Vaturi : Barak serait pendu « dans d’autres pays » pour ses appels à la désobéissance
L'élu du Likud estime que l'ex-Premier ministre devrait purger une peine de prison "d'au moins 20 ans" après avoir appelé au soulèvement civil lors d'une manifestation
Un député du Likud a laissé entendre dimanche que « dans d’autres pays », l’ancien Premier ministre Ehud Barak serait exécuté en raison de ses féroces critiques à l’égard du projet de réforme radicale du système judiciaire israélien et de ses appels à la désobéissance civile mais que dans un Israël démocratique, il devrait aller en prison « pour au moins vingt ans ».
Nissim Vaturi, député du Likud et vice-président de la Knesset, s’en est pris à Barak pour des propos tenus lors de la manifestation hebdomadaire qui réunit les opposants au plan de refonte du système israélien de la justice – un mouvement qui vient d’entrer dans sa 23e semaine. L’ancien Premier ministre, ex-ministre de la Défense et ex-chef d’état-major a ainsi appelé, samedi soir, à un soulèvement civil non-violent contre le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu si ce dernier devait s’obstiner à tenter de faire avancer son projet de réforme – qui consiste notamment à placer la majorité des nominations des juges, en Israël, sous le contrôle des politiques et à restreindre l’indépendance de la Haute-cour de justice.
Les projets de loi entrant dans le cadre de ce projet de refonte très controversé sont gelés depuis la fin du mois de mars. Netanyahu avait annoncé à ce moment-là qu’il les mettait en suspens pour ouvrir la porte à des négociations avec l’opposition, dans le but de trouver un compromis le plus large possible. Mais des mois de pourparlers n’ont entraîné aucune avancée notable et les pressions s’accentuent au sein de la coalition en faveur d’une reprise du plan qui avait été présenté par le ministre de la Justice, Yariv Levin, du Likud.
Prenant la parole à Haïfa, samedi soir, Barak a affirmé que les manifestants « sont déterminés et nous sauverons la démocratie » en intensifiant encore davantage le mouvement de protestation et en lançant « un soulèvement civil, avec des actes de désobéissance civils non-violents ».
« Nous n’avons pas encore remporté la bataille. Ce n’est pas encore le moment de baisser la garde. Nous ne devons pas nous bercer d’illusions. Nous devons intensifier les manifestations et mettre immédiatement le point final aux négociations », a ajouté Barak, faisant référence aux pourparlers de compromis actuellement en cours à la résidence du président Isaac Herzog.
Vaturi a estimé que « dans d’autres pays, un tel individu serait pendu mais Israël est un pays démocratique et il mériterait, en conséquence, une peine de prison d’au-moins 20 ans ».
Le député du Likud a ensuite qualifié Barak de « déchet humain » et il a indiqué que l’ancien Premier ministre aurait dû être emprisonné il y a déjà longtemps. Dans une publication postée sur Twitter, il s’en est aussi pris à Barak pour ses liens présumés avec le financier et pédocriminel Jeffrey Epstein.
« Lorsqu’il a rencontré un pédophile à trente reprises à l’endroit même où des dizaines de mineures avaient été abusées, il a pensé qu’il ne serait pas aperçu. Aujourd’hui, il appelle ouvertement à la guerre civile, au coup d’état et aux violences. Les déchets humains dans son genre devraient être derrière les barreaux depuis longtemps déjà », a écrit Vaturi sur le réseau social.
Les liens tissés entre Barak et Epstein avaient fait polémique lors de la campagne électorale de 2019, après l’arrestation de ce dernier qui devait finalement mourir en prison après s’être apparemment suicidé. Barak n’a cessé d’affirmer qu’il ignorait totalement les activités pédocriminelles d’Epstein.
Vaturi a par ailleurs retiré sa candidature à la Commission de sélection judiciaire « au profit de deux représentants de la coalition ».
La Knesset votera ce mercredi pour nommer deux délégués du parlement au sein de ce panel de neuf membres, qui est présidé par le ministre de la Justice élu sous l’étiquette du Likud. La coalition a menacé d’attribuer les deux sièges réservés aux députés à des membres de la coalition, rompant ainsi avec la tradition. Les leaders de l’opposition ont fait savoir, de leur côté, qu’ils cesseraient de prendre part aux négociations de compromis si tel devait être le cas.
La constitution de la Commission de sélection judiciaire est au centre de l’initiative prise par le gouvernement de renforcer de manière drastique le contrôle des politiques sur le système judiciaire israélien. Un projet de loi de premier plan, dans le cadre de cette réforme, restructurerait la composition du panel en accordant au gouvernement une majorité automatique, lui donnant le pouvoir de procéder à la plus grande partie des nominations des juges dans le pays.
Ce projet de loi est dorénavant prêt à être adopté et il est susceptible d’être présenté pour ses deux dernières lectures consécutives à la Knesset presque sans avertissement préalable du gouvernement. Toutefois, une telle initiative reste douteuse dans la mesure où elle entraînerait presque certainement une reprise du mouvement d’opposition massif.
Pour les critiques, le projet de réforme du système judiciaire israélien ôtera toute capacité à la Haute-cour de justice de servir de contre-pouvoir face au parlement, portant atteinte à la démocratie israélienne et laissant les droits des minorités sans protection. Pour ses partisans, le plan est nécessaire pour brider ce qu’ils considèrent comme une Cour outrageusement activiste et intrusive.