Ryad et Doha reprochent à Jérusalem les tensions au mont du Temple
Les États arabes appellent à une intervention de la communauté internationale pour mettre fin aux "violations israéliennes" sur le lieu saint
L’Arabie Saoudite et le Qatar ont rejoint le concert des condamnations d’Israël et de son usage de la force contre les Palestiniens à la mosquée d’Al-Aqsa, le site saint de Jérusalem connu pour les Juifs comme le mont du Temple, après des affrontements entre la police israélienne et des fidèles musulmans dans la journée.
Une source au ministère des Affaires étrangères saoudien a dénoncé l’assaut des « forces d’occupation israéliennes » sur la mosquée d’Al-Aqsa et l’attaque de « fidèles au premier jour de l’Aïd Al-Adha », d’après l’agence de presse saoudienne.
« La source a exprimé le rejet du royaume de la continuation des violations israéliennes contre le peuple palestinien, appelant la communauté internationale à le protéger des diverses pratiques agressives israéliennes qui provoquent les sentiments des musulmans et violent les droits des frères palestiniens ».
Le Qatar a également appelé à une intervention internationale pour mettre un terme aux « agressions israéliennes » sur le site, d’après le site Ynet.
Dimanche marquait le début de l’Aïd al-Adha, une fête musulmane célébrant la fin du pèlerinage annuel à la Mecque, et qui coïncidait cette année avec la journée juive du jeûne de Tisha BeAv.
D’après la police israélienne, des dizaines de milliers de fidèles musulmans se sont rassemblés aux abords du mont du Temple dimanche matin pour les prières de l’Aïd. Des milliers d’entre eux se seraient ensuite rassemblés près de la porte des Maghrébins, qu’empruntent généralement les Juifs pour accéder au mont, et se sont mis à lancer des pierres et d’autres objets contre les forces de l’ordre.
Le commandant du District de Jérusalem Doron Yedid a ainsi donné l’ordre de mettre un terme aux heurts par des « moyens de dispersion ». Sur des images des incidents, on peut voir la police lancer du gaz lacrymogène et utiliser d’autres armes anti-émeutes contre les Palestiniens.
Au moins 61 fidèles musulmans auraient été blessés lors des heurts dont une quinzaine ont été hospitalisés, selon le Croissant-Rouge. Au moins quatre officiers israéliens ont également été légèrement blessés, a précisé la police.
Les Palestiniens s’étaient réunis près de la porte des Maghrébins de « façon pacifique » pour protester contre la possibilité qu’Israël autorise les Juifs sur le mont du Temple pendant l’Aïd al-Adha, d’après un officiel du Waqf s’exprimant sous couvert d’anonymat.
« Il est inacceptable qu’ils soient autorisés sur le site pendant notre fête sainte », a-t-il dénoncé.
Tôt dans la matinée, la police avait fait savoir qu’elle n’autorisait pas l’accès au site aux non-musulmans « à ce stade ». Plusieurs heures plus tard, cependant, plus d’un millier de Juifs ont eu le droit de traverser le site.
Traditionnellement, les autorités israéliennes proscrivent l’accès au site aux non-musulmans lors des fêtes musulmanes, pour éviter les tensions religieuses, mais des exceptions ont déjà été faites lorsque des fêtes juives ont eu lieu en même temps.
Dimanche, Amman a également condamné Israël pour les heurts.
Pour le ministre jordanien des Affaires étrangères Ayman Safadi, Israël essaye de modifier le statu quo dans les lieux saints disputés à Jérusalem après les affrontements entre la police israélienne et des émeutiers musulmans. « Nous condamnons totalement les violations d’Israël de la mosquée bénie Al-Aqsa », a déclaré Safadi dans un tweet écrit en langue arabe.
« Les actions absurdes des autorités d’occupation et les tentatives de changer le statu quo dans Jérusalem occupée ne feront que conduire à exacerber le conflit et à faire exploser la situation. Nous appelons la communauté internationale à prendre ses responsabilités et à faire pression sur Israël pour qu’il cesse ses violations ».
Dans un communiqué, Sufyan Qudah, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères jordanien, a fustigé les violations éhontées continues des Israéliens à l’égard de la mosquée d’Al-Aqsa, la dernière en date étant l’agression des forces israéliennes contre les fidèles et les employés du conseil du Waqf de Jérusalem au sanctuaire », a déclaré le porte-parole.
Et d’ajouter : « Le royaume rejette totalement ces pratiques absurdes et les provocations irresponsables le premier jour de l’Aïd al-Adha sacré et tient le gouvernement pour responsable de toutes leurs ramifications ».
Sufyan Qudah a également fait savoir que la Jordanie avait adressé une lettre de protestation à Israël via les canaux diplomatiques officiels, l’appelant à « respecter la sainteté de la mosquée et les sentiments des fidèles ».
La Jordanie est responsable d’Al-Aqsa depuis des décennies, un rôle qu’Israël a reconnu dans le traité de paix signé avec le royaume hachémite en 1994.
Nabil Abu Rudeineh, porte-parole de Mahmoud Abbas, s’en est également pris à l’État juif : « Nous tenons le gouvernement pour responsable de l’attaque de la mosquée d’Al-Aqsa et de l’agression des fidèles, une grande provocation contre les sentiments des musulmans qui enflamme la situation et accroît les tensions ».
Il a également fait savoir que le président de l’Autorité palestinienne communiquait avec « toutes les parties pour empêcher la dangereuse escalade d’Israël aux dépens de notre peuple et de ses sites sacrés », a rapporté Wafa, l’agence de presse officielle de l’Autorité.
Semblant faire référence à la présence de Juifs sur le mont du Temple, il a ajouté que les Palestiniens « mettent en garde le gouvernement israélien contre l’impunité accordée aux colons pour commettre ces crimes ».
Le bureau du ministère israélien de la Sécurité publique a indiqué dimanche que 1 729 Juifs s’étaient rendus sur le mont du Temple aujourd’hui contre 1 440 l’année dernière pour Tisha BeAv.