Onze ambassadeurs européens mettent en garde contre l’annexion de la Cisjordanie
Pour les ambassadeurs britannique, français, allemand et d'autres, cette initiative violerait la loi internationale et nuirait à la stabilité régionale et à l'image de l'Etat juif
Onze ambassadeurs européens en Israël ont mis en garde Jérusalem, jeudi, contre de graves conséquences si les plans d’annexion de la Cisjordanie – définis dans le cadre d’un accord de coalition gouvernemental – prenaient effet.
Les envoyés du Royaume-Uni, d’Allemagne, de France, d’Irlande, des Pays-Bas, d’Italie, d’Espagne, de Belgique, du Danemark, de Finlande et de l’Union européenne ont fait part de leur objection officielle à cette initiative au ministère des Affaires étrangères, a déclaré la Treizième chaîne.
Les envoyés ont protesté contre le projet au cours d’une visioconférence organisée avec la vice-responsable de l’Europe au ministère, Anna Azari.
« Nous sommes très préoccupés par la clause figurant dans l’accord de coalition qui ouvre la voie à l’annexion de certains pans de la Cisjordanie. De telles annexions constituent une violation claire du droit international », ont fait savoir les ambassadeurs. « Des initiatives unilatérales telles que celles-ci nuiront aux efforts de reprise du processus de paix et auront des conséquences graves sur la stabilité régionale et sur l’image d’Israël dans l’arène internationale. »
Ils ont également réclamé un gel gouvernemental des plans de construction dans le quartier Givat Hamatos de Jérusalem-Est.
Jeudi également, la Ligue arabe a expliqué que l’annexion prévue constituait un « nouveau crime de guerre » contre les Palestiniens au cours d’une conférence virtuelle organisée depuis le Caire.
« La mise en œuvre des plans d’annexion de territoires ayant été occupés en 1967, notamment de la vallée du Jourdain… et des secteurs où se trouvent dorénavant des implantations israéliennes représentent un nouveau crime de guerre… contre les Palestiniens », ont estimé les ministres des Affaires étrangères arabes dans un communiqué conjoint.
La Ligue arabe a également vivement recommandé aux Etats-Unis de « retirer leur soutien à la mise en œuvre des plans du gouvernement d’occupation israélien ».
Lundi, les États-Unis ont fait savoir qu’ils étaient prêts à reconnaître l’annexion par Israël de la Cisjordanie, mais ils ont ajouté que cette option dépendait de l’offre faite aux Palestiniens pour créer leur État.
« Comme nous l’avons constamment et clairement établi, nous sommes prêts à reconnaître les actions israéliennes d’élargissement de la souveraineté et l’application de la loi israélienne dans les secteurs de Cisjordanie qui, selon le plan, seront intégrés à l’État d’Israël », a déclaré un porte-parole du département d’État américain lorsqu’il lui a été demandé si les États-Unis autoriseraient le nouveau gouvernement de Jérusalem à faire avancer le processus d’annexion.
« L’annexion aura lieu dans le cadre d’une offre faite aux Palestiniens d’obtenir leur propre État sur la base de termes et de conditions spécifiques, de dimensions territoriales et d’un soutien économique généreux. C’est une opportunité sans précédent et hautement bénéfique pour les Palestiniens », a poursuivi le porte-parole.
Les Palestiniens refusent toute négociation avec l’administration Trump, considérant qu’elle est partiale. Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a menacé la semaine dernière d’annuler tous les accords conclus avec l’État juif et les États-Unis si Israël devait faire avancer ses plans d’annexion.
Le président américain Donald Trump a dévoilé, au mois de janvier, un plan de résolution du conflit israélo-palestinien.
Rejeté par les Palestiniens et condamné par une grande partie de la communauté internationale, il donne à Israël le feu vert pour procéder à l’annexion des implantations et de la région stratégique de la Vallée du Jourdain.
Un accord de coalition gouvernementale conclu la semaine dernière présente un cadre de mise en œuvre des annexions mentionnées dans le plan de paix – une mise en œuvre qui devrait commencer début juillet.
Sous les termes de la proposition américaine, les Palestiniens obtiendraient un État souverain mais démilitarisé dans les parties restantes de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, ainsi que des promesses d’investissement majeures.
La capitale de l’État palestinien serait installée dans les faubourgs de Jérusalem, qui resterait pleinement sous souveraineté israélienne.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a expliqué dimanche qu’il avait « confiance » dans le fait que Trump le laisserait tenir sa promesse électorale de souveraineté sur certaines parties de la Cisjordanie « d’ici deux mois ».
Selon la formulation de l’accord de « gouvernement d’urgence » conclu entre le parti du Likud et la faction Kakhol lavan de Benny Gantz, dès le 1er juillet 2020, Netanyahu « sera en mesure de présenter l’accord conclu avec les États-Unis sur l’application de la souveraineté en Cisjordanie à l’approbation du cabinet ou devant la Knesset ».
De surcroît, « la loi sera adoptée dans les meilleurs délais… Et elle ne sera ni remise en cause, ni reportée par les présidents de la Commission de la Knesset, des Affaires étrangères et de la Défense ».
La convention conclue entre Netanyahu et Gantz stipule que toute action israélienne devra nécessairement être appuyée par les États-Unis et qu’elle devra prendre en compte les traités de paix signés avec la Jordanie et l’Egypte voisines – les deux seuls États arabes à avoir signé des traités de paix officiels avec l’État juif et à entretenir avec lui des relations diplomatiques.
La base de droite de Netanyahu souhaite faire avancer les plans d’annexion pendant que l’administration Trump, qui lui est favorable, est encore à la Maison Blanche.
Israël a conquis la Cisjordanie et Jérusalem-Est pendant la guerre des Six jours de 1967. Les Palestiniens veulent ces territoires dans le cadre d’un futur État indépendant. L’annexion de la Cisjordanie provoquerait la fureur des Palestiniens et des voisins arabes d’Israël.