Israël en guerre - Jour 491

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USA : Pas d’ultimatum mais une mise en garde à Israël sur les pertes civiles

Le conseiller adjoint à la sécurité nationale a dit que Jérusalem avait des « objectifs très légitimes » et Blinken a pointé un « écart » entre les promesses israéliennes de protéger les civils et les faits

À gauche : le conseiller adjoint à la sécurité nationale des États-Unis, Jon Finer, s'exprime à Bogota, en Colombie, le 22 juillet 2022 (AP/Ivan Valencia) ; À droite : Le Secrétaire d'État américain Antony Blinken s'exprime lors d'un événement avec le ministre britannique des Affaires étrangères, David Cameron, au Département d'État, le 7 décembre 2023 à Washington (AP/Alex Brandon)
À gauche : le conseiller adjoint à la sécurité nationale des États-Unis, Jon Finer, s'exprime à Bogota, en Colombie, le 22 juillet 2022 (AP/Ivan Valencia) ; À droite : Le Secrétaire d'État américain Antony Blinken s'exprime lors d'un événement avec le ministre britannique des Affaires étrangères, David Cameron, au Département d'État, le 7 décembre 2023 à Washington (AP/Alex Brandon)

Un haut responsable américain a exprimé jeudi, son fort soutien aux objectifs de guerre d’Israël contre le Hamas à Gaza, affirmant que Washington n’avait donné aucune « date limite ferme » à Jérusalem pour mettre fin à ses opérations militaires dans l’enclave palestinienne.

Mais de hauts responsables de l’administration Biden ont également donné de la voix pour rappeler à Israël la nécessité de protéger la vie des civils gazaouis, à mesure que le bilan s’alourdit dans le territoire dirigé par le Hamas.

Le Secrétaire d’État américain Antony Blinken a déclaré qu’il y avait « un écart » entre ce qu’Israël s’était engagé à faire pour protéger les civils palestiniens et les résultats obtenus jusqu’à présent, depuis le début d’offensives militaires intensives contre le Hamas, dans le sud de la bande de Gaza.

Le conseiller adjoint à la sécurité nationale des États-Unis, Jon Finer, a déclaré lors d’une interview à la Conférence sur la sécurité à Aspen qu’Israël « a dit que le Hamas ne peut plus gouverner, ne peut plus être en charge de Gaza. Nous pensons qu’il s’agit d’un objectif tout à fait légitime, compte tenu de ce qui s’est passé le 7 octobre et depuis. »

Le deuxième objectif d’Israël est de s’assurer que le Hamas ne soit plus jamais une menace pour Israël comme il l’a été le 7 octobre dernier. « Franchement, si la guerre était arrêtée aujourd’hui, il continuerait à représenter une telle menace, c’est pourquoi nous n’allons pas encore demander à Israël d’arrêter ou d’instaurer un cessez-le-feu », a déclaré Finer.

« Ces deux objectifs sont légitimes. Nous pensons qu’ils font le nécessaire pour y parvenir, mais qu’ils n’y sont pas encore », a-t-il noté.

Finer a ajouté que son administration n’avait pas donné d’ultimatum à Israël pour conclure son offensive militaire.

« Nous n’avons aucune intention d’être aussi directifs avec un partenaire et proche allié qui a subi une attaque terroriste aussi massive et effroyable et qui riposte, à nos yeux, de la manière qui convient pour éradiquer la menace envers sa population civile », a-t-il déclaré.

Blinken a toutefois déclaré au cabinet de guerre, la semaine dernière, qu’Israël avait devant lui des semaines, et non des mois, pour conclure sa guerre contre le Hamas, en ce moment de forte intensité, explique un responsable israélien au Times of Israel.

« Nous n’avons pas donné d’ultimatum à Israël – ce n’est pas à nous de le faire. C’est leur conflit », a déclaré Finer. « Cela dit, nous avons de l’influence, même si nous n’avons pas le contrôle final sur ce qui se passe sur le terrain à Gaza. »

Des soldats de Tsahal se déploient dans le Salatin de Gaza, près de Jabaliya, le 7 décembre 2023. (Crédit : Emanuel Fabian/Times of Israël)

« Nous essayons d’user de notre influence pour donner à ce conflit l’orientation la plus constructive possible… », a-t-il poursuivi, évoquant l’obligation de respecter le droit international. « Quant à leur dire ‘Il faudra arrêter à ce moment-là’, ce n’est pas ainsi que nous procédons. »

M. Blinken a déclaré aux journalistes, lors d’une conférence de presse conjointe à Washington avec le ministre britannique des Affaires étrangères, David Cameron, qu’il était « indispensable » qu’Israël en fasse plus pour protéger les civils tandis qu’il gfait en sorte d’éradiquer le Hamas de Gaza. Il a rappelé que les autorités israéliennes lui avaient assuré, lors d’un déplacement en Israël la semaine passée, prendre davantage de précautions pour protéger la vie des civils. Il a ajouté avoir de nouveau soulevé la question jeudi.

