Odeh : Nous pourrions soutenir Gantz s’il oublie « majorité juive » et annexion
Le chef de la Liste arabe unie, qui aurait 15 sièges à la Knesset, ne permettra pas à Liberman d'être ministre, dit que Kakhol lavan doit changer pour avoir le soutien des Arabes
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Le président de la Liste arabe unie a déclaré jeudi que le président de Kakhol lavan, Benny Gantz, devrait revenir sur ses propos en faveur de la formation d’une coalition à « majorité juive » et de l’annexion de certaines parties de la Cisjordanie afin que son alliance à majorité arabe puisse recommander que le chef du parti centriste soit appelé à former le gouvernement.
« Pour l’instant, avec l’attitude de Gantz [en faveur] d’une majorité juive et d’une annexion unilatérale, nous n’avons personne à recommander au président », a déclaré Ayman Odeh au radiodiffuseur public Kan. « S’il y a un changement après les élections dans le sens de la paix et de l’égalité, nous réévaluerons notre position ».
Tout au long de la campagne électorale, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a insisté sur le fait que le parti Kakhol lavan n’aurait aucun moyen de former un gouvernement sans un certain degré de soutien de la Liste arabe unie – un parti qui, selon le Premier ministre, n’a même pas été pris en compte dans le calcul électoral. Dans un effort pour attirer les électeurs de droite, Gantz a répondu en se distanciant de la Liste arabe unie, disant qu’il ne s’appuierait en aucune façon sur le parti et qu’il formerait une coalition composée d’une « majorité juive » à la Knesset. Il n’a jamais précisé sur quels partis il s’appuierait pour former un tel gouvernement.
Après avoir essuyé des critiques pour le terme « majorité juive », Gantz s’est excusé de l’avoir utilisé, disant qu’il reconnaissait l’offense faite aux non-juifs dans une interview télévisée quelques jours avant l’élection. Il a préféré utiliser le terme « majorité sioniste ». De toute évidence, cette clarification n’a pas suffi à satisfaire Odeh, qui a exigé une répudiation plus énergique de la position préélectorale de Kakhol lavan.

Odeh a également souligné l’opposition de son parti quant au soutien de Gantz à l’annexion de la Cisjordanie. Quelques semaines avant les élections, les leaders de Kakhol lavan se sont rendus dans la vallée du Jourdain où ils ont déclaré leur soutien à la déclaration de la souveraineté israélienne sur cette zone, qui représente environ 20 % de la Cisjordanie. Gantz a conditionné ce soutien à celui de la communauté internationale, ce qui semble rendre la question caduque étant donné que pratiquement aucun pays, à l’exception des États-Unis, n’a indiqué qu’il soutiendrait une telle initiative.
Cependant, l’idée d’une annexion a reçu un nouvel élan de Washington lorsque le président américain Donald Trump a publié en janvier son plan de paix qui prévoit que la vallée du Jourdain ainsi que toutes les implantations en Cisjordanie soient placées sous souveraineté israélienne. Gantz s’est rendu à Washington pour rencontrer Trump à la veille du dévoilement du plan et a déclaré son soutien à la proposition.
Mais en brouillant encore plus sa position sur la question de l’annexion, Gantz a déclaré par la suite qu’il était favorable au maintien d’une relation étroite avec les alliés que sont la Jordanie et l’Égypte, pour qui l’annexion a longtemps été une impasse.
« En attendant, nous allons voir si Gantz … a une approche différente maintenant que l’élection est derrière nous », a déclaré Odeh à Kan jeudi.

Mais malgré sa volonté présumée de soutenir le leader de Kakhol lavan, Odeh a pour ainsi dire disqualifié un autre parti qui sera essentiel si Gantz veut former un gouvernement avec l’aide de la Liste arabe unie.
« Nous ne permettrons pas [au président d’Yisrael Beytenu Avigdor] Liberman de devenir ministre », a-t-il déclaré, réitérant une position qu’il a prise tout au long de la campagne en réponse aux attaques de Liberman contre la Liste arabe unie, qu’il a qualifiée de « cinquième colonne ».
« Nous ne renoncerons pas à notre rôle de groupe légitime dans la politique [israélienne] », a déclaré M. Odeh.

Par ailleurs, jeudi, le député de la Liste arabe unie Ahmad Tibi a poussé plus loin les commentaires de M. Odeh sur Liberman, en déclarant que son parti ne soutiendrait aucun gouvernement qui comprendrait Yisrael Beytenu, qui a préconisé le « transfert » des Arabes israéliens vivant dans le fameux Triangle près de la Ligne verte vers un futur Etat palestinien.
Tibi a réitéré que le plus loin que son parti serait prêt à aller serait de soutenir une coalition dirigée par Kakhol lavan depuis l’opposition, mais qu’il ne se joindrait à aucun gouvernement.
Il s’est également opposé au souhait d’une « majorité juive », qui a également obtenu le soutien des députés du Likud, dont le ministre des Communications David Amsalem.
« Imaginez qu’en France et en Allemagne, on parle des Juifs [de cette manière] et qu’on essaie de les disqualifier de cette manière », a déclaré Tibi à la radio de l’armée.
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