Près de 90 morts dans le naufrage d’un bateau de migrants au large de la Syrie
Selon l'ONU, au moins 38 bateaux transportant plus de 1 500 personnes ont quitté ou tenté de quitter illégalement le Liban par la mer, entre janvier et novembre 2021
Au moins 89 corps ont été découverts depuis le naufrage jeudi au large des côtes syriennes d’un bateau transportant des migrants en partance du Liban, a annoncé samedi l’agence de presse officielle syrienne SANA.
« Il y a 89 morts, 14 personnes sont en convalescence à l’hôpital Al-Basel, dont deux en soins intensifs », a déclaré Iskandar Ammar, un responsable de l’hôpital al-Basel, dans la ville portuaire de Tartous, dans l’ouest de la Syrie, cité par l’agence Sana.
Un précédent bilan communiqué plus tôt samedi faisait état de 86 morts alors que les recherches se poursuivent pour tenter de retrouver d’éventuels survivants, plusieurs personnes étant toujours portées disparues depuis le naufrage.
Selon les autorités syriennes, environ 150 personnes, principalement des Libanais et des réfugiés syriens et palestiniens, se trouvaient à bord du petit bateau qui a fait naufrage au large de Tartous.
L’armée libanaise a fait état de son côté de l’arrestation d’un passeur présumé impliqué dans ce drame.
Il s’agit d’un Libanais qui « a admis avoir organisé » ce périple depuis le Liban et « qui devait s’achever en Italie par voie maritime », avant de se solder par une tragédie.
Le Liban devient de plus en plus un point de départ d’embarcations illégales de migrants depuis le déclenchement en 2019 d’une grave crise économique et financière causée par des décennies de mauvaise gestion et de corruption d’une classe dirigeante quasi inchangée depuis des décennies.
Dix enfants morts noyés
Dix enfants figurent parmi les naufragés, a de son côté affirmé samedi le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef).
Au Liban, plusieurs familles se préparaient samedi pour entamer le deuil de leurs proches, après la remise de leurs corps au poste-frontière d’Arida avec la Syrie voisine.
Des funérailles sont prévues samedi, d’autres familles ont déjà enterré leurs proches vendredi.
Il s’agit du naufrage le plus meurtrier survenu ces dernières années entre la Syrie, ravagée par plus de 11 ans de conflit, et le Liban, qui traverse selon la Banque mondiale une des pires crises économiques au niveau mondial depuis 1850.
De nombreux passagers libanais du bateau sont originaires de régions pauvres du nord du pays, notamment de la ville de Tripoli, devenue une plaque tournante de l’immigration illégale en Méditerranée, notamment pour les réfugiés syriens, mais aussi de plus en plus de Libanais.
« La population libanaise vit dans des conditions désastreuses, mais la situation est particulièrement grave pour les personnes les plus démunies, y compris les réfugiés », a indiqué vendredi la directrice régionale de l’Unicef pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, Adele Khodr dans un communiqué.
« Quête de dignité »
Vendredi, le Haut Commissaire des Nations unies pour les Réfugiés, Filippo Grandi, a déploré « une nouvelle tragédie déchirante », appelant la communauté internationale à venir en aide pour « améliorer les conditions des personnes forcées de fuir leur pays, ainsi que celles des communautés qui les accueillent ».
« Ceux qui embarquent dans ces bateaux de fortune (…) risquent leur vie en quête de dignité », a pour sa part indiqué Philippe Lazzarini, commissaire général de l’agence de l’ONU responsable de l’aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA). « Nous devons faire davantage pour (…) aider les Libanais et les autres peuples de la région à surmonter le sentiment de désespoir. »
À la suite de l’effondrement économique au Liban, des réfugiés syriens et palestiniens et des Libanais ont tenté de traverser la Méditerranée à bord d’embarcations de fortune pour se rendre vers des pays européens, notamment l’île de Chypre, située à 175 kilomètres des côtes libanaises.
En avril, le naufrage d’un bateau de migrants surchargé, pourchassé par la marine libanaise au large de Tripoli, avait fait des dizaines de morts et provoqué une vive colère dans le pays en crise.
Le 13 septembre, les garde-côtes turcs ont annoncé la mort de six migrants parmi lesquels deux bébés, et secouru 73 personnes qui tentaient de gagner l’Europe, au large de la province de Mugla, dans le sud-ouest de la Turquie. Ces migrants auraient embarqué depuis le port libanais de Tripoli.
Selon l’ONU, au moins 38 bateaux transportant plus de 1 500 personnes ont quitté ou tenté de quitter illégalement le Liban par la mer, entre janvier et novembre 2021.