Israël en guerre - Jour 376

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Pologne : Des « criminels individuels » ont participé à la Shoah – Morawiecki

Le Premier ministre a dit à Haaretz que les propos de Katz sur l'antisémitisme pourraient être ceux d'un "extrémiste radical, mais non d'un chef de la diplomatie"

Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki arrive lors d'un sommet informel de l'UE à Salzburg, en Autriche, le 20 septembre 2018. (Crédit : AP Photo/Kerstin Joensson)
Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki arrive lors d'un sommet informel de l'UE à Salzburg, en Autriche, le 20 septembre 2018. (Crédit : AP Photo/Kerstin Joensson)

Dans un contexte de crise diplomatique avec l’Etat juif, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a déclaré dans un entretien publié vendredi que tandis qu’il reconnaissait que la population polonaise avait compris des « criminels individuels, comme dans toute nation », il n’accepterait aucune généralisation concernant l’implication de son pays dans les horreurs de la Shoah.

« Je n’ai aucun problème avec quelqu’un qui mentionnerait le fait que durant cette guerre cruelle, mauvaise, déshumanisante, il y a eu des criminels individuels dans ma nation – car il y en a manifestement eu comme cela a été le cas dans toutes les autres », a confié Morawiecki au quotidien Haaretz. « Mais lorsqu’on utilise un stéréotype comme ‘tous les Polonais boivent l’antisémitisme au sein de leur mère’, ce n’est rien d’autre que du racisme ».

Morawiecki a annulé dimanche la participation de son pays à un sommet de haut-niveau en Israël alors qu’une crise diplomatique semble s’enliser, suite à des propos tenus par le nouveau ministre israélien des Affaires étrangères Israel Katz et par le Premier ministre Benjamin Netanyahu sur la collaboration polonaise avec les nazis. Le bureau de Netanyahu avait fait savoir ultérieurement que ses commentaires avaient été mal retranscrits par les médias israéliens.

Katz avait prononcé ces paroles lors d’un entretien à la télévision qui avait été diffusé dimanche après sa nomination dans la journée au poste de ministre des Affaires étrangères par Netanyahu.

Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki, à gauche, et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la conférence sur la paix et la sécurité au Moyen-Orient à Varsovie, en Pologne, le 14 février 2019 (Crédit : AP/Michael Sohn)

« Je suis le fils de survivants de la Shoah et je suis né et j’ai grandi dans une communauté constituée de survivants de la Shoah », avait déclaré Katz dimanche devant les caméras de la Treizième chaîne. « Il nous est impossible de faire des compromis sur la Shoah : C’est clair et nous n’oublierons pas, nous ne pardonnerons pas ».

« Dans la diplomatie, on tente de ne pas offenser les autres mais personne ne peut pour autant changer la réalité historique pour atteindre cet objectif », avait-il ajouté. « Les Polonais ont collaboré avec les nazis, c’est un fait. Comme l’avait dit l’ancien Premier ministre Yitzhak Shamir, ils boivent l’antisémitisme dans le lait de leur mère ».

Lundi matin, Katz avait expliqué à la radio israélienne que « les Polonais ont participé à l’extermination des Juifs pendant la Shoah. La Pologne est devenue le plus grand cimetière du peuple juif. »

Morawiecki a déclaré à Haaretz qu’il avait été sidéré d’entendre ces mots de la part d’un ministre des Affaires étrangères.

« Quand j’ai entendu parler de ça, la première fois, cela m’a semblé totalement incroyable. De telles paroles ne peuvent être prononcées que par un extrémiste radical, pas par un ministre des Affaires étrangères », a dit Morawiecki. « Je comprends qu’au cours d’une campagne électorale, certains politiciens fassent la chasse aux gros titres ».

Yisraël Katz, assiste à une réunion du Comité des finances à la Knesset, le 26 février 2018. (Flash90)

Le leader polonais a également nié que son pays puisse avoir un problème de haine anti-juive.

« Nous devons également faire face à l’antisémitisme en Pologne mais heureusement, il reste marginal », a précisé Morawiecki.

