être bien traités.

En réponse à une demande américaine de coordination en matière de lutte contre le terrorisme et de capacité à mener des frappes contre des cibles terroristes, la lettre indique que « la question nécessite une compréhension mutuelle ».

Le nouveau gouvernement syrien s’est engagé à ne tolérer aucune menace contre les intérêts américains ou occidentaux en Syrie et a promis de mettre en place des « mesures juridiques appropriées », sans fournir plus de détails.

Plus tôt cette année, Ahmed al-Sharaa, président de facto de la Syrie, avait déclaré dans une interview que les troupes américaines déployées dans ce pays s’y trouvaient sans l’accord du gouvernement, ajoutant que toute présence de ce type devait faire l’objet d’un accord avec l’État.

Un responsable syrien informé du document a déclaré que les autorités syriennes réfléchissaient à d’autres moyens d’affaiblir les extrémistes sans donner explicitement aux États-Unis l’autorisation de mener des frappes, considérant cela comme une décision controversée après des années de bombardements de la Syrie par les forces aériennes étrangères pendant la guerre.

Illustration : Un soldat américain sur le toit d’un véhicule blindé lors d’une manifestation des Kurdes syriens contre les menaces turques à côté d’une base de la coalition internationale dirigée par les États-Unis à la périphérie de la ville de Ras al-Ain dans la province syrienne de Hasakeh, près de la frontière turque, le 6 octobre 2019. (AFP)

Un diplomate de haut rang et une autre personne informée du contenu de la lettre ont déclaré à Reuters qu’ils estimaient que celle-ci répondait pleinement à cinq demandes, mais que les autres restaient « en suspens ».

Ils ont déclaré que la lettre avait été envoyée le 14 avril, soit seulement dix jours avant l’arrivée de Shaibani à New York pour s’adresser aux membres du Conseil de sécurité. On ignore si les États-Unis ont répondu à la lettre syrienne.

Un responsable syrien et une source américaine informés de la teneur du document ont tous deux déclaré que Shaibani devait discuter de son contenu avec des responsables américains lors de son déplacement à New York.

La lettre indique que la Syrie espère que les mesures prises, qu’elle qualifie de « garanties », pourront déboucher sur une réunion afin de discuter en détail de chaque point, y compris la réouverture des ambassades et la levée des sanctions.

Le ministre syrien des Affaires étrangères, Assaad al-Shaibani, s’exprimant lors d’une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies sur le Moyen-Orient au siège de l’ONU, à New York, le 25 avril 2025. (Crédit : Angela Weiss/AFP)

Concernant les groupes terroristes palestiniens en Syrie, la lettre indique que Sharaa a formé une commission « chargée de surveiller les activités des factions palestiniennes » et que les factions armées échappant au contrôle de l’État ne seraient pas tolérées. Elle a été envoyée quelques jours avant l’arrestation de deux responsables palestiniens appartenant au groupe terroriste du Jihad islamique palestinien par les autorités syriennes.

« Bien que les discussions sur cette question puissent se poursuivre, notre position générale est que nous ne permettrons pas à la Syrie de devenir une source de menace pour quiconque, Israël compris », est-il précisé dans le document.

La lettre reconnaît également « la communication continue » entre les autorités syriennes chargées de la lutte contre le terrorisme et les représentants américains à Amman concernant la lutte contre le groupe terroriste sunnite État islamique (EI), et affirme que la Syrie est disposée à élargir cette collaboration. Des pourparlers directs entre la Syrie et les États-Unis n’avaient pas été rapportés auparavant.

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