Shaked exhorte Netanyahu à annexer dès maintenant la vallée du Jourdain
Critiquant la justice qui impose des limites aux gouvernements de transition, la députée de HaYamin HaHadash dit que l'annexion de la Cisjordanie peut et doit avoir lieu sans délai
Raoul Wootliff est le correspondant parlementaire du Times of Israël
La députée du parti HaYamin HaHadash, Ayelet Shaked, a appelé dimanche le Premier ministre Benjamin Netanyahu à ignorer les limites potentielles d’un gouvernement de transition et à annexer immédiatement la vallée du Jourdain en Cisjordanie.
« Bien sûr, un gouvernement de transition a le pouvoir d’annexer la vallée du Jourdain », a-t-elle déclaré lors d’une conférence organisée par le journal de droite Makor Rishon à Jérusalem, affirmant que l’actuel gouvernement israélien, considéré comme « de transition » depuis les élections d’avril, devrait pouvoir agir comme un gouvernement régulier sans restrictions particulières.
S’insurgeant contre ce qu’elle a décrit comme un « système judiciaire débridé », Ayelet Shaked a accusé les conseillers juridiques et les juges du gouvernement d’avoir « créé le chaos politique actuel » dans le pays en interprétant la loi de manière à imposer au gouvernement des « limites inutiles et sélectives ».
« Un régime dans lequel les juristes décident de ce qui est correct et de ce qui doit être défendu est anti-démocratique », a-t-elle dénoncé.
En septembre, Netanyahu a juré qu’en cas de réélection, il annexerait immédiatement la vallée du Jourdain, une bande de terre reliant la Cisjordanie à la Jordanie qu’Israël considère comme un bien vital pour sa sécurité, dans ce qui était largement considéré comme une tentative pour attirer le soutien des électeurs de droite.
Le 18 novembre, le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a semblé ouvrir la voie à une telle annexion, et peut-être celle d’autres zones de la Cisjordanie, lorsqu’il a déclaré que l’administration ne considérerait plus les implantations israéliennes comme illégales, rejetant un avis juridique émis en 1978 par le Département d’État selon lequel celles-ci étaient « incompatibles avec le droit international ».
Ces derniers jours, Netanyahu a appelé à plusieurs reprises à la formation d’un gouvernement d’unité pour qu’Israël puisse procéder à l’annexion, ainsi qu’à l’adoption du pacte de défense mutuelle, invoquant une administration américaine qui le soutient.
Son parti, le Likud, a même affirmé que le Premier ministre est déterminé à rester au pouvoir pendant six mois supplémentaires – une demande de négociation d’une coalition d’unité – uniquement pour mener à bien l’annexion de la vallée du Jourdain et le pacte de défense avec les États-Unis.
Shaked a estimé dimanche qu’il n’en avait pas besoin et ne devrait pas attendre.
« Je pense que le gouvernement Netanyahu doit annexer la vallée du Jourdain maintenant. J’espère que ce sera le cas. C’est ce que je veux. Il le faut », a-t-elle déclaré.
S’exprimant avant Shaked lors de la même conférence, Netanyahu a insisté dimanche matin sur le fait qu’il avait discuté de l’annexion possible de la vallée du Jourdain et d’autres parties de la Cisjordanie avec Pompeo lors d’une réunion tenue la semaine dernière, malgré un démenti du ministère américain de la Défense samedi dernier.
« Je veux que les Américains reconnaissent notre souveraineté dans la vallée du Jourdain. C’est important », a dit M. Netanyahu, affirmant qu’Israël a actuellement une « grande opportunité » de le réaliser, tout en concluant un pacte de défense mutuelle entre Israël et les États-Unis.
« Il est temps d’appliquer la souveraineté israélienne dans la vallée du Jourdain et de régulariser toutes les localités de Judée et de Samarie, celles des blocs et celles de l’extérieur. Elles feront partie de l’État d’Israël », a-t-il juré, utilisant un terme biblique pour désigner la Cisjordanie en référence aux blocs d’implantations qui, selon beaucoup, seront conservés dans tout accord de paix avec les Palestiniens.
Israël a conquis Jérusalem-Est et la Cisjordanie, y compris la vallée du Jourdain, pendant la guerre des Six Jours en 1967. Les Palestiniens revendiquent ce territoire pour un futur État, avec Jérusalem-Est comme capitale. Avant 1967, le territoire était occupé par la Jordanie, qui ne l’a pas annexé ni cédé aux Palestiniens.
« Il a été dit que nous n’avions pas discuté d’un plan officiel et c’était vrai, mais la question a été soulevée et je l’ai soulevée auprès du secrétaire d’État Pompeo et j’ai l’intention de soulever la question auprès du gouvernement Trump », a promis le Premier Ministre.