2 Israéliens portés disparus après l’attentat d’Istanbul seraient en sécurité
Les Affaires étrangères annoncent avec une “quasi certitude” qu’aucun Israélien n’a été blessé après le carnage déclenché par des terroristes kamikazes à l’aéroport, tuant au moins 36 personnes et en blessant 147
Deux Israéliens en Turquie sont portés disparus mais n’auraient pas été blessés dans l’attentat sanglant de mardi à l’aéroport Atatürk d’Istanbul, a annoncé mercredi le ministère des Affaires étrangères à Jérusalem.
Les terroristes kamikazes ont tué des dizaines de personnes et en ont blessé plus de 140 à l’aéroport Atatürk d’Istanbul mardi soir. Les responsables turcs ont accusé du massacre du terminal international trois membres du groupe Etat islamique.
Les diplomates israéliens qui se sont rendus à l’hôpital où les victimes avaient été admises ont annoncé qu’aucun touriste israélien n’était déclaré blessé dans l’attentat. Précédemment, immédiatement après les explosions, le ministère des Affaires étrangères israélien avait annoncé que tous ses diplomates qui étaient à l’aéroport au moment de l’explosion étaient présents et non blessés.
Mercredi matin, le ministère a annoncé dans un communiqué que deux Israéliens présents dans le pays n’avaient pas contacté les autorités, alors que les responsables continuaient à chercher de possibles victimes israéliennes touchées par l’attentat.

Cependant, il a répété avec « quasi certitude » qu’aucun Israélien n’avait été blessé dans les explosions de l’aéroport, une destination populaire et un centre de correspondances pour les Israéliens voyageant à l’étranger.
« Il n’y a pas d’information de crainte sur le statut [des deux Israéliens] », a annoncé dans un communiqué le ministère.
Il a ajouté que 130 Israéliens étaient coincés à l’aéroport, où ils ont été transférés sur des vols retour depuis l’étranger, dont 70 personnes qui arrivaient de Copenhague et 30 de Chisinau, en Moldavie.
Les explosions ont eu lieu quelques heures après la signature d’un accord entre Israël et la Turquie qui restaure des relations diplomatiques complètes après six ans de rancœur entre les anciens alliés.
Le commerce et le tourisme entre les deux pays devraient augmenter suite à l’accord de rapprochement, bien que l’industrie touristique d’Istanbul ait été brisée par une série d’attentats suicides qui ont tué plus d’une dizaine de touristes, dont quatre Israéliens.

« Selon les dernières informations, 36 personnes ont perdu la vie », a annoncé le Premier ministre Binali Yildirim, le visage grave, devant la presse sur les lieux de l’attaque, indiquant que « les indices pointent Daech » [acronyme du groupe Etat islamique].
Le ministre de la Justice Bekir Bozdag a précisé que 147 personnes avaient été blessées.
Selon les autorités, des explosions ont d’abord eu lieu à l’entrée du terminal des vols internationaux vers 22h00. Trois assaillants ont mitraillé des passagers ainsi que des policiers en faction, une fusillade a éclaté puis les kamikazes se sont fait sauter, un scénario rappelant les attentats jihadistes ayant ensanglanté Paris en novembre dernier (130 morts).
« Trois kamikazes ont mené une attaque », a indiqué Vasip Sahin, le gouverneur d’Istanbul, aux journalistes.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a rapidement exhorté la communauté internationale à une « lutte commune » contre le terrorisme, dans un communiqué.

