Pentagone: Pompeo s’est « enrichi » avec le lobby israélien, accuse un conseiller
Douglas Macgregor, conseiller du nouveau secrétaire à la Défense, avait aussi dit en 2017 que Bolton était "l'homme de terrain" du lobby pro-israélien à la Maison Blanche
Un nouveau haut-conseiller au Pentagone a déclaré qu’à au moins deux occasions, l’argent du « lobby israélien » avait acheté le soutien de Washington à Jérusalem. Il a accusé d’éminents responsables, dont le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo, d’être devenus « très, très riches » en résultat de leur appui à l’Etat juif, a révélé vendredi CNN.
Il avait été demandé, au mois de septembre 2019, à Douglas Macgregor, colonel à la retraite, si le Conseiller à la sécurité nationale de l’époque, John Bolton, et le sénateur républicain Lindsey Graham voulaient la guerre contre l’Iran.
« Il faut s’intéresser à ceux qui donnent de l’argent à ces individus », avait riposté Macgregor.
« Bolton est devenu très, très riche et il est au poste qu’il occupe actuellement en raison de son soutien inconditionnel au lobby israélien. Il est leur homme de terrain à la Maison Blanche », avait-il ajouté.
« Et c’est largement la même chose pour Pompeo, qui nourrit l’aspiration de devenir président », avait continué Macgregor. « Il quémande l’argent du lobby israélien, des Saoudiens et des autres ».
Macgregor a été nommé conseiller du secrétaire d’Etat à la Défense Christopher Miller, qui a remplacé Mark Esper lorsque ce dernier a été limogé – avec d’autres – sans ménagement par le président américain Donald Trump, cette semaine. L’occupant du Bureau Ovale a préféré assigner à leur place des loyalistes à ces fonctions déterminantes.
Dans un entretien qui avait été accordé en 2012 à la chaîne russe d’Etat RT, Macgregor avait estimé que le lobby pro-israélien avait « une influence énorme » et qu’il réclamait des actions militaires contre l’Iran.
« Je pense que l’AIPAC [American Israeli Public Affairs Committee] et ses subordonnés représentent des quantités d’argent énormes qui, au fil des années, leur ont permis d’étendre leur influence gigantesque au Congrès », avait-il commenté.
« Je pense qu’il y a beaucoup de gens, au Capitole, qui tombent dans deux catégories. Et notamment une catégorie qui veut de l’argent et qui veut être réélue – mais qui ne veut pas prendre le risque de voir les différents lobbies qui prônent l’action militaire contre l’Iran financer leurs adversaires », avait poursuivi Macgregor.
Macgregor n’a pas répondu à une demande de réaction de CNN. Un porte-parole de Bolton a expliqué à la chaîne que « je ne réponds pas aux antisémites » et le département d’Etat s’est refusé à commenter les propos tenus à l’encontre de Pompeo.
Les déclarations financières soumises par Pompeo ne montrent aucun paiement de la part d’organisations explicitement pro-israéliennes. Bolton avait gagné des milliers de dollars auprès de tels groupes avant sa nomination au sein de l’administration Trump, a précisé CNN.
L’année dernière, la législatrice du Minnesota, Ilhan Omar, avait laissé entendre que les officiels américains apportaient leur soutien à Israël parce qu’ils étaient soumis aux riches donateurs juifs via l’AIPAC. Elle avait ultérieurement présenté ses excuses pour son tweet.
La controverse suscitée par les paroles de Macgregor n’est pas la première pour le colonel en retraite.
Les groupes juifs l’avaient mis en cause, au début de l’année, lorsqu’il avait été désigné comme un possible ambassadeur américain en Allemagne, après la révélation par CNN de nombreux propos polémiques de sa part.
Ainsi, en 2018, Macgregor avait déclaré qu’il « y a une sorte de mentalité mauvaise qui répète que les générations après les autres doivent expier les péchés de ce qui est arrivé en 13 ans d’histoire allemande en ignorant les
1 500 autres années de l’Allemagne ».
Il avait également qualifié les immigrants musulmans « d’envahisseurs » qui voulaient transformer l’Europe en « État islamique » et il avait demandé l’application de la loi martiale sur la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique, disant que les autorités américaines devaient « ouvrir le feu » si nécessaire pour dissuader les immigrants d’entrer dans le pays.
Avant le reportage réalisé par CNN au mois d’août, Bnai Brith International avait déjà fait part de ses inquiétudes au sujet de Macgregor. Dans un communiqué en date du 28 juillet, le groupe avait noté sa propension à insinuer que des « néo-conservateurs » au service des intérêts d’Israël contrôlaient la politique étrangère américaine.
« Il est important que les diplomates américains ne mettent pas en doute le patriotisme d’autres Américains dont le point de vue est différent du leur, en particulier dans la mesure où douter de la loyauté des Juifs à l’égard de l’Amérique est un trope antisémite », avait noté Bnai Brith.
L’AJC (American Jewish Committee) avait vivement recommandé à Pompeo de ne pas nommer Macgregor au poste d’ambassadeur.
« C’est en raison de notre fort engagement vis-à-vis de l’Allemagne que nous sommes autant troublés par les informations transmises ces derniers jours au sujet des nombreux propos incendiaires tenus par le colonel Macgregor au fil des années sur le gouvernement allemand, la confrontation de l’Allemagne avec son passé nazi, l’alliance de l’OTAN, la politique d’immigration et sur d’autres sujets », avait écrit le directeur-général de l’AJC, David Harris, dans un courrier adressé à Pompeo.
Le directeur-général de l’ADL (Anti-Defamation League), Jonathan Greenblatt, avait écrit sur Twitter que certaines paroles tenues dans le passé par Macgregor étaient « fanatiques et ignobles ». Il avait aussi dénoncé les propos tenus par le colonel en retraite sur l’Allemagne nazie.
JTA a contribué à cet article.