Une famille new-yorkaise fait vivre la tradition avec ses décorations de Hanoukka
Gail Nalven Fuchs a commencé à décorer sa maison de Brooklyn pour faire plaisir à son fils. Vingt ans plus tard, la tradition perdure, pour le plus grand plaisir de tous et des voisins

Ce ne sont pas les héros qui manquent au moment de célébrer Hanoukka, cette fête hivernale qui commémore le triomphe des Maccabées et le miracle de l’huile qui se consume lentement.
Mais dans cette famille de Brooklyn, la véritable héroïne est la « fée de Hanoukka », ou du moins la maman qui l’a imaginée.
Il y a environ 25 ans, Gail Nalven Fuchs et son mari, David Fuchs, veillent une partie de la nuit, avant le début de Hanoukka, pour décorer leur maison de Midwood avec des guirlandes et des dreidels, en bleu et blanc.
Lorsque leurs deux enfants se réveillent, les yeux écarquillés devant tant de merveilles, les Fuchs leur expliquent que la fée de Hanoukka est passé décorer la maison pour répandre la lumière et la joie de la fête.
Au fil des ans, ce qui avait commencé comme une blague se mue en tradition.
Aujourd’hui, les décorations lumineuses de Hanoukka débordent sur la pelouse extérieure, devant la maison. On y trouve une menorah géante, des étoiles de David et des structures gonflables, comme cet ours en peluche géant vêtu d’un pull de Hanoukka ou ce dreidel mobile.
La « maison de Hanoukka », comme on l’appelle dans le quartier, est devenue une véritable attraction, que viennent admirer voisins, curieux et enfants de Brooklyn.
L’idée de décorer la maison pour Hanoukka a commencé en 1997, lorsque les enfants Fuchs, Alyson et Harrison, ont respectivement 7 et 5 ans. En cette période de l’année, la famille aime se promener dans les quartiers de Bay Ridge et Dyker Heights, pour admirer les décorations de Noël.
« Ne dit-on pas de Hanoukka que c’est la Fête des Lumières ? » demande un jour en passant dans Sheepshead Bay Harrison, qui est devenu dramaturge et dont « A Hanukkah Carol, or GELT TRIP! The Musical », version juive du classique de Noël de Charles Dickens, se joue actuellement au Green Room de Manhattan.
Ses parents lui répondent qu’il a raison.
« Alors pourquoi ne voit-on pas les lumières de Hanoukka ? » demande-t-il. « On ne voit que Noël. »
Fuchs tente d’expliquer à son fils que même si ces lumières célèbrent Noël, elles sont là pour le plaisir de tous.
Il lui répond : « Je serais tellement plus content si cela correspondait à quelque chose que je connais. Je ne sais pas ce qu’est vraiment Noël », se souvient-elle.
C’est une vraie révélation pour Fuchs.
« Les New-Yorkais disent toujours que nous vivons dans un melting-pot », explique-t-elle à la New York Jewish Week. « Pourtant, ce n’est pas l’impression que j’avais à Noël. »
Pour répondre aux questions de Harrison, elle l’aide à écrire une lettre au New York Post.
« C’est très difficile d’être un petit garçon juif de 5 ans en cette période de l’année », commence la lettre, publiée en 1997. « Je suis très triste quand je passe en voiture dans Brooklyn et que je vois toutes ces lumières et décorations dans les avenues. »
Les années suivantes, Harrison demande encore davantage de décorations de Hanoukka.

