Un négociateur aurait démenti l’existence d’une proposition relayée par Gal Hirsch
L'envoyé de l'armée aux pourparlers a noté que l'officiel gouvernemental, Gal Hirsch, qui a informé les familles des otages du plan, ne faisait pas partie de l'équipe de négociation ; le Forum des familles d'otages a dénoncé une "manipulation cynique et bon marché"
L’envoyé militaire pour les négociations consacrées à la libération des captifs israéliens retenus en otage dans la bande de Gaza a jeté un froid, jeudi soir, en évoquant une nouvelle offre israélienne, déclarant que les grandes lignes du plan qui aurait ainsi été soumis – des grandes lignes qu’un responsable du Hamas a ouvertement rejetées dès leur révélation – étaient « inconnues » des négociateurs israéliens.
Selon cette proposition, le Hamas aurait relâché tous ses otages en une seule fois – et non en plusieurs phases – et il aurait permis l’établissement d’un nouveau gouvernement chargé de prendre le contrôle de la bande de Gaza. En échange, Israël aurait mis un terme à la guerre à Gaza, tout en garantissant au chef du Hamas, Yahya Sinwar, un exil en toute sécurité et la libération de prisonniers palestiniens incarcérés au sein de l’État juif pour atteinte à la sécurité nationale.
Gal Hirsch, le porte-parole du gouvernement sur la question des otages, avait déclaré, semble-t-il, aux familles des captifs que la proposition avait été présentée la semaine dernière lors d’une réunion avec des responsables de la Maison Blanche et du Département d’État américain.
Mais Nitzan Alon, délégué par l’armée israélienne aux négociations avec le groupe terroriste, a fait savoir jeudi aux familles des captifs que la proposition signalée était « inconnue » de l’équipe chargée des discussions actuellement, a noté la chaîne de télévision N12.
« La proposition que Gal Hirsch a présentée aux Etats-Unis n’est pas connue de l’équipe de négociation et Hirsch n’a jamais fait partie de l’équipe en charge des pourparlers », a dit l’envoyé militaire aux membres des familles d’otages.
Le ministre de la Défense, Yoav Gallant, a tenu les mêmes propos, disant qu’il n’avait pas connaissance de cette proposition et que cette dernière n’avait pas été débattue par le gouvernement, a ajouté la chaîne.
Barak Ravid, journaliste au site d’information Axios et correspondant de Walla, a écrit sur X qu’une source, à Washington, lui avait confié que les membres de l’équipe de négociation américaine avaient confirmé qu’ils n’avaient pas rencontré Hirsch et qu’ils n’avaient jamais reçu une telle proposition.
Le Forum des familles d’otages et de portés-disparus, réagissant à ces informations, a accusé le gouvernement d’avoir menti au sujet de la nouvelle proposition dans le but de saboter les négociations en cours.
« Gal Hirsch a de nouveau choisi de se livrer une manipulation cynique et bon marché sur le dos des otages, de leurs familles et de la nation d’Israël. C’était un mensonge dont l’objectif était d’éliminer la nouvelle initiative américaine visant à garantir la libération des otages et à mettre un terme à la guerre à Gaza », a déclaré le groupe dans un communiqué.
« Alors que 101 otages sont abandonnés par le gouvernement de Netanyahu dans les tunnels de la mort du Hamas, Hirsch fait ses affaires dans le dos de l’équipe de négociation et il torpille une initiative internationale visant à ramener les otages à la maison », a poursuivi le communiqué.
« Cette ruse frauduleuse vient s’ajouter à la longue liste d’accords qui ont été torpillés par Netanyahu et par ses partenaires, et elle prouve que Netanyahu a pris la décision d’abandonner les otages », a ajouté le communiqué.
L’organisation a conclu en notant qu’Israël fêtera bientôt le premier anniversaire du pogrom du 7 octobre – des milliers de terroristes placés sous la direction du Hamas avaient massacré, ce jour-là, près de 1 200 personnes, des civils en majorité, et ils avaient kidnappé 251 otages. Israël avait riposté par une campagne militaire – une guerre qui est encore en cours dans la bande de Gaza.
Les familles des otages ont également accusé le gouvernement d’avoir été à l’origine « d’un échec moral et éthique sans précédent depuis la création de l’État ».
Quelques heures plus tôt, le Forum avait approuvé sans réserve la proposition signalée en déclarant dans un communiqué que « un accord unique incluant les 101 otages est le souhait de tous les citoyens israéliens et celui des familles des otages ».
« Cette proposition renforce la sécurité en Israël et elle permet de parvenir à une solution régionale et globale », avait estimé l’organisation.
Dans sa déclaration, le groupe avait également affirmé que la proposition avait été « présentée à Washington devant les dirigeants des pays arabes » et qu’elle « avait reçu une réponse positive » – reflétant les propos tenus par Hirsch lors de leur rencontre.
Pour sa part, le Bureau du Premier ministre a fait savoir que cette proposition n’était « pas nouvelle ».
« Le Premier ministre en avait parlé dans son discours prononcé devant le Congrès. Il avait déclaré que la guerre pouvait prendre fin dès maintenant si Sinwar était exilé, si nous obtenions la remise en liberté des otages, si le Hamas n’était plus au pouvoir et s’il y avait des initiatives de démilitarisation et de déradicalisation dans la bande de Gaza. Ce qui signifierait la victoire et la fin de la guerre », a dit le Bureau.
De hauts-responsables de l’administration Biden ont récemment informé les familles des otages américains que le cadre existant pour l’accord – que les États-Unis ont présenté publiquement au mois de juin et qu’Israël avait déclaré accepter – n’était plus d’actualité, ont indiqué les médias en début de semaine. L’équipe de négociation israélienne travaillerait également sur des cadres alternatifs.
Selon les estimations, 97 des 251 otages enlevés par le Hamas le 7 octobre se trouvent toujours à Gaza – y-compris les corps sans vie d’au moins 33 personnes dont la mort a été confirmée par les militaires israéliens.
Le Hamas conserve également en détention deux civils israéliens qui étaient entrés de leur propre gré dans la bande de Gaza en 2014 et en 2015, ainsi que les corps sans vie de deux soldats qui avaient été tués en 2014.
Le ministère de la Santé de Gaza, qui est placé sous l’autorité du Hamas, affirme que plus de 40 000 personnes ont été tuées ou sont présumées mortes jusqu’à présent dans les combats qui déchirent l’enclave côtière – un bilan invérifiable et qui ne fait pas de distinction entre civils et hommes armés. De son côté, Israël déclare avoir abattu environ 17 000 terroristes dans les combats en plus de mille hommes qui avaient été tués alors qu’ils se trouvaient sur le territoire israélien, le 7 octobre 2023.