« Cette attaque, qui s’est déroulée pendant le mois du Ramadan, montre que le terrorisme frappe sans considération de foi ni de valeurs », a dit le chef de l’Etat.
Enorme boule de feu
Le président français François Hollande a « condamné fermement » un « acte abominable » tout en appelant lui aussi à un renforcement de la coopération internationale en matière de lutte antiterrorisme.
A Washington, un porte-parole de la Maison blanche a condamné ces attaques « abominables » tout en promettant le soutien des Etats-Unis à Ankara. Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon a « condamné l’attaque terroriste » et a lui aussi réclamé une coopération internationale accrue.
L’ambassade d’Israël en Turquie a « durement condamné l’odieux attentat terroriste qui a eu lieu hier à l’aéroport Atatürk d’Istanbul et a emporté les vies de personnes innocentes. Nous transmettons nos condoléances au gouvernement turc, au peuple turc, et aux familles de ceux qui ont perdu la vie ; et nous souhaitons un prompt rétablissement aux blessés. »
İsrail, dün İstanbul Atatürk Havalimanında gercekleşen ve birçok masum insanın hayatını kaybetmesine yol açan çirkin…
Posted by İsrail Türkiye'de on Wednesday, 29 June 2016
La télévision turque a diffusé des images très impressionnantes sur lesquelles on voit un policier tirer sur un assaillant puis celui-ci, blessé, tomber au sol en actionnant sa charge.
Un grand mouvement de panique s’est emparé du terminal des vols internationaux lorsque deux violentes explosions suivies de coups de feu ont d’abord été entendues.
Des photos et vidéos diffusées sur les réseaux sociaux ont montré une énorme boule de feu à l’entrée du terminal et des membres de la sécurité en train de faire évacuer des passagers qui hurlaient dans des couloirs, pris de panique.
On voyait aussi des passagers gisant au sol.
Un photographe de l’AFP a vu des corps recouverts de draps à l’aéroport, jonché de bagages abandonnés. Des centaines de policiers et pompiers étaient sur place.
Before and after the suicide attack in Istanbul via @140journos pic.twitter.com/8GWoAd4Vws
— Mutlu Civiroglu (@mutludc) June 28, 2016
« J’attendais mon vol pour Tokyo et soudain plein de gens se sont enfuis et je les ai suivis. J’ai entendu des coups de feu et c’était la panique », a expliqué à l’AFP une Japonaise, Yumi Koyi.
Oftah Mohammed Abdullah, une femme de nationalité non précisée, raconte à l’AFP avoir vu l’un des assaillants: « Il avait une écharpe rose, une veste courte et avait caché un fusil [dessous]. Il l’a sorti et a commencé à tirer sur les gens. Il marchait comme un prophète ».
Les télévisions montraient en boucle des scènes de pagaille devant un grand hôpital proche de l’aéroport, Bakirkoy, submergé par des proches cherchant à avoir des nouvelles de voyageurs.
Yildirim a visité dans la nuit cet établissement, et s’est rendu au chevet des blessés. « Je vous présente mes condoléances », a-t-il lancé à son arrivée à l’hôpital aux gens réunis devant l’entrée, accompagné d’un imposant dispositif de sécurité, selon les chaînes de télévision.
Rebelles kurdes ou jihadistes
Le Premier ministre est arrivé d’Ankara à l’aéroport d’Atatürk quelques heures seulement après le triple-attentat.
Tous les vols ont été suspendus au départ d’Atatürk, le plus grand aéroport de Turquie et le 11e dans le monde, avec ses 60 millions de passagers en 2015.
Puis le trafic aérien a pu reprendre à partir de 03h00 locales mercredi, selon Yildirim.
Sur les réseaux sociaux, les internautes ont dénoncé la proximité présumée du régime islamo-conservateur du président Erdogan avec l’EI en Syrie voisine, une thèse toujours démentie par les dirigeants au pouvoir en Turquie.
« Les assassins que vous avez entraînés (Syrie) et tolérés commettent des massacres », a écrit notamment Fehim Tastekin sur Twitter.
Istanbul et Ankara ont été secouées depuis l’an dernier par une série d’attentats qui ont fait près de 200 morts, des centaines de blessés et créé un climat de forte insécurité.
Istanbul avait déjà été visée en janvier (12 touristes allemands tués, attaque imputée à l’EI), en mars (4 touristes tués, trois Israéliens et un Iranien, attribuée aussi à l’EI) et début juin (11 morts dont six policiers, revendiquée par les combattants kurdes).
Les attentats en Turquie ont visé des lieux touristiques emblématiques, provoquant une chute immédiate du tourisme, ou les forces de sécurité turques.
Ils ont été attribués soit à l’EI, qui n’en a jamais revendiqué aucun, soit aux rebelles kurdes, notamment aux TAK, une émanation du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK).
Raphael Ahren a contribué à cet article.