Yom HaZikaron : L’héroïsme, les sacrifices et les lieux qui leur rendent hommage
Découvrez quelques-uns des 40 Israéliens décorés de la Médaille de la vaillance militaire et les batailles qu'ils ont livrées pour défendre le pays

Irak Suwaydan était un village arabe au nord de Gaza, situé sur une ligne de citadelles bien fortifiées, construites dans les années 1930 par les Britanniques pour se défendre des dangereuses organisations arabes.
Il contrôlait la route principale menant au Néguev, dans le sud du pays.
Le 12 mai 1948, deux jours avant qu’Israël ne devienne un État, les Britanniques remettent le fort aux mains de l’armée égyptienne.
Les forces israéliennes font huit tentatives désastreuses pour s’en emparer.
Lors de l’attaque finale – et couronnée de succès – le 9 octobre 1948, le jeune Siman-Tov Ganeh, 22 ans, conduit un véhicule blindé de transport de troupes. Un obus de canon frappe le véhicule : les jambes de Ganeh sont tellement touchées qu’il doit être amputé.
Lorsque deux autres véhicules blindés de transport de troupes sont détruits, l’ordre est donné de battre en retraite. En dépit de ses blessures, à genoux, Ganeh couvre l’évacuation avec sa mitrailleuse.
Il restera sur le champ de bataille, à bord de son véhicule, pendant près de six heures, en compagnie d’autres blessés, auxquels il administre les premiers soins et donne à boire.
Il parvient finalement à contacter un autre détachement, auquel il communique sa position et demande de l’aide.
Ganeh survivra et sera équipé de prothèses de jambes : il se mariera et fondera une famille.
Le 17 juillet 1949, 12 soldats combattants de la guerre d’Indépendance reçoivent la seule récompense militaire existant à l’époque en Israël, celle de Héros d’Israël.
Ganeh est l’un de ses fiers récipiendaires.
À cette époque, et pour 21 années encore, les soldats seront distingués pour des actes d’héroïsme sur la recommandation de leurs commandants et de l’état-major de l’armée.
Mais en 1970, le Parlement israélien adopte la loi sur les décorations, qui définit des critères précis pour les récipiendaires de récompenses militaires.
Depuis lors, la plus haute distinction militaire d’Israël est la Médaille de la vaillance, décernée pour des actes d’extrême courage accomplis lors de batailles et d’opérations militaires, face à l’ennemi.
Certains héros, comme Ganeh, déjà distingué par d’autres récompenses militaires, se voient automatiquement attribuer cette nouvelle récompense.
A ce jour, seuls 40 soldats se sont vus remettre la prestigieuse Médaille de la vaillance. Voici l’histoire de certains d’entre eux.

Le 2nd Lt Zerubavel (« Bavel ») Horowitz – Gush Etzion
Le 29 novembre 1947, les Nations Unies votent pour diviser la Palestine en deux pays distincts. Les Juifs exultent, mais les Arabes de Palestine et des pays arabes voisins refusent catégoriquement le plan de partage.

À l’époque, la seule voie de contournement entre Jérusalem et les villes côtières est une route étroite à deux voies, cernée de part et d’autre par les collines escarpées de Jérusalem.
Afin d’empêcher Jérusalem de s’approvisionner, les villageois descendent des collines chaque fois que des véhicules juifs s’approchent par la route. Ils bloquent alors la route et se cachent derrière les arbres.
Les véhicules de tête doivent s’arrêter devant le barrage routier, et les autres véhicules derrière lui. C’est à ce moment que les Arabes les attaquent, tirant sans discernement sur des hommes, des femmes et des enfants.
Très rapidement, il devient impossible de se déplacer entre Jérusalem et la côte sans blindés, et même dans ce cas, il n’est pas rare que les occupants soient blessés ou tués.
En février 1948, Jérusalem était en état de siège.
Il en va de même pour le Gush Etzion, quatre implantations juives entourées de villages arabes et coupées du reste de la Palestine juive. Elles viennent rapidement à manquer de nourriture, de médicaments et d’armes.

Fin mars, la Haganah – organisation paramilitaire sioniste, embryon de la future armée israélienne – envoie un convoi de 51 véhicules au gush chargé de fournitures, pour évacuer les blessés et les animaux de ferme affamés. Mais les animaux refusent de bouger et retardent le convoi, laissant tout le loisir aux forces arabes d’appeler des renforts et barrer la route.
Les forces juives sont prises en embuscade à Nebi Daniel, dans les environs de Bethléem.
Lorsque le véhicule de tête saute sur une mine, le convoi stoppe et essuie des tirs ennemis d’une rare férocité. La plupart des véhicules sont détruits : moins d’une dizaine parviennent à retourner dans le gush Etzion.
Le véhicule commandé par Zerubavel Horowitz, 24 ans, est piégé et isolé du reste du convoi. Frappé par des cocktails Molotov qui l’incendient, il reste sur le champ de bataille cinq long heures.
A bout d’espoir, Horowitz ordonne aux trois hommes indemnes qui l’accompagnent de s’enfuir. Et pour éviter que ses soldats blessés ne soient livrés vivants aux Arabes, Horowitz fait exploser le véhicule et meurt avec eux.

