Israël en guerre - Jour 586

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Tel Aviv : Manifestation contre l’expulsion des enfants des ouvriers étrangers

Le ministère de l'Intérieur a prévu d'expulser cet été 50 enfants nés en Israël et leurs mères dont le visa de travail a expiré

Des enfants manifestent à Tel Aviv contre la décision d'expulser environ 50 enfants de travailleurs étrangers et leurs mère cet été, le 24 juin 2019 (Crédit :  Melanie Lidman/Times of Israel)
Des enfants manifestent à Tel Aviv contre la décision d'expulser environ 50 enfants de travailleurs étrangers et leurs mère cet été, le 24 juin 2019 (Crédit : Melanie Lidman/Times of Israel)

La place Habima à Tel Aviv est envahie, en cet après-midi de lundi, par des milliers de parents et d’enfants qui se sont rassemblés pour protester contre l’expulsion prévue d’environ 50 enfants de travailleurs étrangers cet été.

Selon le ministère de l’Intérieur, ces enfants, qui sont nés en Israël, se trouvent illégalement dans le pays, les visas de travail de leurs mères ayant expiré.

Dans ce rassemblement, il y a Azriel, 13 ans, qui habite Tel Aviv et qui a revêtu son uniforme de scout pour l’occasion. Il explique que tout ce qu’il désire dans l’existence est « d’obtenir une carte d’identité pour que je sois sûr de pouvoir rester en Israël ».

Il est heureux de voir tant de monde présent autour de lui mais il s’inquiète de ce qui pourrait lui arriver cet été. La date de son expulsion a été fixée au 1er août.

« J’ai des amis et de la famille qui vont être expulsés mais je veux véritablement croire que ça n’arrivera pas », s’exclame l’ami d’Azriel, Justin, 12 ans, lui aussi philippin mais qui, pour sa part, n’a pas reçu d’avis d’expulsion.

C’est un schéma récurrent pour les travailleurs étrangers d’origine philippine – ils sont approximativement 30 000 à se trouver en Israël, que ce soit légalement ou illégalement.

Ils sont généralement employés comme aides-soignants pour les personnes âgées. Souvent, ces travailleurs viennent au sein de l’Etat juif avec un visa de travail aux normes, mais ils restent ensuite dans le pays pour continuer une activité au noir après l’expiration de leurs visas.

Un grand nombre de ces Philippins – 85 % sont des femmes – résident en Israël depuis plus de 15 ans.

En 2006 et en 2009, le ministère de l’Intérieur avait menacé d’expulsion des centaines d’enfants nés en Israël et dont les parents n’avaient pas obtenu de renouvellement de leurs visas de travail.

L’indignation publique qui avait suivi avait mené à la « décision humanitaire » prise en 2010 de ne pas expulser les enfants en âge d’être scolarisés.

La loi n’avait pas été changée, mais pendant neuf ans, l’Autorité de la population, de l’immigration et des frontières, qui appartient au ministère de l’Intérieur, avait largement honoré cette décision jusqu’au printemps dernier, quand les responsables de l’immigration ont notifié à une cinquantaine d’enfants et à leurs mères qu’ils devaient quitter le pays pendant l’été.

Deux enfants Philippins lors de la manifestation contre les expulsions à Tel Aviv, le 24 juin 2019 (Crédit : Melanie Lidman/Times of Israel)

« Nous parlons de citoyens étrangers qui prolongent leur séjour en violation avec toutes les lois et sans aucun statut légalisé », avait commenté Sabine Hadad, porte-parole de l’Autorité de la Population, de l’immigration et des frontières.

« Ces travailleurs ont été arrêtés en raison de leur séjour illégal prolongé même s’il a été décidé de laisser leurs enfants terminer l’année scolaire par égard pour eux », avait-elle ajouté, notant que les mères et les enfants avaient reçu des appels à un « départ volontaire » – préférant ce terme à la désignation officielle « d’expulsion ».

Ainsi, les responsables de l’immigration ont arrêté des femmes dont le visa de travail avait expiré, leur donnant une date pour leur départ au cours de l’été.

Les mères qui resteront au-delà de cette date-butoir seront placées en détention avec leurs enfants dans des centres pour immigrants jusqu’à ce qu’elles acceptent de signer un papier déclarant qu’elles ont pris la décision de quitter volontairement le pays.

« Nous constatons des tentatives permanentes de tirer profit de notre souci de laisser les enfants terminer leur année scolaire », a indiqué Hadad.

Les premières expulsions sont prévues le 5 juillet.

