Qui a tiré sur Beer Sheva et mis fin à la trêve ? Peu importe pour Israël
Le Hamas affirme ne pas avoir visé Israël mardi après-midi ; un petit groupe terroriste aurait agi à son insu
Le Hamas affirme avoir été tout aussi surpris de la reprise des tirs de roquettes mardi après-midi en Israël, les dirigeants du mouvement déclarant qu’il n’avait rien à voir avec la salve de missiles visant Beer Sheva huit heures avant la fin d’une journée de trêve.
Israël tient le Hamas pour responsable de tous les tirs de roquettes en provenance de Gaza, que le groupe soit directement impliqué ou non, mais il se pourrait qu’un petit groupe, lassé des pourparlers de cessez-le-feu, ait lancé les roquettes mardi.
Sur Facebook, le chef adjoint du bureau politique du Hamas, Moussa Abu Marzuk, accusait Israël de violer la trêve, disant qu’il ne pouvait résister à une occasion en or d’éliminer le chef militaire du Hamas Mohammed Deif.
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« Dans un geste inattendu, Israël annonce que trois missiles sont tombés. Netanyahu déclare la fin des négociations, rappelle la délégation [des négociations israéliennes] et met fin au cessez-le-feu au grand étonnement de tout le monde », écrit Marzouk, relatant les événements qui se sont déroulés au Caire.
« Nous ignorons la raison de ces mesures, mais peu de temps après, on apprenait qu’aucune roquette n’a été lancée à partir de Gaza. C’était simplement une excuse pour prendre pour cible une figure importante du Hamas. »
Le discours d’Abu Marzuk, mis en ligne durant la nuit mercredi, correspondait à la ligne officielle du Hamas.
« La violence a été initiée par l’occupation israélienne », a affirmé le négociateur du Hamas Izzat al-Rishq dans une apparition à la télévision mardi soir, cité sur le site officiel du mouvement. « La résistance se trouve toujours [au Caire] et donne toutes leurs chances à ces négociations. »
« Israël nous impose la guerre une fois de plus, et nous n’avons d’autre choix que de faire face et de gagner », a-t-il ajouté sur Facebook mercredi matin.
Le Hamas accuse régulièrement Israël de briser la trêve, même quand il attaque clairement en premier. Les tirs de roquettes sur Beer Sheva ont été rapportés dans les médias israéliens et internationaux.
Les résidents ont déclaré avoir entendu de fortes explosions et les dommages causés par les tirs de missiles dans les terrains vagues ont été montrés à la télévision, ce qui dément les allégations de fausse alerte du Hamas.
En dépit de l’affirmation du porte-parole du Premier ministre Benjamin Netanyahu Mark Regev disant que c’est le Hamas qui a rompu la trêve (pour la onzième fois), et malgré la position israélienne statuant que le Hamas porte la responsabilité globale de toutes les attaques depuis Gaza, il est tout à fait possible qu’une autre organisation ait tiré les roquettes. A ce jour, aucun mouvement palestinien n’a revendiqué la responsabilité de la violation de la trêve.
À 11h15, mardi soir, le Hamas a revendiqué la responsabilité du tir de deux missiles Grad sur Beer Sheva. Un porte-parole de Tsahal a confirmé au Times of Israel que deux roquettes avaient en effet été lancées à partir de la bande de Gaza ; une interceptée par le Dôme de fer sur la ville et l’autre atterrissant dans une zone ouverte.
Mais quelques minutes plus tard, un autre groupe armé basé à Gaza, non représenté à la table des négociations au Caire, les Comités de résistance populaire (CRP), a revendiqué la responsabilité du tir de trois roquettes Grad à Beer Sheva exactement à 11h30.
Le porte-parole de Tsahal n’avait connaissance d’aucune trace de ces trois roquettes, et pourtant, les Comités de résistance populaire se sont vantés que « l’ennemi sioniste a admis que les roquettes soient tombées et que de fortes explosions aient été entendues à Beer Sheva, » dans une attaque qui devait venger la tentative d’élimination de Mohammed Deif, où sa femme, sa fille et son fils sont morts.
Il est possible que les CRP ont tardivement revendiqué les tirs de roquettes ayant eu lieu huit heures plus tôt, hésitant à admettre qu’ils avaient rompu la trêve, mais tout de même fiers de la tâche accomplie.
Les CRP seraient les principaux suspectés pour avoir contourné le Hamas en tirant sur Israël.
Créés en 2000 par l’ancien membre du Fatah Jamal Abu Samhadana, le groupe, à travers sa branche armée les Brigades d’Al-Nasser Salah Ad-Din, a commis de nombreux attentats terroristes contre des civils israéliens vivant à Gaza avant le retrait unilatéral d’Israël en 2005.
De même, les CRP ont activement participé aux tirs de missiles sur Israël tout au long de l’opération Bordure protectrice.
Quelques heures avant les roquettes sur Beer Sheva, les CRP ont publié un communiqué très ferme accusant Israël de « procrastination et de tromperie » dans ses relations avec les négociateurs palestiniens.
Ils ont appelé l’Egypte à « faire pression sur l’ennemi sioniste pour qu’il réponde aux exigences de notre peuple et à rejeter d’emblée les conditions imposées par l’ennemi sioniste en échange de la levée du siège ».
Le porte-parole de Tsahal a cessé de blâmer le Hamas pour les premiers tirs sur Beer Sheva, accusant « les terroristes de Gaza. » Mais le bureau du Premier ministre considère cette distinction comme ayant peu de conséquences, même si le Hamas n’était pas au courant des tirs.
« Le Hamas est responsable des tirs de roquettes depuis la bande de Gaza, » a déclaré un responsable israélien anonyme au Times of Israel.
Une opinion partagée par le conseiller à la sécurité nationale de Netanyahu, Yaakov Amidror, actuellement chercheur au Centre Begin-Sadate d’études stratégiques.
« Le Hamas ne peut pas jouer à ce jeu : quand ça l’arrange, il représente la bande de Gaza, et quand ça l’arrange pas, il ne la représente plus. Cela n’existe pas. C’est la vie », a déclaré Amidror au Times of Israel.
« Le Hamas est l’organe qui contrôle la bande [de Gaza]. Il ne peut pas venir au Caire, faire des réclamations et des demandes, mais quand cela ne l’arrange pas, tout simplement dire ‘c’est pas moi, c’est lui’. Si vous ne pouvez pas contrôler, dites-le, et nous saurons que vous n’êtes pas la bonne personne [avec qui parler] ».
Amidror a ajouté qu’Israël a la légitimité de frapper des cibles du Hamas, même sachant que c’est un autre mouvement qui a tiré les roquettes.
« Bien sûr », a-t-il opiné. « Cela dit, nous devons agir intelligemment. »
Si Israël savait avec certitude que le Hamas n’était pas intéressé par une escalade et était piégé par un mouvement rebelle, agir contre le Hamas serait idiot, précise-t-il.
« Entre un marteau de 5 kg et un marteau de 2 kg, le plus lourd n’est pas toujours le meilleur », dit-il.
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