« La Pologne est l’un des quelques pays de l’Union européenne où le nombre d’incidents antisémites est en baisse tandis que d’autres pays assistent à des développements inquiétants », a-t-il ajouté.

Jeudi soir, Katz lui-même a refusé de présenter des excuses, répétant encore que « de nombreux Polonais » avaient collaboré avec les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.

« Nous rejetons les actions qui visent à incriminer la Pologne ou la nation polonaise dans son ensemble dans les crimes commis par les nazis et leurs collaborateurs d’autres nations », a dit Morawiecki au cours de l’entretien accordé par Haaretz.

Il a poursuivi en disant que malgré les clarifications apportées par Netanyahu, les mots prononcés par le Premier ministre israélien n’avaient pas « été très bien reçus en Pologne », ajoutant que « tout ce que je peux dire, c’est que si quelqu’un devait mal retranscrire mes paroles, je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour le rectifier ».

Les tensions entre les deux pays connaissent un nouveau pic après l’adoption, l’année dernière, d’une loi qui rendait illégale l’incrimination de la Pologne dans les crimes nazis commis contre les Juifs pendant la Seconde guerre mondiale.

Les responsables israéliens avaient initialement raillé la loi polonaise, arguant qu’il s’agissait d’une dénaturation de l’histoire. Cette mesure avait entraîné une crise diplomatique majeure lorsque le Parlement polonais avait donné pour la première fois son feu vert à la législation, au mois de janvier 2018.

Le conflit sur la loi polonaise sur la Shoah avait été résolu, l’année dernière, lorsque la Pologne avait modéré la législation et que Netanyahu et son homologue polonais avaient convenu d’écrire une déclaration conjointe qui soulignait l’implication de la résistance polonaise dans le secours apporté aux Juifs.

La crise avait été considérée comme une réussite diplomatique pour la Pologne et Netanyahu avait dû affronter les critiques d’historiens en Israël, et notamment à Yad Vashem, qui avaient reproché au Premier ministre d’avoir ratifié une déclaration qui, selon eux, dénaturait l’histoire.

Sur cette photo de 1942 fournie par le bureau du procureur de Hambourg, Heinrich Himmler, au centre gauche, serre la main aux nouvelles recrues du camp de concentration de Trawniki dans la Pologne occupée par les nazis (Crédit : bureau du procureur de Habourg via le musée du mémorial de la Shoah des Etats-Unis via l’AP)

Morawiecki a répété le narratif de l’absolution de la Pologne face à toutes les accusations de collaboration avec l’Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale.

« La collaboration avec l’Allemagne n’a jamais été la position officielle de l’Etat polonais », a-t-il affirmé. « L’état polonais résistant, en temps de guerre, a persécuté tous ceux qui dénonçaient les Juifs, les condamnant à mort avant de les exécuter et ce, même pendant la guerre », a-t-il dit.

« La Pologne occupée a été l’un des quelques Etats sans gouvernement pantin des nazis. Et le seul dans lequel un individu qui aidait les Juifs a été condamné à mort par les Allemands. Et pas seulement cette personne – la famille entière aussi », a continué Morawiecki.

« C’était un acte de courage d’agir ainsi et pourtant, des dizaines de milliers de Polonais, peut-être plus, ont aidé leurs frères juifs… Nous partageons une histoire commune. Nos nations ont été toutes deux victimes de l’Allemagne nazie. Nous ne devons pas permettre à des radicaux de réécrire l’histoire et de détruire la mémoire », a-t-il dit.

Mais malgré la crise diplomatique avec Israël, Morawiecki a clamé penser que les relations entre les deux Etats reste forte.

« Je ne pense pas qu’il y ait une crise profonde entre la Pologne et Israël. Je comprends qu’au cours d’une campagne électorale, certains politiciens fassent la chasse aux gros titres. Mais, de manière générale, mon gouvernement est l’un des plus pro-israéliens de l’Union européenne et à l’ONU. Nous critiquons ouvertement les initiatives de BDS (Boycott, Divestment, Sanctions) contre Israël ».

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