Un collectif contre la venue de la députée LFI Ersilia Soudais en Israël
La députée d’extrême gauche nourrit une obsession nocive et malveillante à l’égard d’Israël depuis de nombreux mois, multipliant les prises de position douteuses
Le 12 mai dernier, la page Twitter de l’AJC Paris alertait sur la venue prévue en juin prochain de la députée française Ersilia Soudais en Israël et dans les Territoires palestiniens. Ce déplacement de l’élue de Seine-et-Marne doit s’inscrire dans le cadre de sa mission d’informations auprès de la commission des Affaires étrangères que son groupe lui a confiée.
La députée, membre de la France insoumise (LFI), parti d’extrême gauche, nourrit une obsession nocive et malveillante à l’égard d’Israël depuis de nombreux mois, multipliant les prises de position douteuses.
« C’est un scandale absolu ! », a ainsi écrit l’AJC, organisation juive. « Nous demandons expressément à ce qu’elle y renonce. En effet, Ersilia Soudais s’est illustrée par des prises de position idéologiques et radicales en la matière : soutien à Salah Hamouri condamné en justice pour sa participation aux activités de l’organisation terroriste FPLP ; soutien aux campagnes BDS, illégales en France en raison de leur caractère discriminatoire et souvent violent ; vote en faveur de la résolution indigne associant éhontement Israël à un régime d’apartheid. Mais Ersilia Soudais est allée aussi plus loin et n’hésite pas à verser dans l’outrance lorsqu’elle manipule la question de l’antisémitisme [ainsi en rejoignant le groupe d’études sur l’antisémitisme de l’Assemblée malgré ses positions, NDLR] ou se vautre carrément dedans en s’essayant à la nazification d’Israël et/ou à la banalisation de la Shoah : rencontre avec des antisionistes notoires à l’Assemblée nationale présentée comme une invitation à évoquer ‘la lutte contre l’antisémitisme et la solidarité envers le peuple palestinien’ ; qualification de l’expulsion de Salah Hamouri de ‘déportation’ ; concurrence victimaire et équivalence posée entre la Shoah et la situation en Palestine dans un message pour honorer la mémoire du cinéaste Godard. La liste de ses déclarations infamantes est longue. Ersilia Soudais n’a rien à faire dans cette mission, le sérieux et l’impartialité qu’elle requiert la disqualifient totalement d’y jouer un quelconque rôle. Celle-ci devrait elle-même, en responsabilité, décider de s’en retirer. »
En début de semaine, lors d’un rassemblement du « Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens », la députée d’extrême gauche a à nouveau demandé à la France de reconnaitre qu’Israël avait adopté un régime « d’apartheid », et pratiquait la « déportation ».
Cafouillant, elle a semblé démontrer lors de ce bref discours manquer de discernement et de connaissances à ce sujet. Elle s’exprimait peu après avoir auditionné à l’Assemblée des réfugiés palestiniens de Nahr El Bared, au Liban, localité jumelée avec Mitry Mory, ville de sa circonscription.
Après l’annonce de sa venue en Israël, Julien Bahloul, ancien journaliste qui intervient souvent sur Twitter, a annoncé la création d’un « collectif des Français d’Israël contre la venue d’Ersilia Soudais dans le pays ».
Nous sommes de droite ou de gauche.
Pro-Netanyahu ou contre lui.
Religieux et non religieux.Nous sommes Français d'#Israel et nous mettons de côté nos différences pour nous unir lorsque notre pays est injustement attaqué.
Nous ne souhaitons pas la présence de Soudais ici. https://t.co/pFpXhXFJ4L
— Julien Bahloul (@julienbahloul) May 16, 2023
Un « appel » a ainsi été lancé, et des manifestations devraient être organisées si le projet de voyage de la députée semble se concrétiser.
