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Les Etats-Unis sont le deuxième émetteur mondial de gaz à effet de serre, derrière la Chine.

Trump : les Etats-Unis cessent « dès aujourd’hui » l’application de l’accord de Paris

L'accord de Paris "désavantage les Etats-Unis," et le retrait "n'aura pas beaucoup d'impact" sur le climat, a estimé le 45e président américain ; Pékin monte au créneau

Le président américain Donald Trump s'adresse aux personnels militaires et aux familles sur la base aérienne de  Sigonella après le sommet des chefs d'état et de gouvernement du G7, le 27 mai 2017, près de Taormina en Sicile (Crédit : Mandel Ngan/AFP)
Le président américain Donald Trump s'adresse aux personnels militaires et aux familles sur la base aérienne de Sigonella après le sommet des chefs d'état et de gouvernement du G7, le 27 mai 2017, près de Taormina en Sicile (Crédit : Mandel Ngan/AFP)

Le président Donald Trump a annoncé jeudi une sortie des Etats-Unis de l’accord de Paris sur le climat, risquant de provoquer une onde de choc mondiale pour les 194 autres pays signataires de ce texte historique.

Après des semaines d’atermoiements, l’homme d’affaires septuagénaire tient ainsi une de ses promesses de campagne au nom de la défense des emplois américains. Donald Trump s’était engagé à abandonner un accord multilatéral scellé fin 2015 dans la capitale française et voulu par son prédécesseur Barack Obama, et visant à limiter la hausse de la température moyenne mondiale.

« Afin de remplir mon devoir solennel de protection de l’Amérique et de ses citoyens, les Etats-Unis se retireront de l’accord de Paris sur le climat », a annoncé Donald Trump depuis la roseraie de la Maison Blanche, sous les applaudissements.

Il a martelé qu’il ne « voulait rien qui puisse se mettre en travers » de son action pour redresser l’économie de la première puissance mondiale.

Mais le président républicain a aussi assuré que son pays était prêt à négocier un nouvel accord climat.

M. Trump a toutefois hésité pendant de longues semaines et de nombreuses voix, sur la scène internationale (Chine et UE en tête), dans le monde des affaires et au sein même de son administration, l’ont appelé à revoir sa position, rappelant ces derniers jours l’urgence d’agir face au réchauffement en cours.

Cet accord est « essentiel », avait martelé jeudi la chancelière allemande Angela Merkel depuis Berlin, à quelques heures de l’annonce de M. Trump.

La chancelière allemande Angela Merkel pendant une conférence de presse à Berlin après l'attaque au camion bélier contre un marché de Noël de la ville qui a fait au moins 12 morts, le 20 décembre 2016. (Crédit : John MacDougall/AFP)
La chancelière allemande Angela Merkel pendant une conférence de presse à Berlin après l’attaque au camion bélier contre un marché de Noël de la ville qui a fait au moins 12 morts, le 20 décembre 2016. (Crédit : John MacDougall/AFP)

Les Etats-Unis sont le deuxième émetteur mondial de gaz à effet de serre, derrière la Chine.

La portée de cette décision va aller bien au-delà de la question climatique ; elle donne une indication sur la place que les Etats-Unis version Donald Trump entendent occuper sur la scène internationale dans les années à venir.

Pour Mitt Romney, candidat républicain à la Maison Blanche en 2012, c’est « la place de l’Amérique comme leader mondial » qui est aussi en jeu.

Dans une tribune publiée mercredi dans le Wall Street Journal, deux des principaux conseillers du président, le général H.R. McMaster et Gary Cohn assuraient, en référence au slogan de campagne de l’exubérant homme d’affaires, que « L’Amérique d’abord » ne voulait pas dire « L’Amérique seule ».

Pékin monte au créneau

Un retrait de l’accord de Paris place cependant les Etats-Unis dans une position inconfortable sur la scène internationale.

Avant l’allocution présidentielle, la Chine et l’Union européenne étaient montées au créneau pour défendre l’accord qui vise à contenir la hausse de la température moyenne mondiale « bien en deçà » de 2°C par rapport à l’ère pré-industrielle.

Depuis Berlin, où il a rencontré la chancelière allemande Angela Merkel, le chef du gouvernement chinois Li Keqiang a assuré que son pays tiendrait ses engagements. « Mais bien sûr, nous espérons aussi le faire avec la coopération des autres », a-t-il pris soin d’ajouter.

Pékin a été, avec l’administration américaine de Barack Obama, l’un des principaux artisans de cet accord sans précédent.

Les responsables de l’Union européenne ont adopté un ton moins diplomatique.

Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker avait jugé un retrait inacceptable. « Je suis un partisan de la relation transatlantique mais (…) dans un texte de loi et dans les accords internationaux, tout ne relève pas des informations bidons », a-t-il lancé dans une allusion aux accusations récurrentes de Donald Trump contre les « fake news ».

