Un politicien estonien veut légaliser le déni de l’Holocauste
Le parti de Georg Kirsberg soutient la révocation de la citoyenneté aux 'Russes hostiles à l'Estonie' - en référence aux russophones, dont la majorité des Juifs du pays
Un politicien nationaliste estonien a promis au cours de sa campagne électorale de dépénaliser le déni de l’Holocauste et de criminaliser à la place ceux qui voudraient minimiser la domination soviétique dans le pays.
Les propos de Georg Kirsberg, qui se présente à un fauteuil de législateur au nom du Parti du peuple conservateur dans les élections du pays au mois d’octobre, ont été repris par l’entreprise estonienne de radiodiffusion mercredi.
« Nous dépénaliserons le déni de l’Holocauste et introduirons un enseignement correct sur l’Histoire du troisième reich », a déclaré Kirsberg.
Son parti d’extrême droite soutient la révocation de la citoyenneté et l’expulsion de ceux qu’il définit comme des « Russes hostiles à l’Estonie » – en référence aux Russes ethniques ou aux russophones qui vivent actuellement en Estonie, notamment la majorité des Juifs du pays.
Le mois dernier, le parti, fondé en 2012 et qui occupe actuellement sept sièges sur les 101 au sein du Parlement estonien, a soumis une proposition de loi mentionnant de telles expulsions. Elle devrait toutefois être rejetée.
Le parti soutient également une interdiction de la construction de nouvelles mosquées et d’églises orientales orthodoxes.
Remettre en cause les lois estoniennes contre le négationnisme de l’Holocauste n’est toutefois pas une position officielle du parti, a expliqué Martin Helme, son chef, à la station de radiodiffusion nationale.
« Il ne prétend pas que c’est la position du parti, c’est seulement la pensée d’une personne », a déclaré Helme. Interrogé sur d’éventuelles sanctions décidées par le parti concernant les propos de Kirsberg, Helme a indiqué qu’il « ne voit aucune raison de faire cela ».
Les expressions de sentiment anti-russe ont dramatiquement augmenté dans les pays baltes – Estonie, Lituanie et Lettonie – et partout en Europe centrale et de l’est.
Les politiques expansionnistes mises en oeuvre par le président Vladimir Poutine ont réveillé l’amertume liée à la domination de Moscou sur cette partie du monde avant la chute du communisme. Le sentiment anti-russe coïncide avec une vague de nationalisme, souvent accompagnée du déni de la collaboration de ces pays avec les nazis.
L’Estonie a une population juive de 2 500 personnes, selon le Congrès juif européen.