« Nous sommes Français d’Israël. De droite, de gauche, religieux ou non religieux. Certains d’entre nous manifestent leur soutien au gouvernement Netanyahu et d’autres manifestent contre », annonce l’appel. « Mais lorsque l’État d’Israël et le peuple juif sont attaqués, nous sommes unis. Nous mettons de côté nos différences. La députée LFI Ersilia Soudais prévoit de se rendre dans notre pays en juin dans le cadre d’un voyage organisé par l’Assemblée nationale. Cette visite est pour nous une insulte et une provocation. Cette élue massacre la mémoire de la Shoah en utilisant le terme de ‘déportation’ pour désigner l’expulsion du terroriste Hamouri. Elle défend au passage un ex-membre du FPLP (organisation reconnue terroriste par l’UE) qui a plaidé coupable dans le projet de tuer un rabbin. Cette élue affiche son amour pour le réalisateur antisémite Godard qu’elle utilise pour faire un parallèle entre Shoah et cause palestinienne. Cette élue signe des tweets sur l’antisémitisme en y ajoutant le hashtag #FreePalestine. Cette élue a défendu à l’Assemblée la résolution assimilant Israël à un régime d’apartheid. Cette élue n’a bien entendu pas dit un mot de soutien envers les Israéliens (et notamment les Français d’Israël) du sud du pays qui viennent de passer plusieurs jours sous le feu de centaines de missiles palestiniens. La vie d’un enfant israélien aurait-elle moins de valeur à ses yeux que la libération du terroriste Hamouri ? Sa venue en Israël consisterait une insulte pour tous les Israéliens morts dans des attentats du FPLP. Une insulte pour la mémoire des victimes de la Shoah. Une insulte pour tous ceux d’entre nous qui ont un jour subi une agression antisémite. Une insulte pour tous nos frères juifs de France tués à cause de la propagande antisioniste. Une insulte enfin pour l’État d’Israël qui se défend face au terrorisme. Nous, Français d’Israël, de droite comme de gauche, demandons à la députée Ersilia Soudais de renoncer à son déplacement dans la région. »
Hier était le 49e anniversaire du massacre de Maalot. En 1974 des terroristes du FPLP avaient assassiné 22 enfants dans une école d'#Israël.
Au même moment la députée @ErsiliaSoudais s'affiche avec Salah Hamouri, ex membre du FPLP.
A vomir.Nous ne voulons pas d'elle en Israël pic.twitter.com/g7polrHzRV
— Julien Bahloul (@julienbahloul) May 16, 2023
Je lance aujourd'hui le Collectif des Français d'Israël contre la venue de la députée LFI @ErsiliaSoudais dans le pays. De droite comme de gauche, nous refusons sa présence.
Soudais défend le terroriste Hamouri, acclame l'antisémite Godard, salit la mémoire de la Shoah. Sa… pic.twitter.com/hL620gdwHJ
— Julien Bahloul (@julienbahloul) May 15, 2023
Si elle n’y renonce pas, les autorités israéliennes pourraient la déclarer persona non grata à son arrivée dans le pays, et la renvoyer vers la France, en raison de son militantisme anti-Israël. Le pays avait déjà refoulé sept élus français – dont Pierre Laurent et Clémentine Autain – en 2017 dans des circonstances similaires (d’autres élus de la même délégation avaient eux été autorisés à entrer dans le pays, représentant un moindre risque de provocation).
Cette politique officielle de refoulement d’éléments les plus provocateurs peut s’avérer être une pratique à double tranchant, les concernés profitant alors de leur renvoi, duquel ils avaient été prévenus avant leur voyage, pour dénoncer une prétendue atteinte à leurs droits, à leur fonction d’élu et à leur liberté d’expression.
Contactée par le Times of Israel à plusieurs reprises il y a plusieurs mois au sujet des polémiques causées par ses prises de parole, Ersilia Soudais n’a jamais répondu, et n’a par ailleurs jamais assumé ses positions face à ses contradicteurs, les gardant uniquement pour des foules déjà acquises.
Professeure de français dans un collège de Bussy-Saint-Georges, Ersilia Soudais a fait à 34 ans son entrée à l’Assemblée nationale l’an dernier grâce à sa victoire dans la 7e circonscription de Seine-et-Marne, après avoir baigné dans la politique « depuis toute petite ».
Fille du journaliste politique Michel Soudais, l’un des responsables de l’hebdomadaire de gauche Politis, Ersilia Soudais est née et a grandi à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), où elle a habité jusqu’à l’âge de 22 ans.
Le parti La France insoumise, fondateur de la Nupes, a à plusieurs reprises été accusé de laxisme face à l’antisémitisme, encore récemment avec l’accueil à Paris de Jeremy Corbyn, ex-patron du Parti travailliste britannique exclu de son groupe parlementaire pour laxisme face à l’antisémitisme, par Danièle Obono et Danielle Simonnet, devenues députées.
Auparavant, le chef du parti, Jean-Luc Mélenchon, ou encore le militant d’extrême gauche Taha Bouhafs, condamné pour racisme l’an dernier et accusé d’agression sexuelle, avaient eux aussi été accusés d’accointances avec l’antisémitisme.
L’AFP a participé à cet article.