Sortie d’un livre pour enfants en anglais consacré aux héros du 7 octobre
Conçu avec des spécialistes des traumas infantiles et édité par Hadassah Ben-Ari, "The Heroes of October 7" montre aux enfants “les moments de grâce et d'héroïsme de la guerre”
Le 8 octobre 2023, au deuxième jour de la guerre entre Israël et le Hamas déclenchée par le pogrom perpétré par l’organisation terroriste palestinienne du Hamas dans le sud d’Israël, Hadassah Ben-Ari, 35 ans, se trouvait chez elle, avec ses sept enfants, et tentait de prendre la mesure de la nouvelle réalité dans laquelle venait d’entrer Israël.
Dans sa ville de Pardes Hannah, loin de Gaza et de la frontière nord du Liban où les tirs de roquettes sur Israël avaient déjà commencé depuis les zones contrôlées par l’organisation terroriste chiite libanaise du Hezbollah, soutenue par l’Iran, la situation était anormalement calme, sans signe d’alerte. Les enfants jouaient encore dehors.
C’est alors que Ben-Ari a compris que ses enfants n’avaient pas pleinement pris conscience de la gravité de la situation. Sensible aux messages des spécialistes recommandant de ne pas exposer les enfants à des images brutales, elle s’est toutefois aperçue que « si je ne leur dis pas ce que je sais à propos de la guerre, ils s’informeront auprès de sources non fiables, sur internet, auprès de leurs amis ou en se faisant des idées ».
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C’est dans le but d’aider ses enfants à comprendre ce qui se passe en Israël qu’elle s’est lancée dans le projet, « The Heroes of October 7 » (Les héros du 7 octobre), destiné à compiler, dans un format adapté aux enfants, les actes héroïques qui ont émaillé ce jour funeste et tous ceux qui l’ont suivi.
Ce projet a d’ores et déjà donné lieu à la publication d’un ouvrage en anglais, lui aussi intitulé The Heroes of October 7, publié le mois dernier par la célèbre maison d’édition Yediot Books de Tel Aviv, qui signe là son tout premier livre pour enfants en anglais.
Ce livre relié et illustré offre 71 histoires héroïques vraies, de militaires comme de civils, survenues autour du 7 octobre, lorsque des milliers de terroristes du Hamas ont déferlé sur le sud d’Israël au petit matin pour y tuer 1 200 personnes et faire 251 otages.
Connue en Israël comme l’ex-femme – récemment et courtoisement divorcée du célèbre chanteur religieux Hanan Ben-Ari, elle est la rédactrice en chef et productrice de ce projet qui se décline sur les réseaux sociaux et sur un site Internet qui contient quelque 200 histoires en hébreu, anglais et français. Une version reliée en hébreu de The Heroes of October 7 a été publiée en avril dernier.
Les bénéfices du projet « The Heroes of October 7 » vont à Brothers for Life, organisation dédiée à la rééducation des soldats israéliens blessés en mission.
Toutes sortes de héros
Les histoires, écrites par plusieurs auteurs israéliens dont Ben-Ari elle-même, ont vocation à « parler des horreurs qui ont eu lieu tout en protégeant nos enfants, sans oublier les moments de grâce et d’héroïsme de cette guerre », explique Ben-Ari au Times of Israel depuis le confort de son salon.
Il n’est pas rare que ces récits aient été écrits et publiés sur Internet en hébreu au moment où les faits étaient relatés par les médias israéliens, en collaboration avec les familles, « très heureuses » de participer, souligne Ben-Ari.
Les récits choisis pour la version anglaise reprennent des histoires désormais fort connues comme celle des « Cookies de Rachel », qui explique que Rachel Ederi, d’Ofakim, a gardé des terroristes chez elle en faisant mine d’être malade et en leur offrant des biscuits.
Il y a aussi « General Grandpa », à propos du général de Tsahal Noam Tibon, qui le 7 octobre est parti de chez lui, dans le centre d’Israël, pour aller dans le sud, sauver des vies et être auprès de ses soldats pour mener la lutte, avant de retrouver son fils et ses proches à Nahal Oz.
