Yael Arad quitte les horreurs de la guerre pour les honneurs olympiques en Inde
La première médaillée israélienne aux J.O est devenue membre du Comité international olympique ; elle a perdu des proches lors de l'assaut du Hamas
Yael Arad, toute première médaillée olympique israélienne, a indiqué mardi qu’elle voulait utiliser son nouveau rôle de membre du Comité international olympique pour aider « à construire des ponts », et elle a évoqué avec sincérité ses sentiments d’être hors des frontières israéliennes après l’assassinat de multiples proches dans le massacre commis par le Hamas dans le sud dy pays, la semaine dernière.
Arad, qui avait remporté la médaille d’argent lors des Jeux olympiques de Barcelone en 1992 au judo, a été l’une des huit nouveaux membres à avoir intégré le comité à l’issue d’un vote pendant une réunion du CIO qui a eu lieu à Mumbai.
Toutefois, certains doutaient de son départ pour l’Inde au vu de la guerre intense qui oppose Israël et le Hamas, un conflit qui a entraîné l’annulation ou le détournement de nombreux vols.
Israël a déclaré la guerre au Hamas après que plus de 1 500 terroristes sont parvenus à s’infiltrer sur le sol israélien, le 7 octobre et ont assassiné plus de 1300 personnes, des civils en majorité – et notamment des nouveau-nés, des enfants et des personnes âgées. Ils ont aussi kidnappé au moins 199 personnes qui sont actuellement retenues en captivité dans la bande et ils ont tiré plus de 5 000 roquettes en direction des villes israéliennes.
Les frappes de représailles israéliennes qui ont visé des cibles du Hamas ont détruit des quartiers entiers et ont entraîné la mort de 2 750 Palestiniens au moins, selon le ministère de la Santé contrôlé par le Hamas, alors qu’Israël cherche à détruire le groupe terroriste. L’État juif a aussi indiqué que ses forces avaient tué approximativement 1 500 terroristes sur son territoire.
« Cela a été très difficile, a commenté Arad, s’exprimant devant les journalistes à Mumbai, après son élection. « Je suis partie de chez moi avec 900 amis, membres de ma famille, une communauté toute entière qui ont été assassinés, des innocents. Et aujourd’hui, nous comptons d’ores et déjà 1 400 personnes mortes lors d’un samedi noir dans une attaque terroriste horrible ». Des informations non-vérifiées ont laissé entendre que l’assaut du Hamas aurait finalement fait 1 400 morts.
« Je ne peux pas arrêter de penser aux 199 otages qui ont été enlevés, des bébés de quatre mois, des petits garçons et des petites filles de quatre ans », a continué Arad. « Et mon cœur et mes pensées sont donc aux côtés de toutes les familles qui ont perdu ceux qu’elles aimaient et notamment de ma famille. Nous avons perdu des cousins des deux côtés. »
« Cela a été très difficile. Mais j’ai eu le sentiment que c’était une obligation de venir ici, de montrer au monde que nous sommes encore là », a-t-elle continué. « Pour moi, servir au sein du CIO est un rêve qui devient réalité, cette idée d’intégrer ces nations ».
Arad qui, après sa carrière d’athlète, est devenue coach, femme d’affaires et administratrice dans le secteur sportif, a expliqué avoir visité des hôpitaux à son poste de présidente de la Commission olympique israélienne.
Elle a raconté que pendant une visite effectuée auprès de civils blessés dans l’assaut du Hamas, à l’hôpital, Peter Paltchik, lui aussi médaillé olympique, qui a remporté une médaille lors du championnat du monde de judo, a dit aux patients que « chaque fois que nous irons sur le tatami, chaque fois que nous nous présenterons à une épreuve, nous le ferons pour vous dorénavant. Et quand vous verrez notre drapeau sur le podium, vous saurez que nous l’avons fait en votre nom. »
Arad, 56 ans, qui arborait un ruban noir, a fait remarquer qu’elle a toujours tenté d’éviter d’afficher un esprit partisan pendant sa carrière.
« Je pense que tous ceux qui me connaissent… savent que je fais tout sans vision religieuse et politique, toujours pour l’humanité, toujours pour les gens », a-t-elle dit.
« Pourtant, dans notre petite banlieue du Moyen-Orient, ce n’est pas toujours le cas », a-t-elle ajouté, déclarant que pendant le sommet du CIO, elle avait reçu « de nombreuses étreintes, notamment de la part de mes amis du monde arabe et c’est quelque chose que j’apprécie vraiment ».
« Nous devons tirer une leçon, celle qu’il y a des gens inhumains dans le monde entier, des terroristes et des organisations terroristes », a-t-elle continué. « Mais cette organisation, le CIO, doit aussi montrer au monde qu’à travers le sport, nous construisons des ponts et nous donnons de l’espoir à de nombreuses personnes, dans de nombreux conflits à travers le monde ».
Elle a finalement conclu que si construire des passerelles étaient important, « nous devons nous souvenir que sur ces ponts que nous avons édifiés, nous ne pouvons pas permettre au terrorisme de passer. »