Première rencontre entre le ministre de la Justice et la cheffe de la Haute cour
Gideon Saar a parlé du système judiciaire avec Esther Hayut, jurant de procéder à des changements majeurs dans son bureau ; il veut séparer en deux le poste de procureur-général
Le nouveau ministre de la Justice, Gideon Saar, et la présidente de la Cour suprême israélienne Esther Hayut se sont rencontrés mardi pour leur toute première réunion de travail depuis que Saar a pris ses fonctions, au début de la semaine.
Selon le ministère, ils se sont entretenus au bureau de Hayut, à Jérusalem, et ils ont évoqué différents sujets relatifs au système des tribunaux. Ils se sont engagés à se revoir rapidement à la fin de la rencontre.
Saar, qui a remplacé Benny Gantz à la barre du ministère de la Justice, prend ces fonctions alors qu’il n’y a pas eu de ministre stable au sein de l’institution depuis un certain temps. Ce ministère est l’une des instances gouvernementales les plus controversées, tandis que certains ministres, dans le passé – cela a notamment été le cas de la toute nouvelle ministre de l’Intérieur, Ayelet Shaked — ont appelé à limiter drastiquement les pouvoirs de la Haute-cour.
Lors de la cérémonie de passation de témoin qui a eu lieu lundi au ministère en présence de son prédécesseur Benny Gantz, Saar s’est engagé à « corriger » – « sans le détruire », a-t-il précisé – le système judiciaire israélien.
« Le système a besoin de changements systématiques », a-t-il affirmé, jurant d’adopter une approche non-partisane « pour corriger ce qui doit l’être. Corriger, oui ; détruire non », a-t-il poursuivi.
Saar a évoqué le discours politique qui a enveloppé le ministère de la Justice, ces dernières années.
« Le débat public sur le système judiciaire, ces dernières années, s’est appuyé sur deux extrêmes », a-t-il estimé. « D’un côté, certains délégitiment le système, dénoncent la pureté de ses motivations et diffament ceux qui le font vivre en utilisant des théories du complot et en cherchant à saper ses fondements et à défaire son indépendance ».
L’autre extrême, a continué Saar, sont ceux « qui rejettent toute critique et qui s’opposent à tout changement ».
« Ceux-là n’ont jamais rien vu à corriger et s’ils ont vu des choses, ils n’ont jamais trouvé le temps de le faire », a-t-il dit.
Saar a aussi parlé des violences récentes qui ont touché les villes mixtes où se côtoient Arabes et Juifs en Israël pendant le conflit qui a opposé l’État juif et les groupes terroristes de Gaza, le mois dernier.
« Les événements du mois dernier n’ont fait que me rendre plus conscient encore de ce qu’on sait pourtant en Israël depuis longtemps », a-t-il indiqué. « Il y a de larges pans du territoire où l’état de droit n’existe plus. Dans le sud, en Galilée, à Lod ou dans le sud de Tel Aviv », a continué Saar, qui a noté qu’un État moderne « ne peut pas accepter l’existence de zones extraterritoriales où il n’y a pas de loi, pas d’application du droit, pas d’ordre ».
Saar a promis de placer la protection des droits de l’Homme et l’égalité de tous les citoyens au cœur de son agenda.
« Avant tout, le système judiciaire est là pour fournir des services aux citoyens de ce pays », a-t-il dit. « Nous devons le rendre plus efficace et plus accessible. »
Il a également fait remarquer que « dans le discours israélien sur les droits de l’Homme, il y a seulement une place marginale – s’il y en a seulement une – pour les droits de suspects, des détenus ou des mis en examen dans le puissant système judiciaire de l’État. »
Saar se serait battu, dans l’accord conclu par Tikva Hadasha pour rejoindre la coalition, pour obtenir du nouveau gouvernement la capacité de diviser en deux le poste de procureur-général. Cette initiative, qui exigerait l’approbation du gouvernement et l’adoption d’une législation, viserait à créer un poste distinct de chef du parquet au sein de l’État juif, le procureur-général restant seulement le conseiller juridique du gouvernement. Selon la Treizième chaîne, Saar aurait l’intention de présenter ce plan dès le mois de septembre.
Le procureur-général actuel, Avichai Mandelblit, avait été nommé par le Premier ministre de l’époque, Benjamin Netanyahu, en 2016. S’il a été un proche, pendant longtemps, de l’ex-Premier ministre, c’est Mandelblit qui a été à la tête de l’enquête pour corruption qui a finalement entraîné la mise en examen de Netanyahu.
Mandelblit a dit être opposé à l’initiative de diviser le poste de procureur-général en deux fonctions bien distinctes.