Obama, qui soutient Clinton, reçoit Sanders pour tenter de rassembler les démocrates
Bernie Sanders a d'ores et déjà perdu mais il compte malgré tout tenter le tout pour le tout et aller jusqu'au bout ; le président espère le raisonner
Bernie Sanders a perdu mais s’entête. Barack Obama, qui veut tout faire pour qu’un démocrate lui succède à la Maison Blanche en 2017, espère le faire changer d’avis. En douceur et sans heurts.
Le président américain recevait jeudi matin dans le Bureau ovale le sénateur du Vermont qui a promis de poursuivre « la lutte » en dépit de sa défaite face Hillary Clinton à l’issue de primaires démocrates âprement disputées.
Le candidat septuagénaire, qui reste techniquement en course même s’il est acquis que la convention investira sa rivale, est arrivé à la Maison Blanche peu avant 11H00 (15H00 GMT).
Obama est à la manœuvre depuis plusieurs jours pour s’assurer que les démocrates sont en ordre de bataille derrière Hillary Clinton pour l’élection présidentielle du 8 novembre.
Mais il ne veut pas brusquer les partisans – jeunes et enthousiastes – de « Bernie » et de sa « révolution politique ». L’engouement pour le sénateur a surpris par son ampleur : il a conquis quelque 12 millions de voix sur les 27 millions d’électeurs qui ont participé aux primaires démocrates.
« Mon espoir est que, au cours des deux semaines à venir, nous arrivions à trouver une solution », a-t-il expliqué mercredi.
L’un des scénarios envisagés est que Bernie Sanders, qui vient de perdre dans le New Jersey et la Californie, annonce son ralliement à son ancienne rivale à l’issue de l’ultime – et symbolique – primaire de Washington DC, qui aura lieu mardi.
« Nous savons clairement qui sera le candidat. Mais je pense que nous devrions être élégants et le laisser décider lui-même (de la date de son retrait) », résumait mercredi soir le vice-président Joe Biden.
Le soutien de Barack Obama à son ancienne secrétaire d’Etat était un secret de Polichinelle, mais il s’est abstenu de l’afficher publiquement durant la campagne des primaires.
S’il a félicité mardi l’ancienne Première dame, il a pris soin de saluer la contribution de « Bernie » à la mobilisation de millions d’Américains et son engagement sur des sujets comme la lutte contre les inégalités ou le financement de la vie politique.
« Nouvelles idées »
« C’était sain pour le parti démocrate d’avoir une primaire disputée », a déclaré Obama dans The Tonight Show de Jimmy Fallon. « Je pense que Bernie Sanders a apporté énormément d’énergie et de nouvelles idées. Cela a fait de Hillary une meilleure candidate ».
Les plus fervents partisans de Bernie Sanders rejettent en bloc Hillary Clinton qui représente pour eux la quintessence de l’establishment américain déconnecté des réalités. D’autres soutiens plus pragmatiques estiment que c’est le moment optimal pour qu’il tire sa révérence.
L’acteur pro-Sanders Mark Ruffalo a dans cette lignée félicité Hillary Clinton pour sa « victoire historique » mardi, tout en appelant la « famille Sanders à continuer de mettre en avant nos valeurs progressistes ».
« Je suis assez bon en maths, et je sais que le combat qui nous attend est très, très difficile. Mais nous continuerons à nous battre pour chaque voix et chaque délégué », a lancé Sanders mardi soir, tout en restant évasif sur son calendrier.
L’espoir des partisans de Sanders est que sa campagne puisse peser sur le parti démocrate et faire évoluer les règles des prochaines primaires en 2020. Un de leurs défis est de diminuer le poids des superdélégués, ces responsables et élus du parti qui disposent librement de leur vote à la convention et font actuellement défaut à Bernie Sanders.
Pour Neil Sroka, de Democracy for America, une organisation politique pro-Sanders : « L’ampleur du rassemblement du parti derrière Hillary Clinton va dépendre de la manière dont elle va s’approprier la révolution politique et les problématiques progressistes qui ont défini la campagne ».
Tous les yeux étaient donc tournés sur Washington jeudi, dans l’attente de la réaction du sénateur, qui doit prononcer un discours prévu lors d’un meeting dans la soirée.
S’il ne renonce pas rapidement, la prochaine conversation avec Barack Obama risque toutefois d’être moins agréable.