Israël condamne les attentats en Nouvelle-Zélande
Le conseil juif de la Nouvelle Zélande a fait part de ses condoléances suite aux attaques meurtrières perpétrées contre des mosquées

Quarante-neuf personnes ont été tuées et une dizaine grièvement blessées dans des attaques contre des mosquées à Christchurch vendredi, en Nouvelle-Zélande, a annoncé la Première ministre Jacinda Ardern. Evoquant l’une des journées « les plus sombres » de cette nation du Pacifique Sud réputée paisible, elle a dénoncé des violences « sans précédent ».
« Il est clair qu’on ne peut que décrire cela comme une attaque terroriste », a-t-elle déclaré. « Pour ce que nous en savons, (l’attaque) semble avoir été bien planifiée ».
Le conseil juif de la Nouvelle Zélande a fait part de ses condoléances suite aux attaques meurtrières perpétrées contre des mosquées, vendredi matin. Il a offert son aide et son soutien à la communauté musulmane.
L’organisation juive s’est dite « horrifiée et dévastée » par les attaques de Christchurch et a offert son aide. « Nous offrons notre assistance pleine et entière à la communauté musulmane et nous nous dressons à ses côtés contre le fléau du terrorisme et du racisme », lit-on dans le communiqué.
Le président du Congrès juif mondial, Ronald S. Lauder a déclaré : « je voudrais exprimer mon horreur et ma répugnance suite aux attentats terroristes qui ont visé les fidèles qui se trouvaient dans deux mosquées de la ville de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, aujourd’hui, pendant les prières du vendredi. Je fais part de mes plus profondes condoléances aux familles et aux proches des victimes ainsi qu’à la population de Nouvelle-Zélande. Nous devons redoubler d’efforts pour combattre la haine et la division au sein de notre société, d’où qu’elles émanent ».
Le président et le Premier ministre israéliens ont exprimé leurs condoléances et fait part de leur condamnation des attaques meurtrières qui ont pris pour cible vendredi deux mosquées de Nouvelle-Zélande, joignant leurs voix à celle des autres leaders dans le monde.
« Je condamne l’attentat terroriste commis contre des mosquées à Christchurch dans les termes les plus forts et je transmets mes condoléances au nom de toute la population d’Israël aux familles des victimes, des blessés, au gouvernement et à tous les Néo-zélandais », a dit le président Reuven Rivlin.
« Tuer des gens lorsque c’est l’heure de la prière, dans le lieu qui est pour eux le plus saint et le plus sacré, est un acte pervers et méprisable. Pour les fidèles de toutes les religions et pour ceux qui n’en ont pas, c’est une ligne rouge qui a été franchie. Toutes nos pensées et nos prières de prompt rétablissement sont dirigées vers les blessés de l’attentat terroriste de Nouvelle-Zélande », a-t-il ajouté.
Des témoins ont raconté avoir vu des corps ensanglantés. Des enfants et des femmes figureraient parmi les morts. La police a lancé un appel afin de ne pas partager « des images extrêmement pénibles » après la mise en ligne d’une vidéo montrant un homme blanc se filmant en train de tirer sur des fidèles dans une mosquée.
Le tireur à l’une des mosquées était un ressortissant australien, a révélé à Sydney le Premier ministre Scott Morrison, le décrivant comme « un terroriste extrémiste de droite ».
Cheikh Ahmed al-Tayeb, le grand imam de l’institution de l’islam sunnite Al-Azhar qui siège au Caire, a condamné vendredi les attaques contre deux mosquées en Nouvelle-Zélande ayant fait au moins 49 morts, appelant à combattre les groupes racistes.
« Ces attaques terroristes contre des lieux de prière doivent nous inciter à ne pas être tolérants avec les courants et les groupes racistes qui commettent ce genre d’actions abjectes », a dit le cheikh d’Al-Azhar dans un communiqué.
Un « manifeste » expliquant les motivations de l’attaque a été publié vendredi matin sur un compte Twitter portant le même nom et la même image profil que la page Facebook ayant diffusé l’attaque en direct.
Intitulé « le Grand remplacement », ce document de 73 pages déclare que le tireur voulait s’en prendre à des musulmans. Le titre semble être une référence à une thèse de l’écrivain d’extrême droite français Renaud Camus sur la disparition des « peuples européens », « remplacés » selon lui par des populations non-européennes immigrées, qui connaît une popularité grandissante dans les milieux d’extrême droite.
« Cette tragédie abjecte démontre une fois de plus que l’islamophobie est un mal qu’il faut combattre sans relâche », a réagi Ahmet Ogras, le président du Conseil français du culte musulman (CFCM).
« Il n’existe pas de hiérarchie dans les différentes formes de racisme. Les actes anti-musulmans ne sont pas plus tolérables que d’autres formes de racisme », a-t-il poursuivi, pointant du doigt « les paroles médiatiques déversées par des prêcheurs de haine ».
« Nous regrettons le climat où la parole haineuse à l’égard des musulmans s’est intensifiée ces derniers temps, le discours islamophobe de certains intellectuels et politiques favorise le passage à l’acte », a réagi Saïd Aalla, président de la Grande Mosquée de Strasbourg, appelant les fidèles à ne pas « céder aux provocations ».