Le Capitaine Nahum Arieli – Jérusalem
En avril 1948, les 100 000 Juifs de Jérusalem n’ont plus d’eau et en sont réduits à manger des plantes.

La situation est à ce point critique que le Palmach, unité d’élite de la Haganah, reçoit l’ordre de prendre le plus dangereux des villages à flanc de colline et son poste fortifié, à savoir le tristement célèbre Kastel.
Le 3 avril 1948, une force du Palmach est dépêchée depuis sa base du kibboutz Kiryat Anavim.
Des combats d’une extreme violence font rage, jusqu’à ce que la quasi-totalité des soldats juifs soient blessés ou tués.
Lorsque Nahum Arieli, 21 ans, arrive avec des renforts, son contingent est incapable de maîtriser les hordes de combattants ennemis qui prennent d’assaut les collines.
La retraite sous un feu nourri est alors la seule option viable.
Arieli donne l’ordre à ses officiers de procéder à une évacuation ordonnée des soldats sur le terrain avant de battre en retraite.
Au cours de la descente finale, Arieli et la quasi-totalité de ses officiers sont tués par des tirs ennemis.
Le Kastel sera pris par les forces juives le lendemain.

Le soldat Yizhar Armoni – Nabi Yusha
Situé en Haute Galilée, à 375 mètres au-dessus du niveau de la mer, doté d’épais murs de béton, de fenêtres étroites et d’une cour fortifiée surmontée d’une tour à six côtés, le fort Yusha, de construction britannique, contrôle deux axes stratégiques majeurs : la route Nord/Sud qui relie Rosh Pina à Metulla et la route d’est en ouest située entre la route du nord et les implantations de Naphtali, dans la montagne.
Prendre le contrôle de la forteresse est déterminant pour l’État juif en devenir, car sans lui, les Arabes peuvent aisément isoler la Haute Galilée.
Pourtant, quand ils se retirent, à la mi-avril 1948, les Britanniques remettent la forteresse aux mains des villageois arabes.

La tentative immédiate des forces juives de prendre la forteresse échoue lamentablement.

Quelques jours plus tard, les Juifs réessaient.
Cette fois, il y a tellement de problèmes que les soldats se font immédiatement repérer. Les Arabes tirent sans discontinuer depuis les fenêtres de la forteresse et lancent des grenades, qui font un grand nombre de victimes.
L’évacuation des blessés doit se faire en plein jour par une pente raide sur un terrain aride, sous le feu incessant de l’ennemi.
Trois soldats armés de mitrailleuses sont chargés de couvrir la retraite.
Yizhar Armoni, 19 ans, est l’un d’entre eux. Il est considéré comme le meilleur mitrailleur de Galilée. Lorsque les autres mitrailleuses s’enrayent, il continue de tirer, seul, jusqu’à être abattu par une balle.
La forteresse sera finalement prise au terme d’une troisième bataille sanglante, dans la nuit du 16 mai.

Le soldat Yehuda Ken-Dror – Campagne du Sinaï
Le 29 octobre 1956, des parachutistes sont largués dans la péninsule du Sinaï.

Au bout d’une centaine d’heures et au prix de centaines de vies, ce que l’histoire retient comme la campagne du Sinaï fait que les terroristes ne s’introduisent plus en Israël par la frontière égyptienne, et que le canal de Suez, bloqué par les Égyptiens, rouvre ses voies aux navires israéliens.
Yehuda Ken-Dror, 20 ans, est l’un des parachutistes qui sautent dans le Sinaï.
Rapidement, son commandant demande un volontaire pour faire diversion et repérer les positions ennemies embusquées dans un ravin voisin.
Ken-Dror part sans plus tarder au volant d’une jeep ouverte, sous les tirs nourris de l’ennemi : il parvient à repérer les forces égyptiennes cachées dans les pentes et crêtes du ravin. Touché à l’estomac, aux jambes et aux bras, il perd le contrôle de son véhicule.
La jeep poursuit sa route. Quand elle s’arrête, Ken-Dror parvient à ramper dans un fossé. Il y est découvert, tard dans la nuit, par des camarades qui le pensent mort. Il décède le 3 janvier 1957, après des mois de souffrances.

