Trop beau pour être vrai : la “pièce rare” d’une fillette de 8 ans n’est pas un artefact antique
Initialement prise pour une pièce frappée durant la période de la Grande Révolte, entre 66 et 70 de l'ère commune, la pièce n'a en réalité aucune valeur : il s'agit d'un souvenir réalisé au département de la Jeunesse du musée d'Israël
Pendant plus de 20 ans, les enfants qui visitaient le musée d’Israël pendant la période hivernale de Hanoukka ont pu rentrer chez eux avec une pièce « antique ». Ce souvenir est une réplique exacte, bien que sur une seule face, d’une pièce antique.
Mais il semblerait que la réplique soit trop exacte.
Les médias internationaux ont évoqué la semaine dernière la rare trouvaille d’une pièce d’un demi-shekel vieille de 2 000 ans, par Hallel Halevy, une fillette âgée de 8 ans originaire de Halamish. Il s’avère que cette « pièce », loin d’être antique et porteuse de valeur, est l’une des dizaines de milliers de pièces souvenirs frappées au musée d’Israël au cours de ces vingt dernières années.
Le Times of Israël a été informé de cette mauvaise identification dimanche matin par le docteur Haim Gitler, conservateur en chef d’Archéologie et conservateur au département numismatique du musée d’Israël.
« Il est impossible qu’il s’agisse [d’une pièce] authentique. Ce n’est même pas une pièce antique. La qualifier de pièce est en soi une exagération », a expliqué Gitler. Il dit être certain que la pièce d’Halevy a été faite au musée d’Israël lors d’une récente fête de Hanoukka, parce que tous les reliefs sont absolument identiques à ceux du moule utilisé.
« La vraie question, c’est : date-t-elle de 2015 ou de 2016 ? », a indiqué Gitler. Il a ajouté que le musée qualifie cette pièce de « souvenir » et non pas de « faux ». « Vous ne pouvez pas dire que c’est un faux, puisqu’elle n’a pas été conçue pour passer pour un vrai ». Les souvenirs ont une vocation éducative, et l’un des côtés est délibérément vierge, pour éviter, justement, toute erreur d’identification.
Gitler a expliqué qu’à chaque fête de Hanoukka, l’une des activités proposées par le musée consiste à faire frapper aux enfants leur propre « pièce antique » à partir d’un alliage de plomb. Choisi parce que c’est une « métal blanc » mou, que les enfants peuvent facilement mouler en frappant avec un petit marteau sur la minuscule frappe du musée, le plomb peut noircir avec le temps, mais retrouve sa brillance s’il est poli.
La pièce d’Hallel Halevy a été retrouvée près d’un site archéologique vieux de 2 000 ans, appelé Chubalta, alors qu’elle allait chercher sa petite sœur au jardin d’enfant. Elle l’a gardée dans son petit coffre au trésor jusqu’à la fin de l’été, quand sa grande sœur l’a repérée et lui a suggéré de la montrer à leur père Shimon, un avocat.
Le coté lisible de la pièce est orné d’un grenadier à trois branches, avec les mots « Sainte Jérusalem » écrits avec la typographie antique de l’époque du premier Temple. Une fois qu’Hallel a brossé la pièce ternie, elle a révélé son brillant, et semblait réellement antique. Pour obtenir davantage d’informations, Shimon s’est tourné vers un voisin, le professeur Zohar Amar, de l’université Bar-Ilan, spécialiste en histoire de la nature et en mode de vie de l’Israël d’autrefois, et qui a dirigé le département des Études de la Terre d’Israël et d’Archéologie en 2004, 2005 et 2009.
Amar a également souligné dans un premier article paru dans Israël National News, qui a dévoilé l’histoire, et au Times of Israël, qu’il fallait davantage d’inspections. Quand Shimon Halevy lui a amené la pièce, il en a fait un examen initial. Après avoir comparé sa typographie avec celle de ses livres d’archéologie, et après avoir pesé la pièce, Amar a supposé qu’il s’agissait d’une rare pièce d’un demi-shekel, datant de l’époque de la Grande Révolte juive contre les Romains, entre les années 66 et 70 de l’ère commune.
Amar a déclaré au Times of Israël dimanche qu’à « l’œil nu, la pièce semble authentique, mais qu’il est impossible de l’affirmer avant qu’elle ne soit étudiée en laboratoire. »
« Il est possible que Gitler ait raison, mais tant qu’elle n’a pas été vérifiée par les laboratoires, nous ne pouvons pas en être sûrs », a déclaré Amar.
Halamish étant une implantation de Cisjordanie, l’application de la loi israélienne impose aux citoyens de remettre les antiquités qu’ils trouveraient à l’unité archéologique du COGAT. Mercredi, la pièce a été remise à un archéologue du COGAT, qui, selon Amar, pensait que la pièce était authentique, et a remis à la fillette de huit ans un certificat de reconnaissance.
Selon son père, Shimon, l’archéologue a remercié la famille. Il l’a examinée et a déclaré « qu’ils ne nous la rendront pas, parce que c’est un objet archéologique, a-t-il dit dimanche. « Il n’a manifesté aucun doute » quant à son authenticité.
Shimon a déclaré qu’il « faut revérifier, évidemment », et qu’il attend les résultats définitifs pour en parler à sa fille Hallel.
En réponse à une demande du Times of Israël, adressée au COGAT quant à l’authenticité de la pièce, un porte-parole a écrit : « La semaine dernière, une pièce de l’époque du second Temple a été retrouvée à Halamish. La pièce a été confiée au directeur du bureau d’archéologie de l’Administration civile aujourd’hui, et après avoir fait les examens nécessaires, nous serons en mesure de donner davantage d’informations sur le sujet. »
Mais pour Gitler, du musée d’Israël, l’affaire est classée.
« Je suis certain, à un million de pour cent, et c’est un euphémisme », dit-il.
... alors c’est le moment d'agir. Le Times of Israel est attaché à l’existence d’un Israël juif et démocratique, et le journalisme indépendant est l’une des meilleures garanties de ces valeurs démocratiques. Si, pour vous aussi, ces valeurs ont de l’importance, alors aidez-nous en rejoignant la communauté du Times of Israël.
Nous sommes ravis que vous ayez lu X articles du Times of Israël le mois dernier.
C'est pour cette raison que nous avons créé le Times of Israel, il y a de cela onze ans (neuf ans pour la version française) : offrir à des lecteurs avertis comme vous une information unique sur Israël et le monde juif.
Nous avons aujourd’hui une faveur à vous demander. Contrairement à d'autres organes de presse, notre site Internet est accessible à tous. Mais le travail de journalisme que nous faisons a un prix, aussi nous demandons aux lecteurs attachés à notre travail de nous soutenir en rejoignant la communauté du ToI.
Avec le montant de votre choix, vous pouvez nous aider à fournir un journalisme de qualité tout en bénéficiant d’une lecture du Times of Israël sans publicités.
Merci à vous,
David Horovitz, rédacteur en chef et fondateur du Times of Israel