« Il y a toujours un décalage entre ce que j’ai dit sur place, sur la nécessaire protection des civils et ce que nous voyons sur le terrain ».

Un haut responsable du Département d’État américain a déclaré que M. Blinken s’était entretenu ce jeudi avec le ministre israélien des Affaires stratégiques, Ron Dermer, pour lui dire que les États-Unis se réjouissaient des nouvelles livraisons de carburant à Gaza et espéraient que l’aide humanitaire se densifie.

Des Palestiniens évacuent une femme blessée dans le camp de réfugiés de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le jeudi 7 décembre 2023. (Crédit : AP/Mohammed Dahman)

Selon ce haut responsable, qui a évoqué cet entretien diplomatique privé sous couvert d’anonymat, Blinken aurait par ailleurs dit à Dermer que les pertes civiles étaient trop élevées et qu’Israël devait en faire plus pour les limiter.

Finer a pour sa part déclaré qu’il y avait « de nombreuses cibles militaires légitimes » dans le sud de Gaza, à commencer par une grande partie de la direction du Hamas.

Il a réaffirmé que les États-Unis invitaient Israël à tirer les enseignements de ses combats dans le nord de Gaza et les appliquer à son offensive dans le sud.

« Selon nous, la façon dont le conflit a été mené dans le nord n’a pas permis de prêter suffisamment attention à la vie des civils et ces aspects devraient être améliorés dans le sud », a déclaré Finer, ajoutant qu’Israël avait la responsabilité de protéger les civils dans la moitié inférieure de Gaza puisque c’est lui qui avait ordonné à un bon million de Gazaouis de s’y rendre afin que Tsahal puisse opérer plus facilement dans le nord.

De la fumée s’élève suite à une frappe israélienne, une photo prise depuis Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 3 décembre 2023. (Crédit : SAID KHATIB / AFP)

Finer a été interrogé sur le ratio déclaré par l’armée israélienne – deux civils tués pour chaque membre du Hamas – pour savoir s’il convenait aux Etats-Unis.

« Le droit international en matière de… proportionnalité ne pose pas les choses en ces termes », a-t-il répondu. « Ce n’est pas parce que vous avez tel ou tel ratio que vous êtes au-dessus ou au-dessous de la ligne. Pour nous, l’essentiel est moins ce chiffre, forcément un peu abstrait, que le fait de réagir lorsque des problèmes se posent … Je pense que nous avons eu un certain succès avec cela. »

Lors d’un appel avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu jeudi, le président américain Joe Biden a exprimé sa profonde préoccupation concernant les 137 otages encore à Gaza et réitéré la nécessité pour la Croix-Rouge d’être autorisée à leur rendre visite, a déclaré la Maison Blanche dans le compte rendu du 16e appel entre les deux dirigeants depuis le déclenchement de la guerre entre Israël et le Hamas.

Des Palestiniens inspectent les dégâts dans un immeuble résidentiel à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, à la suite de frappes aériennes israéliennes tôt le 4 décembre 2023. (Mohammed Abed/AFP)

M. Biden a convenu que la trêve de la semaine dernière avait été rompus par le « refus du Hamas de libérer les jeunes femmes et les otages civils », a déclaré la Maison Blanche. « Les deux dirigeants ont convenus de continuer à œuvrer sans relâche pour faire libérer les derniers otages. » Il a souligné l’importance de maintenir l’acheminement d’un important flux d’aide humanitaire pour Gaza, rendant hommage à la décision du cabinet d’augmenter les livraisons de carburant « tout en rappelant que le besoin d’aide humanitaire d’urgence était beaucoup plus important dans tous les domaines », selon le communiqué de la Maison Blanche.

Toujours selon la Maison Blanche, le président américain a également évoqué la nécessité pour Israël d’en faire davantage pour protéger les Palestiniens innocents et séparer les civils des combattants par le biais de couloirs humanitaires leur permettant de se déplacer en toute sécurité, à l’abri de zones d’hostilités clairement définies.

« Biden a redit son inquiétude face aux violences extrémistes envers les Palestiniens et la nécessité d’accroître la stabilité en Cisjordanie », ajoute le communiqué.

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