Yitzhak Yosef « nomme » le fils du feu rabbin de Beer Sheva comme successeur
Sans y être autorisé, l'ancien grand rabbin séfarade annonce au cimetière que le fils de Yehuda Deri assumera le rôle de son père à la tête du rabbinat de la ville du sud
Un ancien grand rabbin assistant aux funérailles de Yehuda Deri, le regretté rabbin de la ville de Beer Sheva, a profité de son éloge funèbre mardi pour déclarer que le fils du défunt prendrait la relève, dans une annonce surprise faite sans autorisation formelle, semble-t-il.
L’ancien grand rabbin séfarade Yitzhak Yosef a annoncé qu’Avraham Deri deviendrait le nouveau rabbin de la ville pour honorer les souhaits de son père, feu Yehuda Deri, frère du président du parti Shas, Aryeh Deri.
« Je sais que c’est ce que voulait le défunt », a affirmé Yosef lors des funérailles de Yehuda Deri, décédé mardi d’une infection pulmonaire à l’âge de 66 ans. « Il voulait que son fils lui succède. Nous le nommons ici, et personne ne devrait, à Dieu ne plaise, perturber cette cérémonie. Le maire de la ville est ici avec nous. Il entend ces mots ».
Yosef a quitté ses fonctions de grand rabbin la semaine dernière, lorsque son mandat de près de 11 ans est arrivé à son terme. Aucun remplaçant n’a encore été nommé, et le poste est occupé à titre intérimaire par un autre rabbin.
Bien qu’il ne soit plus officiellement le grand rabbin séfarade, l’influence de Yosef au sein de la communauté ultra-orthodoxe demeure considérable.
Ses déclarations ont été taxées de népotisme par des journalistes et d’autres observateurs en ligne, qui ont souligné que Yosef n’avait pas l’autorité pour procéder à une telle nomination.
Une source du ministère des Affaires religieuses, s’exprimant sous couvert d’anonymat, a confié au Times of Israel « qu’à titre privé, Yosef peut dire ce qu’il veut, mais qu’il n’a pas le pouvoir de décider qui sera le prochain grand rabbin de Beer Sheva ». Ces nominations sont effectuées par une commission officielle et financées par l’État.
La municipalité de Beer Sheva a indiqué au Times of Israel que le processus de sélection du rabbin de la ville était du ressort du ministère des Affaires religieuses.
Lors des funérailles, le leader du Shas, Aryeh Deri, a prononcé un éloge funèbre très personnel de son frère, sans pouvoir contenir ses sanglots.
Habituellement éloquent et calme, Deri s’est effondré à plusieurs reprises lors de son discours au cimetière de Sanhedria à Jérusalem.
« Nous étions ensemble toutes ces années. Comment as-tu pu partir, et en plus à une période si difficile pour le peuple d’Israël, » pleurait Deri.
Il a également souligné que son frère avait gardé sa maladie secrète et que personne ou presque n’en connaissait la gravité.
Des sources ont confié au journal Israel Hayom que Yehuda Deri ne voulait pas que sa maladie devienne un obstacle possible à sa candidature au poste de grand rabbin séfarade, qu’il avait annoncée au début de l’année.
En briguant le poste de grand rabbin, Yehuda Deri a également ouvert la voie à la désignation de son remplaçant au poste de grand rabbin de Beer Sheva.
Actuellement, les gouvernements locaux sont majoritaires dans les commissions chargées de sélectionner les rabbins municipaux, 50 % des voix allant aux membres du conseil municipal et au chef de l’exécutif de la municipalité, le reste étant réparti à parts égales entre les représentants de la population choisis par la municipalité et le ministre des Affaires religieuses.
Ce processus a récemment fait l’objet de troubles politiques lorsque le parti Shas a soutenu un projet de loi sur les rabbins, qui aurait considérablement étendu l’autorité du Grand Rabbinat sur la nomination des rabbins municipaux. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a toutefois décidé de retirer le projet de loi de l’ordre du jour de la Knesset sous la pression des législateurs de la coalition, compromettant ainsi son adoption par le Parlement.
Cette décision a suscité la colère du Shas, Aryeh Deri menaçant de faire tomber le gouvernement si le projet de loi n’était pas soumis au vote.
Lundi, le ministre de la Sécurité nationale d’extrême droite, Itamar Ben Gvir, a menacé de ne pas soutenir le projet de loi s’il n’obtenait pas un siège au sein du cabinet de Guerre qui supervise la guerre en cours contre le groupe terroriste palestinien du Hamas dans la bande de Gaza.
Abordant une autre question politique controversée, toujours aux funérailles, Yosef a accusé le gouvernement d’avoir récemment adopté une loi sur la conscription des membres de la communauté ultra-orthodoxe dans l’armée, conformément à l’arrêt de la Haute Cour de justice.
Yosef a imploré le défunt Yehuda Deri de prier du ciel pour le peuple d’Israël afin que « les controverses cessent et que les accusations contre ceux qui se consacrent à la Torah » cessent, entre autres problèmes perçus.
C’était une référence indirecte mais claire à la controverse entourant l’arrêt rendu le mois dernier par la Haute Cour de justice, selon lequel l’État doit enrôler les étudiants des yeshivot ultra-orthodoxes précédemment exemptés du service militaire et mettre fin au financement de leurs yeshivot si les étudiants n’effectuent pas leur service militaire.
L’ancien homologue de Yosef, le grand rabbin David Lau, qui a également achevé son mandat la semaine dernière, était également présent aux funérailles.
Il a simplement souhaité de la force à la famille de Deri et s’est souvenu de sa « grande énergie » lors des séances d’étude de la Torah.