Un documentaire Netflix donne la parole à l’ex-épouse de l’escroc Gilbert Chikli
"Le Masque" permet à Shirly Chikli - mère célibataire de quatre enfants - de présenter sa version de l'histoire de son ex-mari, qui a arnaqué les plus puissants
En 2015 et en 2016, Gilbert Chikli, escroc de triste mémoire, avait arnaqué des chefs d’entreprises et autres cadres de premier rang en se faisant passer pour le ministre français de la Défense, Jean-Yves le Drian, leur demandant de l’argent par téléphone.
Aujourd’hui, l’histoire de Chikli est à découvrir sur Netflix. « Le Masque », un documentaire saisissant qui raconte l’histoire de cet homme qui vivait à Ashdod, est actuellement dans le Top 10 des films les plus visionnés sur la plateforme en Israël.
Chikli est en train de purger une peine d’onze ans de prison après avoir été condamné par un tribunal français en 2020 pour avoir extorqué la somme faramineuse d’un milliard huit cent mille dollars en deux ans seulement. A l’époque, il vivait en toute liberté en Israël. Il devait être ultérieurement capturé et extradé vers la France.
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Au centre de ce documentaire se trouve son ex-épouse, Shirli Chikli, qui raconte son histoire pour la toute première fois – une histoire qui est cependant narrée dans les médias depuis des années.
« La première chose à faire a été de convaincre Shirli de travailler avec nous », commente Oren Rosenfeld, un producteur israélien embauché par la société de production britannique qui s’est associée à Netflix France pour créer le documentaire.
« Le Masque » est le dernier d’une série de documentaires évoluant autour de faits criminels réels et qui sortent clairement de l’ordinaire, explique Rosenfeld, et comme c’est également dans le cas de « l’Arnaqueur de Tinder » – un documentaire consacré à un homme qui s’était fait passer auprès des femmes qu’il séduisait pour le fils du milliardaire et magnat du diamant, Lev Leviev – le film place Israël sur la carte. « Pas de la manière la plus positive qui soit », reconnaît le producteur.
« C’est aujourd’hui plus difficile de vendre des histoires sur Israël ou sur des Israéliens en tant que héros », note-t-il. « Mais ça se vend ».
Pour Rosenfeld, qui a récemment gagné plusieurs Emmy pour « Inside the Battle for Jerusalem », qui se penche sur l’expulsion forcée des Palestiniens du quartier de Sheikh Jarrah, à Jérusalem, la difficulté a été de retrouver Shirli Chikli et de la convaincre de raconter sa version de l’histoire pour « Le Masque ».
« On lui avait offert de le faire à de nombreuses occasions et elle ne voulait pas parler – je me suis donc donné pour mission de la persuader », déclare Rosenfeld. « Il s’agit de construire la confiance, l’amitié et une vraie relation ».
Rosenfeld a appris petit à petit à connaître Chikli et sa vie actuelle en Israël – elle est mère célibataire, elle a un centre de bronzage et une véritable passion, qui est de travailler comme DJ à plein temps.
Le documentaire n’évoque pas explicitement le statut conjugal du couple, qui a récemment divorcé, ou leurs quatre filles.
« Sa vie n’est pas facile », explique Rosenfeld. « Il l’a bernée, beaucoup. Elle n’est pas innocente mais c’est une personnalité terre à terre, pragmatique, et elle a été blessée par tout ça. »
Elle avait rencontré Gilbert Chikli par hasard, en Israël, au début des années 2000 alors que ce dernier fuyait la police française qui était à sa poursuite pour des escroqueries antérieures.
Elle fait preuve d’honnêteté dans le documentaire en disant qu’elle souhaitait rencontrer un époux fortuné mais le couple – 19 ans les séparent – semblait heureux lors de son mariage organisé à Ashdod, dans leur habitation, et alors qu’ils construisaient ensemble une famille, une époque montrée par des extraits de vidéos et des photos.
Shirli Chikli dit que son ex-époux était « un ange qui ne lui voulait que du bien », même si elle avait été avertie au préalable que la police était à sa recherche.
La production présente également la version française de l’histoire à l’aide de séquences vidéo et d’interview très franches avec la première conjointe de Chikli – ils avaient partagé une histoire d’amour et une histoire d’escroquerie – elle aussi nommée Shirli.
Parmi les autres témoignages présentés, ceux de son frère et de ses amis qui racontent tous le désir ardent de Chikli d’échapper à la pauvreté qui avait marqué son enfance.
Chikli avait mené son arnaque la plus audacieuse depuis Israël, se faisant passer pour Le Drian grâce à un masque en silicone et à des visioconférences avec les riches et les puissants du monde – des entretiens centrés autour de l’histoire rocambolesque de ressortissants français piégés au Mali, d’un besoin de confidentialité absolue et d’une rapide mise à disposition de liquidités.
Chikli avait – un fait resté célèbre – escroqué le prince Aga Khan, lui soutirant plus de 20 millions d’euros. Mais cela avait été un appel passé à Sophie Grenier, qui était alors directrice financière de la chambre de commerce et d’industrie de France, à Paris, qui avait finalement fait tomber l’arnaqueur.
Grenier avait fait appel à la police, devenue suspicieuse après avoir décelé des fautes d’orthographe dans les faux documents de Chikli. Elle avait aussi été intriguée par certains détails.
Chikli avait fui pour l’Ukraine et il avait été arrêté à Kiev, d’où il avait été extradé vers la France. Il est actuellement incarcéré dans une prison française.
Concernant Shirli Chikli, le documentaire de Netflix a été pour elle une libération, dit Rosenfeld. Le film lui a apporté une dose de célébrité qu’elle est bien déterminée à exploiter pour construire sa carrière de DJ.
Son divorce d’avec Gilbert Chikli a été finalisé le mois dernier.
« Son sentiment d’avoir été une victime perdure », note Rosenfeld. « Mais elle est en train de tourner enfin la page ».
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