Jean-Claude Juncker (Crédit : CC BY 2.0/Wikimedia commons)
Jean-Claude Juncker (Crédit : CC BY 2.0/Wikimedia commons)

G7 divisé

La question a profondément divisé le sommet du G7 qui vient de s’achever en Italie, tous ses participants, à l’exception du président américain, ayant réaffirmé leur engagement envers ce texte.

L’objectif des Etats-Unis, fixé par l’administration Obama, est une réduction de 26 % à 28 % de leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici 2025 par rapport à 2005.

Le président démocrate, qui avait fait du climat l’une des priorités de ses deux mandats, mettait régulièrement en avant la « course contre la montre » dans laquelle la communauté internationale est engagée pour tenter de limiter les effets les plus dévastateurs des bouleversements climatiques en cours.

La position même de Donald Trump sur le changement climatique, qu’il a par le passé qualifié de « canular », reste entourée du plus grand flou.

Le président de la première puissance mondiale croit-il à l’impact des activités humaines sur le réchauffement en cours, sujet qui fait l’objet d’un très large consensus scientifique ?

« Je ne peux le dire, je ne lui ai pas demandé », avait répondu cette semaine son porte-parole sans sourciller.

« En tant que ministre de l’Energie d’Israël, je déclare que mon engagement à réduire l’utilisation de charbon polluant et à le remplacer par du gaz naturel n’a pas changé, quelle que soit la décision du président américain », a écrit plus tôt dans la journée de jeudi le ministre de l’Energie, Yuval Steinitz.

Il a affirmé que l’accord de Paris, signé en 2015, était un « rare cas dans lequel le monde s’est uni par inquiétude pour la santé des générations futures. »

« Il est très important que, même s’il y a des changements, cette initiative historique n’échoue pas. »

Yuval Steinitz (Crédit photo: Miriam Alster/Flash90)
Yuval Steinitz (Crédit photo: Miriam Alster/Flash90)

L’ancien président démocrate Barack Obama a dénoncé jeudi la décision de son successeur Donald Trump de retirer les Etats-Unis de l’accord de Paris sur le climat, qu’il avait signé.

« J’estime que les Etats-Unis devraient se trouver à l’avant-garde », a déclaré dans un communiqué Barack Obama.

« Mais même en l’absence de leadership américain ; même si cette administration se joint à une petite poignée de pays qui rejettent l’avenir ; je suis certain que nos Etats, villes et entreprises seront à la hauteur et en feront encore plus pour protéger notre planète pour les générations futures ».

Le président américain Barack Obama rencontre le président élu Donald Trump pour mettre en place la transition, au Bureau ovale à la Maison Blanche, le 10 novembre 2016. (Crédit : AFP/Jim Watson)
Le président américain Barack Obama rencontre le président élu Donald Trump pour mettre en place la transition, au Bureau ovale à la Maison Blanche, le 10 novembre 2016. (Crédit : AFP/Jim Watson)

Cinq choses à savoir sur l’accord de Paris

147 pays

L’accord a été signé en décembre 2015 à Paris par 195 pays plus l’Union européenne, à l’issue de plusieurs années d’âpres négociations. A ce jour, 147 pays sont allés au bout de leur processus de ratification. Parmi les grandes économies, la Russie et la Turquie manquent à l’appel.

Préavis

Pour se retirer de l’accord, un pays doit le notifier au secrétariat de la Convention climat de l’Onu (CCNUCC), mais il ne peut le faire que trois ans après l’entrée en vigueur du texte, effective depuis le 4 novembre 2016. Ensuite, il y a un préavis d’un an avant d’être réellement « sorti » de l’accord.

Plus rapide mais aussi plus radical : un pays peut se retirer de la Convention climat de l’Onu, qui compte 197 membres. Cela est effectif un an après la notification. Dans les faits, à partir du moment où un pays dit qu’il se retire, il ne participe plus aux réunions de négociations, selon Todd Stern, l’ex-négociateur américain. Il ne finance plus la CCNUCC ou les programmes climat internationaux.

2°C

L’accord fixe un objectif global de maintenir la hausse de la température moyenne mondiale « bien en deçà 2°C » par rapport à l’ère pré-industrielle et si possible à 1,5°C, un seuil déjà synonyme de profonds changements selon les climatologues. Le plafond de 2°C n’est pas atteignable avec les engagements actuels de réduction de gaz à effet de serre que les pays ont pris sur une base volontaire. L’accord prévoit que ces objectifs soient révisés.

Énergies fossiles

Selon les experts du Giec, pour rester sous 2°C, il faut que les émissions de gaz à effet de serre soient diminuées de 40 à 70% d’ici 2050. Cela implique de se détourner progressivement des énergies fossiles (80% des émissions de gaz à effet de serre), ce que l’accord ne dit pas explicitement. Le texte indique seulement que les pays recherchent « un plafonnement des émissions dans les meilleures délais ».

Transparence

Si les objectifs nationaux sont volontaires, les pays se sont engagés à rendre compte de leurs politiques climat et de leurs résultats et à faire des bilans collectifs des efforts mondiaux. L’organisation de ce processus doit encore être précisée. La transparence doit aussi s’appliquer à l’aide fournie par les pays riches aux plus pauvres.

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