Un mystère entourant le Rouleau de la mer Morte le mieux préservé presque résolu
Des chercheurs ont déclaré que le Rouleau du Temple a été modifié selon une technologie auparavant inconnue de minéraux issus d'une autre région
Luke Tress est le vidéojournaliste et spécialiste des technologies du Times of Israël
Parmi les milliers de morceaux du parchemin retrouvés dans des caves situées au-dessus de la mer Morte, celui que l’on connait sous le nom de Rouleau du Temple s’est distingué pour sa forme, sa couleur et un texte en assez bon état, en comparaison au reste des Rouleaux de la mer Morte.
Pendant des années, les scientifiques se sont demandé pourquoi ce rouleau était-il si différent des autres parchemins retrouvés là-bas, et comment il a pu se conserver dans un bien meilleur état.
Une nouvelle étude a démontré que ce rouleau avait été préparé à l’aide d’une technologie inconnue avec un ancien mélange, et peut-être de minéraux en provenance de l’étranger. Cette découverte soulève alors des questions sur son origine et offre peut-être des indices concernant de nouvelles techniques de préservation de la collection très fragile.
Tous les rouleaux ont été écrits sur des peaux d’animaux desquelles on avait retiré les poils, et que l’on avait affinées et séchées, expliquent les chercheurs dans l’article publié dans la revue Science, le 5 septembre.
Mais contrairement aux autres parchemins, le Rouleau du Temple a reçu une couche supplémentaire d’un matériel inorganique, afin d’achever le processus de conservation.
Aujourd’hui, le rouleau se distingue du reste de la collection conservée au Musée d’Israël du fait de sa fine épaisseur et de sa couleur très claire, qui diffère de l’aspect plutôt sombre de la plupart des autres rouleaux. Le Rouleau du Temple mesure 8 mètres de long et fait seulement 0,1 millimètre d’épaisseur. Il est aussi considéré comme le plus long des textes conservés.
Des bergers bédouins auraient trouvé le Rouleau du Temple en 1956. Ils l’auraient vendu à un antiquaire qui l’a emballé dans du cellophane avant de le cacher dans une boîte à chaussures sous le plancher de sa maison. Quand des chercheurs ont mis la main dessus onze ans plus tard, il avait été endommagé par la moisissure.
Selon les chercheurs, le rouleau est une structure à plusieurs couches, avec le texte écrit sur une couche inorganique de couleur claire, principalement composée de sels, sur la partie interne de la peau (sur la plupart des rouleaux, on retrouve l’écriture sur la partie de la peau qui avait le poil de l’animal).
Cette découverte suggère le recours à « une ancienne technologie de production dans laquelle le parchemin était modifié à travers l’ajout d’une couche inorganique comme surface d’écriture », ont écrit les chercheurs.
Les chercheurs ont analysé la composition chimique de cette couche et ont trouvé qu’elle contenait une grande variété de minéraux, principalement des sels. Si l’équipe n’a pas pu déterminer d’où venaient les minéraux, elle a pu mettre en évidence que les sels ne provenaient pas des caves et ne sont pas courants dans la région de la mer Morte.
Les processus utilisés pour produire différents rouleaux étaient similaires aux anciennes techniques babyloniennes et grecques, ce qui laisse penser que les technologies de confection de parchemins orientaux et occidentaux étaient utilisées par les créateurs des rouleaux.
Pourtant, sur le Rouleau du Temple, seules les techniques similaires à celles utilisées à l’Occident ont été identifiées, ce qui signifie qu’il a pu être conçu ailleurs.
« Je ne suis pas surpris le moins du monde d’apprendre qu’une partie des rouleaux n’a pas été réalisée dans la région de la mer Morte. Il aurait été naïf d’imaginer qu’ils avaient tous été conçus ici », a déclaré au Guardian le professeur Jonathan Ben Dov, qui n’était pas impliqué dans l’étude.
Se projetant dans le futur, les chercheurs ont expliqué qu’une meilleure compréhension des processus chimiques et des minéraux impliqués dans la création du parchemin pourrait aider les équipes à conserver les rouleaux et à identifier les faux.
L’étude a été réalisée par des chercheurs de l’Institut Weizmann de Science de Rehovot, du Massachusetts Institute of Technology (MIT), de l’université d’Harvard, et de centres de recherche en Allemagne.
Les Rouleaux de la mer Morte, une collection de rouleaux en hébreu et araméen vieille de 2 000 ans, ont été retrouvés il y a 70 ans par des bergers bédouins dans des falaises de la mer Morte.
Au total, 900 manuscrits et 50 000 fragments ont été découverts dans 11 caves à proximité de l’ancien site de Qumram.
On pense qu’ils ont été écrits entre 150 avant l’ère commune et la destruction du Deuxième Temple lors de la conquête romaine en 70 de l’ère commune par les Esséniens.
Depuis 1967, l’Etat d’Israël est le dépositaire de la grande majorité des rouleaux.