Washington s’apprête à signer un accord de coopération nucléaire avec Ryad – sans lien avec Israël
Le développement d'un programme nucléaire civil saoudien en partenariat avec les États-Unis était déjà un projet de l'administration Biden qui l'avait lié à une possible normalisation entre Ryad et Jérusalem, mais la nouvelle administration n'a pas parlé de normalisation

Les États-Unis et l’Arabie saoudite vont signer un accord préliminaire de coopération concernant les ambitions du royaume de développer une industrie nucléaire civile, a déclaré le secrétaire américain à l’Énergie, Chris Wright, à la presse depuis la capitale saoudienne.
Wright, qui avait rencontré le ministre saoudien de l’Énergie, le prince Abdulaziz ben Salmane, plus tôt dans la journée, a déclaré que Ryad et Washington étaient sur la voie d’un accord de coopération pour le développement d’un programme nucléaire civil saoudien.
Il n’a pas mentionné un accord plus large avec le royaume, que l’administration précédente du président Joe Biden avait cherché à obtenir, et qui comprenait un accord sur le nucléaire civil et des garanties de sécurité dans l’espoir qu’il conduise à une normalisation des relations entre l’Arabie saoudite et Israël.
Wright, qui effectue sa première visite dans le royaume en tant que secrétaire d’État dans le cadre d’une tournée des États du Golfe producteurs de gaz et de pétrole, a déclaré que de plus amples informations sur un mémorandum détaillant la coopération énergétique entre Ryad et Washington seraient communiquées dans le courant de l’année.
« Pour un partenariat et une implication des États-Unis dans le nucléaire, il y aura certainement un accord 123… il y a de nombreuses façons de structurer un accord qui permettra d’atteindre à la fois les objectifs saoudiens et les objectifs américains », a-t-il déclaré.
L’accord dit « 123 » avec Ryad fait référence à la section 123 de la loi américaine sur l’énergie atomique de 1954 et doit permettre au gouvernement américain et aux entreprises américaines de travailler avec des entités du royaume pour développer une industrie nucléaire civile.
Selon Wright, les autorités saoudiennes n’ont pas accepté les exigences de la loi. Cette loi définit neuf critères de non-prolifération qu’un État doit respecter pour éviter d’utiliser la technologie pour développer des armes nucléaires ou transférer des matériaux sensibles à d’autres.
Les progrès dans les discussions avaient été difficiles auparavant parce que l’Arabie saoudite ne voulait pas signer un accord qui exclurait la possibilité d’enrichir de l’uranium ou de retraiter du combustible usé — deux voies potentielles vers une bombe.
Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane affirme depuis longtemps que si l’Iran mettait au point une arme nucléaire, l’Arabie saoudite ferait de même, une position qui a suscité de vives inquiétudes parmi les défenseurs du contrôle des armements et certains législateurs américains au sujet d’un éventuel accord américano-saoudien sur le nucléaire civil.
Le chef de l’opposition YaÏr Lapid a déclaré lundi qu’Israël doit exiger des États-Unis que tout accord nucléaire signé avec l’Arabie saoudite leur interdise d’enrichir de l’uranium sur le sol saoudien.
« Israël doit exiger de son plus proche allié, les États-Unis, que tout accord de coopération nucléaire avec l’Arabie saoudite interdise explicitement l’enrichissement de l’uranium sur le sol saoudien », a écrit Lapid sur le réseau social X.
Lapid affirme que c’était la position qu’Israël avait adoptée lorsqu’il était au gouvernement. « J’ai fait part à l’administration américaine de notre ferme opposition à toute tentative d’autoriser l’enrichissement de l’uranium au Moyen-Orient. C’est ainsi qu’il faut procéder maintenant. »