« Des patrouilles seront assurées à proximité des espaces confessionnels », a-t-il ajouté sur le réseau social, tout en condamnant une « odieuse attaque terroriste ».
Dénonçant elle aussi un « horrible attentat criminel », la Grande Mosquée de Paris appelle dans un communiqué « tous les fidèles, où qu’ils soient, à être vigilants lors de l’accomplissement de leurs devoirs religieux ».
« Les musulmans de France sont choqués par cette violence meurtrière qui se manifeste à l’autre bout du monde et prient Dieu que la paix soit préservée dans notre pays », indique le recteur de la Grande Mosquée Dalil Boubakeur dans le communiqué.
« Ce genre de terroristes ne respecte ni les vies humaines, ni les lieux sacrés en commettant une attaque programmée et préméditée », a de son côté réagi Abdallah Zekri, président de l’Observatoire national contre l’islamophobie et délégué au sein du CFCM.
« Cet acte criminel sans précédent perpétué contre des fidèles se rendant à la mosquée pour la grande prière du vendredi nous bouleverse », a-t-il ajouté.
Dans le manifeste, le tireur dit qu’il est né en Australie dans une famille aux revenus modestes et avoir 28 ans. Il déclare que les moments clé de sa radicalisation furent la défaite de la dirigeante d’extrême droite Marine Le Pen à la présidentielle française de 2017 et une attaque au camion qui a fait cinq morts à Stockholm en avril 2017, dont une fillette de 11 ans.
Le nombre exact de tireurs n’était pas connu mais Mme Ardern a déclaré que trois hommes étaient en garde à vue. La police a précisé que des engins explosifs improvisés avaient été désarmés par les militaires.
Un Palestinien présent dans l’un des lieux de culte a raconté qu’il avait vu un homme être abattu d’une balle dans la tête.
« J’ai entendu trois coups de feu rapides et après environ dix secondes, ça a recommencé. Cela devait être une arme automatique, personne ne pourrait appuyer sur la gâchette aussi vite », a dit cet homme à l’AFP sous couvert de l’anonymat. « Puis, les gens ont commencé à sortir en courant. Certains étaient couverts de sang ».
Des vidéos et des documents circulant sur internet, mais non confirmés officiellement, semblent indiquer que l’assaillant a publié son attaque sur Facebook Live.
L’AFP a étudié ces images, qui ont depuis été retirées. Des journalistes expérimentés dans les techniques de vérification estiment qu’elles sont authentiques.
Un « manifeste » mis en ligne sur des comptes liés à la même page Facebook fait référence aux thèses du « grand remplacement » circulant dans les milieux d’extrême droite et qui théorise la disparition des « peuples européens ».
Les deux cibles connues étaient la mosquée Masjid al Noor dans le centre de la ville ainsi qu’une seconde mosquée, à Linwood, dans la banlieue.
Un témoin a raconté au site internet d’information Stuff.co.nz qu’il était en train de prier à la mosquée Masjid al Noor sur l’avenue Deans quand il a entendu des tirs. En prenant la fuite, il a vu sa femme morte devant l’édifice religieux.
Un autre homme a dit avoir vu des enfants se faire abattre. « Il y avait des corps partout ».
Un témoin a expliqué à Radio New Zealand qu’il avait entendu des coups de feu et vu quatre personnes gisant au sol, « avec du sang partout ».
Les forces de l’ordre avaient imposé un bouclage du centre-ville avant de lever les mesures quelques heures plus tard. La police a demandé aux fidèles d’éviter les mosquées « partout en Nouvelle-Zélande ».
« Etat de choc »
La municipalité a ouvert une ligne rouge destinées aux parents inquiets d’enfants qui manifestaient non loin contre le déréglement climatique.
Toutes les écoles de la ville avaient été bouclées. La police avait appelé « tous ceux qui sont présents dans le centre de Christchurch à ne pas descendre dans la rue et à signaler tout comportement suspect ».
Des bâtiments publics comme la bibliothèque centrale étaient aussi fermés.
L’équipe de cricket du Bangladesh, un sport extrêmement populaire dans ce pays, se rendait dans l’une des mosquées au moment de l’attaque mais aucun des joueurs venus jouer un match en Nouvelle-Zélande n’a été blessé, selon un porte-parole.
« Ils sont en sécurité. Mais ils sont en état de choc. Nous avons demandé à l’équipe de rester confinée dans son hôtel », a-t-il dit à l’AFP.
La Nouvelle-Zélande est réputée pour sa faible criminalité. Dans ce pays, « l’usage d’armes à feu pour commettre des crimes reste un événement rare », écrit le département d’Etat américain dans ses conseils aux voyageurs.
Selon le recensement de 2013, quelque 46.000 personnes s’identifiaient comme musulmanes en Nouvelle-Zélande, soit un peu plus de 1% de la population totale.
En 2017, six fidèles ont été tués dans une mosquée de Québec, au Canada, à l’occasion de la pire attaque antimusulmane en Occident. L’auteur de la fusillade a été condamné à la prison à perpétuité.