Un chercheur israélien découvre « la réaction en chaîne » des plaques tectoniques
Le professeur Roi Granot et des scientifiques néerlandais ont fait un voyage dans le temps de la croûte terrestre qui pourrait expliquer pourquoi le monde est tel qu'il est
Une équipe de chercheurs israéliens et néerlandais a fait savoir qu’elle avait découvert la raison pour laquelle le monde est tel qu’il est dorénavant – de la localisation à la forme des continents en passant par la configuration des terrains dans les chaînes de montagne.
Les plaques tectoniques ne se sont pas déplacées au hasard mais plutôt dans le cadre d’une réaction en chaîne jusqu’alors inconnue, un événement survenant dans la croûte terrestre en entraînant un autre, parfois des millions d’années plus tard.
Après avoir passé des années à étudier le sol des océans, l’équipe a publié une recherche dans une revue de pairs, le journal Nature Geoscience. L’article explique que des éruptions volcaniques survenues il y a 105 millions d’années sous Madagascar avaient entraîné un effet domino, déclenchant d’autres événements de ce type qui ont finalement déterminé l’apparence de la Terre telle que nous la connaissons aujourd’hui.
La recherche s’est concentrée sur la manière dont les plaques tectoniques – ces morceaux de croûte terrestre et de manteau supérieur – se sont comportées avec le temps.
« Jusqu’à aujourd’hui, on comprenait très mal l’histoire du déplacement de plaques et les événements tectoniques qui étaient arrivés il y a longtemps mais ça a changé », a déclaré le professeur Roi Granot au Times of Israël.
« Pour la toute première fois, nous avons un principe organisateur qui explique comment un événement tectonique en a entraîné un autre et ainsi de suite », a-t-il continué. « Jamais nous n’avions disposé d’une telle documentation dans le passé, et nos observations établissent qu’il existe une causalité entre ces événements, l’un entraînant l’autre ».
Granot, géo-scientifique à l’université Ben Gurion, a ajouté que « cela nous donne un cadre qui nous permet de comprendre quand et pourquoi le monde a vu la création de chaînes de montagne mais aussi les activités volcaniques, la formation des océans ou le climat, entre autres ».
Granot et ses collègues ont examiné en profondeur ce qu’ils disent être les principaux événements qui ont aidé à former l’Europe, l’Asie et l’Afrique, et ils déclarent avoir la conviction que des réactions en chaîne similaires seront observées dans d’autres zones du monde.
Cette recherche leur permet de rassembler petit à petit les pièces du puzzle du passé – mais ils indiquent que cela ne donne pour autant aucun aperçu des mouvements de la croûte terrestre à l’avenir.
Granot a travaillé avec les professeurs néerlandais Douwe van Hinsbergen et Derya Gürer à traquer les activités tectoniques en rassemblant des informations dans le sol marin, au centre et au nord de l’Atlantique. Ces informations ont été réunies en majorité par des centaines de magnétomètres – des appareils de mesure de la force des champs magnétiques – qui ont été raccordés à des navires, ces dernières années, certains d’entre eux à plusieurs kilomètres de la surface de la mer.
En analysant les champs magnétiques de la roche du sol marin, les magnétomètres ont fourni des données que Granot et ses collègues ont utilisées pour reconstituer l’histoire des plaques tectoniques – comme les archéologues utilisent la datation au carbone 14 pour confirmer leurs hypothèses sur le passé.
Les données recueillies par ce biais n’ont pas permis, malgré tout, d’avoir une idée claire de l’histoire des plaques tectoniques – jusqu’à ce que Granot, il y a dix ans, réussisse à prouver que les données pouvaient être utilisées pour dater la croûte océanique.
Gürer, chercheuse à l’université d’Utrecht et à l’Université nationale d’Australie, a déclaré que « c’est la première fois qu’une réaction en chaîne des plaques tectoniques peut être prouvée ».
Elle a ajouté que « avec cette recherche, nous avons disséqué un mécanisme permettant d’expliquer pourquoi il y a de courtes périodes de temps pendant lesquelles les plaques changent soudainement de direction ».
« Ces mouvements de plaque affectent la formation des montagnes, les portes d’entrée marine, les modèles de circulation des eaux des océans et même le climat mondial », a-t-elle poursuivi.