Le soldat Moshe Drimer et Pvt. David Shirazi – Tel Faher
Pendant des années, l’armée syrienne terrorise les implantations israéliennes depuis les positions militaires situées sur les sommets du plateau du Golan, en particulier depuis la base de Tel Faher.
Le 9 juin 1967, le quatrième jour de la guerre des Six Jours, Israël décide de faire taire les armes syriennes une bonne fois pour toutes. C’est la brigade Golani, positionnée en face des hauteurs du Golan depuis 1948, qui est choisie pour mener à bien cette mission.

En raison d’une erreur de navigation, la plupart des hommes montent directement à Tel Faher et se jettent sous le feu des canons syriens qui attendent.
En compagnie de l’éclaireur de la compagnie, le sapeur de compagnie Moshe Drimer, âgé de 20 ans gravit la colline à bord d’un véhicule blindé. Lorsque le véhicule est touché et prend feu, tout le monde reçoit l’ordre d’évacuer. Tous se dispersent, à l’exception de Drimer.
Il reste à l’intérieur du véhicule en flammes et tire avec sa mitrailleuse pour couvrir la retraite de ses compagnons, jusqu’à mourir brûlé vif.

Plus de la moitié des effectifs sont tués ou blessés en chemin vers Tel Faher.
Ceux qui restent parviennent à se frayer un chemin jusqu’à une clôture de barbelés de neuf mètres de large, où ils placent des explosifs qui n’exploseront jamais.
David Shirazi, âgé de dix-neuf ans, se jette sur les barbelés pour que ses compagnons puissent traverser en marchant sur lui.
Il se saisit ensuite de la mitrailleuse d’un camarade blessé et tire jusqu’à tomber sous les balles syriennes.
Le Lieutenant-colonel Avigdor Kahalani – Vallée des larmes
Le 6 octobre 1973, l’Égypte et la Syrie lancent une attaque surprise sur Israël, connue sous le nom de guerre du Kippour.
Les chars syriens pénètrent les lignes de front israéliennes dès le premier jour et traversent le plateau du Golan.
Les réservistes israéliens dépêchés sur place parviennent à bloquer l’avancée syrienne dès les deuxième et troisième jours de la guerre. La Syrie redouble ensuite d’efforts pour percer les lignes israéliennes.

Le quatrième jour, les Syriens attaquent avec violence les hauteurs du Golan, avec dans l’idée de gagner le sud du pays en passant par le Golan. Au terme d’une bataille sanglante de 24 heures entre les très nombreux blindés syriens et la poignée de chars israéliens, la situation semble désespérée.

Le commandant du bataillon Avigdor Kahalani est envoyé dans la vallée pour tenter d’endiguer l’avancée syrienne.
Lorsqu’il demande à ses hommes de venir avec lui se mesurer à l’ennemi, il est choqué de voir qu’il est seul. Physiquement et émotionnellement au bout du rouleau, ses hommes refusent de le suivre.

Kahalani et son équipage se battent entièrement seuls jusqu’à ce que des renforts arrivent à la rescousse.

Au final, les Syriens se retirent, laissant derrière eux plus de 500 chars et véhicules blindés de transport de troupes détruits.
Plus tard, devenu membre du Parlement israélien et ministre, Kahalani a l’honneur de raviver la flamme lors des cérémonies d’ouverture de Yom HaAtsmaout.
Connu sous le nom de Vallée des Larmes, le champ de bataille sur lequel Kahalani a combattu abrite un mémorial dédié aux soldats de la 77e brigade morts au combat.
Tel Faher est aujourd’hui un mémorial grandeur nature en mémoire des hommes de la brigade Golani morts au combat, avec ses tranchées, ses explications et une vue absolument inoubliable. Le musée Golani, situé à l’ouest de Tibériade, raconte l’histoire de la fameuse brigade et le cimetière militaire de Kiryat Anavim présente un magnifique monument aux soldats du Palmach tombés près de Jérusalem en 1948.

La Flèche Noire, dans le Néguev, est un monument dédié aux parachutistes qui ont mené des opérations de représailles en réponse aux infiltrations ennemies depuis l’Égypte au milieu des années 1950.
La mémoire des parachutistes est également honorée par un impressionnant mémorial central près de Gedera.
Près de la forteresse de Nabi Yusha se trouvent des mémoriaux, un musée des plus intéressants et un charmant sentier forestier.
Chacun de ces sites commémoratifs magnifiquement conçus, et souvent très émouvants, possède au moins un guide d’information audio (il y en a cinq au musée Golani, quatre à La Flèche Noire et deux à Tel Faher).
Appelés « masbiranim » en hébreu, ce qui signifie « expliquer », ces audio-guides enrichissent considérablement la visite de ces sites et de 400 autres lieux, avec des informations et des histoires claires et passionnantes, en hébreu, en anglais et dans bien d’autres langues.
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