L’année suivante, quelques semaines avant Hanoukka, le New York Post informe la famille Fuchs qu’il y aura une grande menorah sur l’avenue U. Et la menorah est bien là.
« En passant en voiture, Harrison était tellement heureux. Nous sommes rentrés à la maison et il a dessiné une menorah avec de la peinture, que nous avons accrochée au mur. Il la regardait tous les jours. »
Émue de constater à quel point ses enfants sont heureux de voir des décorations de Hanoukka, Fuchs décide de décorer sa maison avec des dreidels, des menorahs, des bougies, des dessins et des guirlandes. C’est alors qu’entre en scène la fée de Hanoukka, que Fuchs créé pour ajouter de la magie à la fête et surprendre ses jeunes enfants.
« Chaque année, la fée de Hanoukka ajoutait de plus en plus de décorations », précise Fuchs.
« Les enfants lui écrivaient des lettres avant la fête pour lui dire: » Salut la fée de Hanoukka, j’espère que tu as passé une bonne année, j’ai hâte de voir les nouvelles décorations cette année. »
A l’extérieur de la maison, les décorations s’imposent progressivement.
David Fuchs, qui est propriétaire d’une entreprise de fabrication et distribution d’acier, construit une menorah géante. Au fil des années, « la fée de Hanoukka », comme l’appelle sa famille, construit des étoiles juives et plusieurs décorations pour la maison. L’idée est d’ajouter chaque année un élément gonflable sur le thème de Hanoukka : cette année, c’est un dinosaure avec un pull de Hanoukka.
Harrison et Alyson ont aujourd’hui respectivement 30 et 32 ans, mais la tradition est toujours aussi vivace.
Pour garder l’esprit de Hanoukka, les décorations sont généralement installées une semaine avant la fête et restent en place une semaine après, explique Fuchs.
Fuchs dit être plutôt conservatrice, mais la grande partie de ses voisins de Midwood sont orthodoxes. Ce qui ne les empêche pas de se prendre en photo avec les structures gonflables : certaines années, le bus scolaire d’une yeshiva voisine s’arrête même devant la maison pour que les enfants puissent admirer les décorations.
« J’adore m’asseoir sur mon porche : personne ne me voit, mais je peux observer la réaction des passants », confie-t-elle. « C’est une très grande joie. »

La famille Fuchs a toujours célébré Hanoukka à neuf : les quatre générations se réunissent sous le même toit, chez eux pour Hanoukka, et s’échangent des cadeaux. La décoration de la maison fait partie intégrante du plaisir de la fête.
Les enfants adultes de Fuchs l’aident à décorer la maison. Alyson décore également son appartement de Carroll Gardens, où ses deux filles, âgées de deux ans et demi et 7 mois, connaissent à leur tour la magie de la fée de Hanoukka.
« Nous sommes fiers de célébrer Hanoukka », dit-elle. « Mais ce n’est pas histoire de dire ‘Hé, je suis juive. Et voici ma maison.’ C’est plutôt ‘Hé, nos fêtes sont très joyeuses. Regardez comme c’est beau. »
La tradition est à ce point devenue importante pour la famille que la « Fée de Hanoukka » figure même dans la nouvelle comédie musicale de Harrison Fuchs.
« Je croyais vraiment en la fée de Hanoukka », confie à la New York Jewish Week Harrison, dont le nom de scène est Harrison Bryan. Pour moi, cette entité magique était tout aussi réelle que la petite souris ou le Père Noël pour les autres enfants. C’était incroyable de se réveiller le matin de Hanoukka – ma sœur et moi nous étions émerveillés par toutes ces décorations bleues et blanches partout -. Il paraissait impossible que cela ait été fait par autre chose que de la magie. »
« Ce n’est qu’en grandissant que j’ai réalisé que c’était véritablement de la magie : la magie de parents incroyablement imaginatifs qui veulent que leurs enfants se sentent aimés et fiers de leur identité », ajoute-t-il.
Bryan a fait de « La Fée de Hanoukka » un personnage de sa comédie musicale : elle est « l’esprit des Hanoukka présents », qui guide la protagoniste Chava Kanipshin – une sorte de Scrooge – à travers une nuit d’introspection.
« Même si cette tradition n’existe que pour mes parents, ils la font vivre pour susciter de la joie chez les autres », ajoute Bryan. « Et c’est ce que nous aspirons à faire aussi, avec le spectacle et la fée de Hanoukka. »
Hanoukka a commencé cette année le soir du 18 décembre.
Fuchs invite les visiteurs à venir admirer les décorations et prendre des photos. Située à Brooklyn sur la 14eme rue Est, entre les avenues J et K, sa maison est celle qui est illuminée aux couleurs de Hanoukka.
« Vous ne pouvez pas la rater », conclut-elle.