Première réunion ministérielle sur les dangers de l’élévation du niveau de la mer
Le ministère de la Protection de l’environnement lance un plan pour faire face aux risques pour les villes côtières, malgré les résistances du ministère de l’Énergie
Selon une information publiée dimanche, le ministère de la Protection de l’environnement a tenu ses premières réunions, cette semaine, sur la préparation aux effets attendus du changement climatique en Israël.
Le ministère est grandement préoccupé par l’élévation du niveau de la mer, de l’ordre d’1,86 mètre d’ici la fin du siècle, et de ses effets sur les les villes côtières du pays, a fait savoir le site d’information du journal Maariv.
En préambule aux réunions interministérielles consacrées à l’adaptation au changement climatique, le ministre de la Protection de l’environnement, Idit Silman, aurait déclaré que « l’administration passait en phase opérationnelle avec l’établissement de prévisions concrètes concernant le changement climatique ».
Selon cette même information, différents scénarios climatiques et leurs conséquences ont été présentés lors de ces réunions. Les conséquences de chaque scénario seront examinées par les parties prenantes dans le mois qui vient, après quoi des recommandations seront formulées pour guider la politique du gouvernement sur les deux prochaines années.
Ces réunions font écho aux tentatives de Silman pour rallier des soutiens pour son projet de loi sur le climat auprès de la commission ministérielle des lois, qui accompagne les projets de loi de la coalition tout du long du processus législatif à la Knesset. La commission s’est réunie lundi, suite à un débat retardé la semaine dernière.
Le projet de loi exige que les émissions de gaz à effet de serre soient réduites de moitié d’ici 2030, par rapport à 2015. Cet objectif, qui faisait partie des accords de coalition du gouvernement, dépasse de loin l’objectif de réduction des émissions de 27 % inclus dans un projet de loi sur le climat, adopté en première lecture sous le gouvernement précédent.
Le ministère de l’Énergie exige que les objectifs de réduction des émissions de réchauffement climatique restent flexibles et que son directeur général dirige une commission spéciale sur ces réductions. Les défenseurs de l’environnement insistent depuis longtemps pour qu’une loi sur le climat fixe des objectifs obligatoires en matière de réduction des émissions.
Dans un document de position soumis à la fin du mois dernier, le ministère de l’Énergie reprenait des arguments répétés à maintes reprises par le passé, affirmant que des objectifs ambitieux seraient coûteux – puisqu’en l’absence de subventions gouvernementales, les coûts d’installation solaire sont répercutés sur le consommateur – et que la continuité des approvisionnements énergétiques pourrait être menacée, dans la mesure où le soleil, principale source d’énergie renouvelable d’Israël, ne brille pas la nuit lorsque l’énergie est nécessaire.
Le ministère de l’Énergie estime qu’une réduction de 50 % des émissions nécessiterait la fourniture de 58 000 mégawatts d’énergie solaire, alors que 5 000 mégawatts seulement sont disponibles actuellement, plus 280 gigawatts d’énergie stockée de manière à produire de l’électricité de nuit et par temps nuageux. Actuellement, la capacité de stockage n’est que de trois mégawatts.
Ces dernières années, le ministère de l’Énergie a mis la priorité sur l’exploitation maximale des réserves de gaz naturel d’Israël avant que ce combustible fossile ne soit plus désirable ou demandé.
Il a systématiquement échoué dans l’atteinte de ses propres objectifs en matière d’énergies renouvelables : 10 % des besoins énergétiques auraient dû être couverts par des sources renouvelables avant 2020 – chiffre que le ministère a à peine atteint à la fin de l’année dernière – et l’objectif est d’atteindre les 30 % d’ici 2030.
Un collectif de scientifiques de l’ONU a récemment fait savoir que le monde devait réduire de 60 % ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2035, par rapport à 2019, pour empêcher une hausse des températures supérieure au maximum d’1,5 degré Celsius convenu en 2015 par les pays signataires à Paris.
« Le rythme et l’ampleur de ce qui a été fait jusqu’à présent, ainsi que les plans actuels, sont insuffisants pour lutter contre le changement climatique », a déclaré le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) dans son sixième rapport de synthèse.
Le monde s’est déjà réchauffé de 1,1 degré Celsius depuis que l’humanité a commencé à brûler des combustibles fossiles à l’échelle industrielle, au 19ème siècle.
Selon le professeur Yoav Yair, doyen de l’École de durabilité de l’Université Reichman à Herzliya, en Israël, les températures ont augmenté d’environ 1,4 degré Celsius entre 1950 et 2017 et la majeure partie de cette hausse s’est produite ces 30 dernières années.
Sue Surkes a contribué à cet article.