Selon la mère d’un otage retenu à Gaza, le CICR sert de « Uber des otages libérés »
Rachel Goldberg a été informée que les otages ayant plus de "valeur" pour le Hamas vivants, les blessés ont probablement été soignés à l'hôpital
Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »
Rachel Goldberg, dont le fils Hersh Goldberg-Polin est retenu en otage à Gaza, a déclaré mercredi que le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) avait fait du bon travail « en étant le service Uber pour les otages relâchés », faisant référence au fait que l’organisation avait fait passer la frontière à des groupes d’ex-otages pour les emmener en Israël, mais n’avait rien fait pour ceux qui étaient encore en captivité.
S’adressant aux journalistes, Rachel a fourni plusieurs détails qu’elle et son époux, Jon Polin, ont appris sur l’enlèvement de leur fils.
Le bras de Hersh a été arraché à partir du coude par une grenade le 7 octobre, lorsque lui et 27 autres personnes ont été attaqués par des terroristes palestiniens du Hamas alors qu’ils tentaient de se cacher dans un miklat – abri antiatomique public – dans le sud d’Israël. Ils ont été bombardés de grenades, d’un lance-roquettes, puis de coups de feu tirés par les hommes sur-armés du Hamas. De nombreuses personnes à l’intérieur de l’abri sont mortes. Hersh a été emmené à Gaza.
Ses parents ont été informés que les otages ont plus de valeur pour le Hamas s’ils sont vivants, et que d’après les renseignements les otages blessés ont été emmenés à l’hôpital.
« Nous savons qu’il y a des médecins et des chirurgiens très compétents à Gaza », a déclaré Rachel. « Ce qu’on nous a expliqué, c’est que même si la blessure a l’air horrible, ce n’est pas une opération compliquée », et qu’il suffirait au chirurgien d’amputer au-dessus de la partie déchiquetée du membre.
« Il aurait ensuite besoin d’antibiotiques, ce qui pose bien sûr la question de savoir si cela s’est produit ou se produit encore », a déclaré Rachel.
Alors que la famille s’est adressée au CICR et à d’autres organisations humanitaires tous les jours depuis le 7 octobre, chacune – leur a répondu qu’elle serait prête à rendre visite aux otages, mais que le groupe terroriste palestinien du Hamas ne les laissait pas entrer.
« Nous pensions qu’ils n’insistaient pas assez », a déclaré Rachel. « Puis la Croix-Rouge est allée voir des civils de Gaza. »
Les parents de Hersh et les autres familles des otages ont alors espéré que le CICR verrait un otage pour chaque civil gazaoui, « mais cela ne s’est pas produit non plus », a déploré Rachel.
Cette semaine, Jon a visité le miklat d’où son fils a été enlevé.
Leur fils a été « écrasé dans cet espace », a déclaré Jon, décrivant l’abri de campagne « minuscule et en béton » de 1,80 m sur 1,80 m où Hersh et son ami Aner Shapiro ont tenté de se cacher, aux côtés de 27 autres personnes. Aner a renvoyé sept ou huit grenades avant d’être tué.
Ceux qui ont survécu ont vu que le bras de Hersh avait été arraché à partir du coude. Une vidéo envoyée plus tard à ses parents par le présentateur de CNN Anderson Cooper montre que Hersh a marché jusqu’à la camionnette du Hamas, dans laquelle – en compagnie de plusieurs autres personnes – il a été conduit à Gaza.
« Je pense qu’il est complètement choqué et traumatisé dans cette vidéo », a déclaré Rachel. « Malheureusement, c’était il y a 54 jours et nous n’avons aucune nouvelle [depuis]. »
Regarder les réunions des otages libérés avec leurs proches a offert le « premier moment de répit et une parcelle de lumière et un minuscule instant d’espoir », a reconnu Rachel.
« À ce stade, nous connaissons tellement de ces personnes, je connais ces mères, j’ai participé à ces réunions. L’idée que ces enfants soient seuls dans l’obscurité était tout simplement insupportable. »
Rachel a mentionné sa présence à Rome pour rencontrer le pape aux côtés de Moshe Leimberg, dont l’épouse Gabriela et la fille Mia ont été enlevées. Toutes deux ont été libérées mardi soir en même temps que la sœur de Gabriela, Clara Marman, tandis que d’autres membres de cette famille élargie sont toujours retenus à Gaza.
« Nous sommes devenus amis avec cet homme, qui était un homme brisé, anéanti, et puis la nuit dernière, nous les avons vus sortir », a-t-elle déclaré. « Évidemment, j’aimerais beaucoup que Hersh soit l’un de ceux qui sont libérés. Mais il n’est pas une femme et il n’est pas un enfant, et c’est ainsi que les choses se présentent. »
Hersh, dit-elle, est un jeune homme gentil et curieux qui aime la musique et les festivals de musique, et qui est obsédé par la géographie et les voyages depuis qu’il est très jeune. Il avait l’habitude de lire le National Geographic comme un livre, a déclaré Rachel, « même les articles vraiment ennuyeux ».
Il croit aussi à la paix et à la coexistence, et le livre qu’il a laissé sur sa table de nuit est L’art du bonheur, du Dalaï Lama.
« C’est Hersh », a déclaré Rachel.
Cette mère se sent « comme la moitié d’elle-même ». Elle puise sa force dans ce que les gens leur écrivent, ainsi que dans sa religion et sa foi.
« Je prie tous les matins, j’ai une relation [particulière] avec cette idée de Dieu. Je prie et lis beaucoup de Psaumes », a-t-elle expliqué.
« Chaque jour, nous essayons de nous tenir vraiment occupés et de continuer à lancer des appels dans toutes les directions. Essayer de retourner ciel et Terre pour le sauver m’évite de m’effondrer. »
Quant à Hersh, ose Rachel, « j’espère que vous pourrez le rencontrer. Vous pourrez voir sa nouvelle main bionique ».