Les activistes ont pour leur part exprimé leur frustration : En raison des élections du mois de septembre, ils se trouvent dans l’incapacité d’exercer des pressions sur des membres de la Knesset ou sur le ministère de l’Education, ce qu’ils ont pu faire dans le passé.

Fredy, migrant philippin qui se trouve à Tel Aviv depuis 17 ans, a aidé à organiser la manifestation de lundi avec un certain nombre de groupes communautaires philippins et d’écoles accueillant des enfants dont l’expulsion a été programmée.

« Ces gamins ne connaissent rien d’autre : ici, c’est chez eux », explique Fredy, qui refuse de donner son nom de famille.

« Nous voulons le dire à tous les Israéliens : Nous vous le demandons, nous vous supplions : N’expulsez pas les enfants », s’exclame-t-il.

Des femmes avec le groupe communautaire philippin United Children of Israel, qui a aidé à organiser la manifestation contre les expulsions à Tel Aviv, le 24 juin 2019 (Crédit :Melanie Lidman/Times of Israel)

Un petit groupe de contre-manifestants opposés aux travailleurs étrangers et aux demandeurs d’asile dans le sud de Tel Aviv est également là, affichant son soutien aux expulsions. Il est toutefois immédiatement entouré par un vaste cercle d’enfants qui leur lancent : « Les racistes, rentrez chez vous ! »

Les parents discutent les uns avec les autres, appuyés sur des poussettes, et des enfants de toutes les origines et de tous les âges – certains portant une tenue de taekwondo et d’autres leurs uniformes de scoutisme, arborant leurs insignes – agitent à bout de bras des drapeaux israéliens et courent sur la place.

Avec la fin de l’année scolaire, le mouvement de protestation ressemble presque à une fête d’école de fin d’année – sur laquelle planerait toutefois un nuage noir.

Liat Lavi est venue manifester avec d’autres parents pour protester contre l’expulsion de l’un des meilleurs amis de son fils de dix ans.

« Quand nous avons appris la nouvelle, ça a été terrible. Mon enfant a pleuré, il ne comprenait pas pourquoi », raconte-t-elle. « Il ne comprenait pas ce qui était en train de se passer, et pourquoi on ne peut rien changer à la situation ».

Lavi affirme avoir toujours été pointilleuse en ce qui concerne le respect des règles et qu’elle ne soutient pas l’immigration illégale. Mais apprendre à connaître l’ami de son fils lui fait dorénavant envisager le sujet de manière plus personnelle.

« Ils se connaissent depuis leur entrée à l’école, il est toujours chez nous le vendredi après-midi et c’est un enfant qui est tellement poli. C’est un gamin merveilleux », commente-t-elle.

Lori, une travailleuse philippine qui vit à Tel Aviv, clame que voir le nombre important de participants sur la place venu pour afficher leur mécontentement et faire part de leur soutien aux familles en péril d’expulsion lui réchauffe le cœur.

« Cela nous montre qu’il y a des gens, en Israël, qui ne veulent pas que nous soyons expulsés », dit Lori, qui est mère de deux enfants âgés de 8 et de 9 ans. Elle n’a pas reçu d’avis d’expulsion, mais de nombreux Philippins craignent toutefois que cette première série d’expulsions n’entre dans le cadre d’un programme-pilote qui ouvrirait la voie au départ forcé de milliers d’autres enfants dans un avenir proche.

« Ces enfants sont nés ici, leur vie est ici. Ils ne sauront pas comment tout recommencer ailleurs », déplore-t-elle, tenant une pancarte que laquelle est écrit le slogan : « J’aime Israël mais Israël m’aime-t-il ? »

Des scouts du groupe de scoutisme Dizengoff venus manifester contre les expulsions de deux membres de leur groupe sur la place Habima de Tel Aviv, le 24 juin 2019 (Crédit : Melanie Lidman/Times of Israel)

« Nous sommes là parce que c’est en train d’arriver à nos amis proches et qu’il faut que nous nous fassions entendre », dit Mika, 14 ans, membre du groupe de scoutisme de la rue Dizengoff. Deux scouts de leur groupe ont reçu des avis d’expulsion.

« Ils font partie de nous », ajoute Mika, évoquant ses deux camarades. « Tout le monde devrait bénéficier de l’égalité des droits et du droit à vivre une vie normale. Le fait qu’ils aient tiré une carte différente dans leur existence ne signifie pas pour autant qu’ils doivent tout abandonner comme ça, qu’ils nous quittent ».

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