D’autres histoires sont bien moins connues, à l’instar d’« Inbal sauve le kibboutz Nir Am », qui explique que la vivacité d’esprit et détermination d’Inbal Rabin-Lieberman à organiser l’escouade de sécurité du kibboutz Nir Am, le matin du 7 octobre, ont permis de repousser les dizaines de terroristes qui voulaient entrer dans leur communauté.
D’autres histoires, encore, parlent de ceux qui sont morts, comme « L’officier qui a touché le ciel » ou l’histoire de Sahar Saudien, opératrice du Dôme de fer qui, après avoir aidé à repousser des centaines de roquettes de Gaza, a été tuée en rechargeant le dispositif.
Une autre histoire, « La bravoure d’Aner Shapira », raconte de quelle manière Shapira, officier de Tsahal et rappeur amateur, en permission au festival Supernova envahi par les terroristes le 7 octobre, a défendu des festivaliers cachés en repoussant à plusieurs reprises des grenades, jusqu’à ce que l’une d’entre elles lui explose entre les mains.
L’ouvrage fait délibérément une place à tous les pans de la société israélienne, précise Ben-Ari, sans faire l’impasse sur les Arabes israéliens et les Bédouins qui ont pris des risques pour sauver des vies. « Nous avons tellement à apprendre d’eux. Ils font partie de notre histoire israélienne », ajoute-t-elle
Dans la mesure où ces histoires s’adressent aux jeunes lecteurs, l’accent est mis sur les valeurs d’« amitié, de camaraderie, de don, d’amour et de chaleureuse « israélité » qui se sont incarnées pendant la guerre », écrit Ben-Ari en introduction.
Les récits ne contiennent pas de descriptions des combats ou des morts, pas davantage que du contexte profond des événements évoqués.
Conçu sous la supervision d’une équipe de psychologues, « The Heroes of October 7 » (Les héros du 7 octobre) se veut un outil d’apprentissage à lire en présence d’un adulte, histoire après histoire, et non comme un roman pour jeunes adultes, précise-t-elle.
En Israël, l’édition en hébreu est destinée aux enfants de 9 ans et plus, mais après consultation avec des psychologues pour enfants américains, la version anglaise est recommandée aux jeunes âgés de 11 ans et plus. Certains passages ont été légèrement modifiés, car « les Américains sont d’une grande sensibilité s’agissant de leurs enfants », poursuit Ben-Ari.
The Heroes of October 7 est l’un des nombreux livres parus en Israël à propos de la guerre – la Bibliothèque nationale d’Israël a récemment publié une note indiquant que 169 publications étaient sorties cette année sur le sujet – mais « très peu » pour les enfants, souligne Ben-Ari.
« J’aimerais que les gens du monde entier lisent ces histoires, les utilisent à l’école ou les lisent à leurs petits-enfants et aux autres », explique Ben-Ari.
« Tout tourne autour de ces gens ordinaires qui se sont subitement confrontés à quelque chose d’incroyablement difficile et totalement inimaginable. »
Ces histoires sont conçues pour former une sorte de musar, texte juif traditionnel destiné à enseigner l’éthique et la morale. Je rêve que « les enfants le lisent, apprennent des choses sur eux et sur ce qui fait un héros afin de trouver le héros qui sommeille en eux », confie Ben-Ari.
Les récits compilés dans cet ouvrage font d’ores et déjà « partie de l’histoire israélienne » et les héros dont on parle sont dignes de « Captain America et Spider-Man », ajoute-t-elle.
Contrairement à ce que l’on dit d’Israël à l’étranger, les Israéliens « n’aiment pas la guerre », poursuit Ben-Ari. « Nous aimons les héros, et nous voulons faire le bien et éliminer le mal de la Terre. Nous voulons la paix. Shalom [paix] est l’un des noms d’Elohim », ajoute-t-elle en donnant l’un des nombreux noms de Dieu en hébreu.
Ben-Ari aura peut-être l’occasion de défendre ce point de vue en personne car elle prévoit une courte tournée de promotion de son livre en Amérique du Nord « avant Hanoukka », mais d’abord, dit-elle en riant, elle doit se coordonner avec son célèbre ex-mari, qui a des spectacles prévus aux États-Unis.
Il faut que quelqu’un soit là pour les enfants, « c’est le plus important. Nous trouverons le moyen d’y arriver », conclut-elle.
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